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Thomas Boivin – Belleville

Du 13 juillet au 27 aout 2023 – Vernissage mercredi 12 juillet 2023 à 18h

2de Galerie

Pour les amateurs de photographie, Belleville évoque immédiatement un livre, le Belleville Ménilmontant de Willy Ronis, publié par la maison Arthaud en 1954 avec une préface de Pierre Mac Orlan, somptueusement imprimé en hélio comme il se doit. Ce parcours dans un Paris populaire du XIXème arrondissement de la capitale, menant des hauteurs vers la place de la République et qui fut depuis toujours terre d’accueil de nombreux immigrés et lieu de métissage, illustre bien l’approche visuelle qui prédominait à l’époque. 

Terrain de jeu de nombreux photographes, à commencer par Robert Doisneau, Marcel Bovis ou René Jacques, il fait partie de l’imagerie d’un Paris immortalisé par une « école française de photographie humaniste » des années cinquante regardées aujourd’hui avec d’autant plus de nostalgie qu’il n’est définitivement plus.

Si le quartier, qui était en très mauvais état avec de nombreux îlots insalubres à l’époque où les pionniers l’arpentaient, a été largement rénové, il reste très animé, espace de mixité et espace de rencontres possibles. C’est ce que prouve aussi le travail de Thomas Boivin dont on
perçoit immédiatement qu’il a été mené au rythme lent du marcheur en quête de rencontres, de lumières, de matières, d’espaces à cadrer.

Un marcheur aux aguets, mais qui ne vole aucune image, un marcheur prêt au dialogue pour tenter de réussir un portrait souvent énigmatique, un marcheur dont la chambre photographique est la complice en dialogue avec la lumière.

Thomas Boivin n’est ni journaliste ni documentariste. Il dresse par petites touches le portrait de son Belleville. Celui qu’il vit et ressent au gré de ses déambulations quotidiennes et des rituels qui sont les siens. Il n’a rien à voir avec la tradition de l’anecdote qui continue à séduire chez les photographes des années cinquante. On le rapprocherait beaucoup plus volontiers d’une photographie américaine contemporaine qui se confronte au réel sans se préoccuper de présupposés d’objectivité et qui rend compte de l’émotion – contenue – d’un instant, d’une rencontre, de la surprise devant une forme, devant un « petit rien ». La finesse sensuelle des gris de ses tirages, qu’il réalise lui-même, permet de faire partager ces moments légèrement étranges et qui touchent et font rêver. La plus grande force de la poésie réside souvent dans le fait qu’elle est contenue.

Christian Caujolle, Conseiller artistique

Thomas Boivin est un photographe français né à Paris en 1983.

Travaillant principalement en monochrome, Thomas Boivin documente les rues de Paris et de sa banlieue avec un sens aigu du portrait. 

Son travail comprend aussi des natures mortes et des photos plus intimes de sa famille immédiate. Son dernier livre, Belleville, a étépubliépar Stanley/Barker en avril 2022, accompagnéd’une exposition àla Fondation A. Stichting. 

Son prochain livre, Ménilmontant, paraîtra aux éditions Stanley/ Barker àl’automne 2023. Son travail peut être vu dans les collections de Neuflize OBC, la Collection Bachelot, Paris Collection, La Bibliothèque Nationale de France et la Fondation A Stichting. Thomas Boivin vit et travaille à Paris 

Thomas Boivin, Belleville
Le XIXème arrondissement de Paris est « bourré de détails comme un roman » écrivait Léon Paul Fargue en 1951. Le préfacier des plus illustres ouvrages de photographies d’après-Guerre revendiquait alors son attachement à cet ancien faubourg, maintes fois arpenté et documenté par des auteurs, fameux, comme Robert Doisneau, Willy Ronis, Marcel Bovis ou encore René-Jacques. 

Le Belleville de Thomas Boivin puise ses origines dans cette tradition-là : une même prédilection – disons-le, un même talent– pour le noir et blanc, un goût pour la déambulation dans les rues parisiennes mais surtout, une affection particulière pour ce quartier composite et populaire du 19ème arrondissement.

L’analogie avec l’histoire de la photographie française s’arrête néanmoins ici. Car c’est davantage en l’oubliant qu’en s’y référant que Thomas Boivin a pu réaliser son « portrait » de quartier alternant figures humaines, paysages et signes urbains. Sa façon de voir les choses s’inspire davantage de la photographie américaine et d’auteurs comme Mark Steinmetz, Robert Adams ou encore Judith Joy Ross qu’il cite volontiers. Et il est vrai que ses photographies illustrent une relation au monde et une expérience intime qui ont peu à voir avec l’image du Paris, pittoresque ou anecdotique, véhiculée depuis près d’un demi-siècle.

Le périmètre de son Belleville est d’ailleurs une affaire personnelle. Il dépasse les limites traditionnelles et convenues pour rayonner sur une large part du Nord Est parisien. Celles et ceux qui connaissent les hauteurs des Buttes Chaumont, le bas Belleville ou la foisonnante agora de la Place de la République, ceux-là reconnaitront peut-être des endroits, les savoureux détails dont parle Léon Paul Fargue. 

Les autres y liront une autre forme de récit qui relève de l’immersion et de l’impression, qui sonde l’atmosphère d’un décor hétéroclite et insouciant, rapporte des façades désordonnées, des recoins aux allures de friches et signale des présences végétales plus ou moins domestiquées, plus ou moins exubérantes : pas de topographie descriptive, pas de légendes ni de narration, plutôt un vocabulaire de formes, de textures et d’ombres. Comme l’explique le photographe lui-même, ses images sont davantage avec et dans Belleville plutôt que sur Belleville.

La démarche de Thomas Boivin combine rituel et intuition. Le rituel, c’est l’habitude prise, année après année, de marcher avec son appareil dans les rues de Belleville puis de poser quotidiennement sa chambre photographique, là où les gens descendent et se rejoignent, sur la Place de la République. L’intuition, c’est la manière de comprendre l’ordinaire, le quotidien qui habite et anime cet environnement. Les personnages photographiés – des passants, des habitants – semblent profiter de ce décor, s’y fondre aussi.

D’autres, au contraire, s’en détachent. Dans les deux cas, les physionomies s’exposent sans artifices et sans faux semblants. Il n’y a pas de passage en force, juste une franchise réciproque entre celle ou celui qui se trouve devant l’objectif et l’auteur derrière son appareil. Thomas Boivin ne se dissimule pas, il sait approcher ses semblables et établir la distance appropriée : à l’intelligence des lieux, s’ajoute chez lui l’intelligence des autres et de la rencontre.

La douceur de ce contact humain, lisible dans les regards, visible dans les attitudes, interpelle autant qu’elle réjouit. Elle bat en brèche l’idée qu’il serait devenu difficile de photographier ses contemporains dans l’espace public : le Belleville de Thomas Boivin redonne ainsi vie à la photographie de rue.

Michaël Houlette

Galerie Le Château d’Eau 1, Place Laganne 31300 Toulouse. Tél. 05 34 24 52 35

Du mardi au dimanche de 13h à 19h

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