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Daniel Mourre – Infinie Finitude

Du 7 au 11 octobre 2025

Pour Daniel Mourre, travailler avec l’empreinte d’une bouche d’égout revient à convoquer la condition humaine elle-même. Cet objet duchampien devient le miroir ironique de notre civilisation industrielle, mais aussi la matrice d’une pensée archéologique : et si, dans un futur post-effondrement, ces empreintes étaient les seuls fossiles de notre passage sur Terre ? L’artiste se place à la fois dans l’instant présent et dans un temps futur, se faisant témoin et archéologue d’une civilisation condamnée par sa propre responsabilité.

Son matériau essentiel est la rouille. Vivante, instable, imprévisible, elle est le symbole de la transformation, de l’usure et du retour à l’origine. De la terre, l’Homme a extrait le fer pour en faire acier et fonte ; par la rouille, la matière retourne à son état initial. En donnant forme à ces métamorphoses, Mourre sculpte le temps, rendant visible la boucle naturelle entre création et disparition. Ses œuvres apparaissent alors comme des empreintes fossilisées d’une ère industrielle qui s’éteint, mais aussi comme un art premier réinventé, brut, fauve, archaïque, surgissant de l’après-catastrophe.

Le travail des extrêmes devient le fil rouge de son art. Antinomie entre beauté et laideur, entre ordre et chaos, entre vie et mort. Chaque pièce naît de cette tension fondamentale, révélant l’ambiguïté de notre condition et la fragilité de notre monde. Dans cette esthétique de l’opposition, Mourre ne se contente pas de montrer : il met en scène la finitude, la fin de toute chose. Car tout ce qui a un commencement porte déjà en soi sa fin.

C’est dans cette pensée que naît ce qu’il nomme depuis 2022 : le Finitisme. Contrairement aux discours philosophiques sur la « mort de l’art » qui envisagent une transformation ou une métamorphose, le Finitisme affirme une fin réelle, palpable, inévitable. Si l’Homme disparaît de par ses propres excès, ses déséquilibres et ses aveuglements, l’Art mourra avec lui. L’empreinte, dans ce cas, n’est plus seulement trace, elle est vestige d’une humanité qui s’est auto-détruite. Mourre, en travaillant ces empreintes de plaques d’égout, nous confronte directement à cette vérité : l’Art n’est pas immortel, il est indissociable de la destinée de l’Homme.

Sa démarche est aussi éthique. Refusant de produire du déchet supplémentaire, il utilise rebuts, matériaux récupérés et même ses propres déchets artistiques. Chacune de ses œuvres est ensuite humanisée : sans titre à la sortie de l’atelier, elle prend nom et identité le jour de sa vente, inscrite du nom, prénom et date de naissance de l’acquéreur. L’œuvre devient ainsi allégorie de l’Homme, intégrée à un mémorial artistique collectif, à l’image des monuments aux morts ou des stèles des grandes catastrophes.

Aujourd’hui, Daniel Mourre déploie cette vision à travers un travail reconnu et soutenu par de nombreux critiques d’art, dont Christian Noorbergen qui lui écrit une monographie et un manifeste sur son mouvement artistique créé en 2022. Plus qu’une exposition, les œuvres présentées au Centre d’art Rhodanien Saint Maur à Bagnole/Cèze constitue une traversée radicale : une mise en garde esthétique, une tentative d’archiver la fin de notre civilisation avec grâce et lucidité.

 

Daniel Mourre se tient là où peu d’artistes osent aller : au seuil. Il sculpte la fin, peint la disparition, donne forme à l’inéluctable. Son Finitisme n’est pas une théorie abstraite, mais une esthétique concrète, charnelle, qui interpelle chaque spectateur dans sa propre finitude. Ses œuvres nous renvoient cette question vertigineuse : que restera-t-il de nous lorsque l’Homme aura disparu ?

Daniel Mourre, artiste autodidacte, s’est d’abord imposé dans le domaine des arts décoratifs, participant à de nombreux salons internationaux à Paris. Lauréat du 1er Prix d’Excellence de la CMA de l’Hérault dans la catégorie métier d’art, il devient même fournisseur officiel de miroirs pour les musées Nationaux du Château de Versailles et du Musée d’Orsay. 

En 2003, il inaugure une première rupture avec son projet sur les ovoïdes, exposé et performé sur la Place de la Comédie à Montpellier, avant de rejoindre la Jeune Création Contemporaine à Drouot-Richelieu (2006-2008). Mais bientôt, son regard se détourne des formes décoratives pour s’ancrer dans une recherche beaucoup plus radicale et existentielle : la trace, l’empreinte, et plus particulièrement celles des plaques d’égout.

Ce basculement, né de l’observation des empreintes laissées par les visiteurs dans les salons de décoration, l’amène à développer un procédé personnel de propagation de la trace sur tissu. De cette révélation surgit un nouveau champ d’exploration : la bouche d’égout, objet banal et pourtant symboliquement vertigineux. Antinomique par essence, elle sépare deux mondes contraires : le dessus et le dessous, la lumière et l’obscurité, le visible et l’invisible, l’air libre et les entrailles de la ville. C’est cette confrontation des extrêmes qui fonde désormais toute sa démarche.

Centre d’art Rhodanien Saint Maur, 10 Rue Fernand Crémieux, 30200 Bagnols-sur-Cèze

Ouverture de 11h à 18h

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