Zac Langdon-Pole – La dérive du monde
Du 29 juin 2025 au 25 janvier 2026 – Vernissage samedi 28 juin à 17h
Le travail de l’artiste néo-zélandais Zac Langdon-Pole propose des juxtapositions improbables : des formes hybrides qui rapprochent des échelles de temps, des matériaux et des systèmes de connaissance divergents.
Pour sa première exposition personnelle en France, l’artiste présente de nouvelles sculptures, installations et œuvres photographiques qui explorent les thèmes de la transformation, de la répétition et de la spirale de l’histoire. Tirant son titre d’un poème de William Bronk, l’exposition retrace notre désir inné d’organiser et de donner un sens à un monde en perpétuel mouvement. Du grain de sable aux corps célestes, La dérive du monde déploie de multiples trajectoires, s’intéressant au spécifique dans l’infini, ainsi qu’à la tendance de toute chose à naître et redevenir poussière
Zac Langdon-Pole a créé une installation spécifique au lieu dans le Phare, intitulée Threadsuns [Filets solaires] (2025). De fins fils de fer s’étendent en écheveaux à l’intérieur, descendant du lanterneau vitré et fixés en différents points à la structure. La forme de l’œuvre imite celle d’une toile d’araignée orbitèle, qui tisse des lignes de soie du centre vers l’extérieur et qu’elle traverse de radiales pour former une spirale.
Des centaines de prismes de verre sont attachés aux fils, projetant et réfractant la lumière zénithale dans l’obscurité inférieure. Threadsuns crée une atmosphère de ciel nocturne infini, offrant une contradiction poétique avec le phare en tant que système d’avertissement et de définition des limites.
Dans la Nef, une série d’œuvres hybrides met en relation des éléments disparates et de vastes périodes de temps. Dominant l’espace, Chimera [Chimère]1 (2024-25) est un échafaudage en acier dans lequel est suspendue une réplique en bronze d’un crâne de Camarasaurus.
L’œuvre s’appuie sur une erreur historique. L’un des premiers squelettes complets de dinosaure à être exposé dans un musée présentait en réalité le corps d’une espèce avec la tête d’une autre. Ce dinosaure composite fictif a reçu un nom et une classification taxonomique, et est ensuite entré dans la conscience culturelle au sens large. Chimera est une créature en devenir, en attente d’achèvement et qui, comme son homologue mythologique, défie toute classification.
À proximité se trouve la sculpture Cento (Plateau de Millevaches, As a River Joins the Sea / Earth Tides) [Centon (Plateau de Millevaches, Un fleuve rejoint la mer / Marées terrestres]2 (2025). La base de l’œuvre est une reproduction de la Vénus de Vienne, une copie romaine en marbre datant du deuxième siècle d’un archétype grec antérieur trouvé dans la collection du Louvre.
À la place de la tête en marbre de la déesse, une plaque de pierre contient des fossiles de poissons de près de 52 millions d’années qui semblent figés en pleine nage. Trois ballons à l’hélium en forme de poissons tropicaux sont attachés à la pierre par des rubans et des appâts de pêche, flottant délicatement dans l’air au-dessus de l’œuvre, comme des homologues forains à leurs ancêtres en pierre. Comme la forme littéraire qui a donné son nom à l’œuvre, Cento combine une série de citations, pliant les couches de temps pour créer quelque chose de nouveau.
Quatre nouveaux puzzles de grandes dimensions sont également exposés dans la Nef, la Salle des études et le Petit théâtre. Dans cette série en cours, Zac Langdon-Pole utilise deux ou plusieurs puzzles prêts à l’emploi imprimés avec des images de son choix. Des sections de chaque puzzle sont remplacées par des pièces de l’autre, créant ainsi une pollinisation croisée de l’imagerie. Dans ces dernières œuvres, la juxtaposition de deux images génère une troisième figure en négatif.
Glass Slipper I [Chausson de verre I] et Glass Slipper II [Chausson de verre II] (2025) combinent des peintures de l’Âge d’or néerlandais avec un paysage de l’Hudson River School américain alors que Fly I [Mouche I] et Fly II [Mouche II] (2025) créent une illusion d’optique en combinant une canette de Coca-Cola avec l’image infrarouge d’une nébuleuse.
Évoquant les questions d’appropriation et d’acceptation, de projection et de transformation, les puzzles parlent de la formation de l’identité en tant que construction culturelle hybride, ainsi que les capacités perceptives de l’homme et sa tendance à recréer quelque chose d’entier à partir de fragments.
Parmi d’autres sculptures, l’exposition présente Translatio Studii (Revisited) (2022), un bol en céramique reconstitué à partir de tessons de poterie de plusieurs époques, suggèrent un mouvement de connaissances à travers les cultures, la géographie et le temps. Another World Inside This One (Silver Birch) [Un autre monde à l’intérieur de celui-ci (bouleau blanc)] (2025)
est une hache en bois manufacturée et sculptée pour former un jeune bouleau délicat, un objet qui semble osciller entre ses origines naturelles et son avenir utilitaire.
L’exposition est complétée par Majuro Atoll, Marshall Islands 31.01.2019 (2019), un tirage photographique de trois mètres sur quatre dans le Petit-théâtre. L’œuvre fait partie d’une série de photogrammes créés avec du sable. Agrandis 1000 fois par rapport à leur taille originale, les grains de sable créent des taches blanches lumineuses sur un fond noir profond, ressemblant à un ciel nocturne rempli d’étoiles. L’œuvre renvoie à la sensation d’espace illimité du Phare créée par les prismes de verre, eux-mêmes composés de sable ayant subi un changement d’état.
La dérive du monde présente un ensemble d’œuvres qui vont du minéral au céleste, offrant une évolution de la matière à travers les étendues de temps. La « dérive » du titre évoque les frontières poreuses de l’identité, elle-même assemblage chimérique de parties, ainsi que la transformation d’une chose – matière, idées, identités – en une autre.
En effet, pour réaliser l’exposition, Zac Langdon-Pole s’est inspiré d’une déclaration du chimiste français Antoine-Laurent Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » . À l’instar de la nature extrasensorielle d’une toile d’araignée, les œuvres projettent des lignes en spirale, reliant des éléments disparates pour en faire un tout.
Né en 1988, Zac Langdon-Pole est un artiste néo-zélandais qui vit et travaille à Tāmaki Makaurau, Auckland. Il est diplomé de l’École des beaux-arts de l’université d’Auckland depuis 2010, et de l’Institut Städel de Francfort-sur-le-Main depuis 2015.
Son travail photographique et sculptural, réalisé à partir d’objets trouvés et manufacturés, explore l’échelle tant familiale que céleste, et interroge la notion de récit historique, sa structure et son système de valeurs.
En 2017, il a reçu le prix Ars Viva. Ses œuvres ont été exposées au Museum für Moderne Kunst Frankfurt, au Musée d’art contemporain de Montréal, au S.M.A.K à Gand, au Kunstverein Munich Allemagne, et au NTU Centre for Contemporary Art à Singapour. En 2020-21, l’exposition Containing Multitudes lui a été consacrée à la City Gallery Wellington Te Whare Toi.
Parmi ses projets récents, on compte notamment
Portals and Omens: New Work from the Collection, Toi o Tāmaki, Auckland (2024) ; Porous World, Michael Lett, Auckland (2022) ; Walls to Live Beside, Rooms to Own: The Chartwell Show, Toi o Tāmaki, Auckland (2022-2023); Lignes de fuite, CIAP Vassivière (2022) ; Splendide Mendax (avec Daniel Boyd), STATION Gallery, Melbourne (2021-2022) ; the body and its outside, Michael Lett, Auckland (2021). En 2022, Zac Langdon-Pole a été accueilli en résidence à la maison McCahon à Parehuia, Titirangi.
Centre international d’art du paysage, Île de Vassivière, 87120 Beaumont-du-Lac Tél : 5 55 69 27 27
mardi-dimanche : 14h-18h et sur rendez-vous.
- Installation, Photographie, Sculpture
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