Tarn

Un brin d’immensité,

Le vide entre les arbres et autres espaces profonds.

Une manière de se relier aux vivants.

« Je commençais l’ouvrage. Je traçais, à la peinture noire, sur la longueur d’une grande feuille, une ligne droite se terminant par trois points. L’ouverture était faite. Je ressentais l’espace du dessin et ma première dilatation. (…) Je persévérais, et ma réalité augmentait… » 

Il y a les marches silencieuses, les sensations, les perceptions. J’explore et ressens le lieu. Il y a les longues heures, assise, la lumière et les couleurs changeantes. J’observe et je dessine. Mon regard et mon trait ouvrent l’espace. Les limites sont repoussées. Je suis émue et mue par le vide « entre », entre les arbres, les rochers, les fleurs, les ruisseaux, les oiseaux. Rencontre intime avec les éléments en présence. Ecoute profonde. Les chants, les sons, les gestes intuitifs, un langage imaginaire émergent. S’engage un dialogue avec les formes vivantes qui me traversent. Je nomme, invente une mythologie. Le rocher me regarde. Les arbres me dansent et le vent s’en mêle.

Je défini et marque l’espace. Je collecte les éléments naturels, fleurs, branches, racines, graines, feuilles, cailloux. Je prélève la terre, l’eau, les empreintes des écorces, des rochers.

J’installe, organise et dispose dans l’espace les objets qui deviennent écritures, prières, offrandes, liens.

Geste après geste, l’espace profond du lieu se dévoile, coloré, joyeux, à la fois immense et proche. Trait après trait, tendu à la fois vers une origine et vers quelque chose de plus grand, le territoire et le dessin se confondent et deviennent lieu de célébration, de transformation et d’union.

Ma Verdier, août 2025