Soyez bien informé !

Les incontournables

+ Récent

– Les lieux d’exposition

C’est ce que fait Infomaniak, l’hébergeur de ce site. Non content d’alimenter ses serveurs en énergie renouvelable (barrage hydroélectrique), le nouveau datacenter permet de chauffer un immeuble et bientôt un quartier.

C’est cette volonté qui permet une action de tous les jours.

Donc lorsque vous naviguez sur le site de Contemporanéités de l’art, vous contribuez à chauffer des appartements ! (regardez la vidéo)

Pierre Fauret – Zones sensibles

Du 24 octobre au 27 novembre 2025 – Vernissage vendredi 24 octobre à 18h30

L’animal comme langage

par Romain Jalabert (à partir de propos recueillis auprès de l’artiste)

L’animal, chez Pierre Fauret, n’est en aucun cas ornement, ni simple motif. Tour à tour regard, voix, masque ou miroir, il dit le monde autrement, révèle l’humain par un biais qui relève tantôt de la complicité, tantôt de la confrontation. Depuis l’enfance, cette figure animale s’impose à lui comme une évidence, une sorte de fil conducteur qui traverse le temps et désormais ses œuvres.

Formé d’abord à la médecine vétérinaire, Pierre Fauret s’éloigne finalement de sa pratique pour explorer un monde organique et mouvant, fait de métamorphoses et d’hybridations. Nourri de dessin et de sculpture, son art mêle récupération et juxtaposition, matières brutes et formes surgies de l’imaginaire. Il en ressort un bestiaire troublant, qui révèle nos pulsions de contrôle sur le vivant, nos peurs et nos dénis.

L’humour affleure souvent — un humour grinçant, déconcertant, presque inconfortable. On lui demande parfois si c’est fait exprès. Bien sûr que oui. Et ce flottement, cette ambiguïté, le réjouit d’autant plus que les enfants, au contraire des adultes, comprennent sans poser de questions.

Créer, pour Pierre Fauret, c’est jouer. Un jeu total, viscéral, presque sensuel. Une montée d’énergie, comme un fourmillement dans le corps. Et dans ce jeu, le « Je » s’invite. À travers ses bêtes il se raconte, s’expose à demi-mot. Devrait-il s’exposer davantage, puiser plus profondément dans ses propres dérives ? La question le traverse. Le dessin reste son territoire premier mais il sent qu’il pourrait aussi explorer d’autres formes, d’autres médiums encore insoupçonnés.

Car tout est matière à faire œuvre : tapis, valises, serpillières, fourchettes. Tout fait ventre. Il travaille avec ce qui l’entoure, ce qui traîne, ce qui survit.

Ses dessins muraux, auxquels la critique d’art Madeleine Filippi a consacré un texte, sont des actes. Des performances qui produisent un langage mais engagent aussi le corps, porté par le rythme d’un protocole musical. Le trait y devient pulsation, flux, expansion. Il transforme l’espace, l’habite d’un souffle animal, primitif, hybride.

Chez Pierre Fauret, le dessin n’illustre pas — il agit. Il est geste, présence, événement.

Dans le cadre de cette exposition à la Maison des Arts Pierre Fauret réalisera aussi, en plus des œuvres exposées, un dessin mural, dont voici les principes :

Les dessins muraux de Pierre Fauret, au-delà de leurs dimensions graphiques, s’inscrivent résolument dans le champ de l’art performatif, où le processus créatif devient un langage à part entière. Sa pratique, qui consiste à dessiner directement sur les murs, dépasse la simple représentation pour s’ériger en action, en événement, en une forme de communication non verbale qui invite à la rencontre et à la compréhension mutuelle.

La performativité de sa démarche trouve un écho dans les travaux de J.L. Austin, qui, dans son ouvrage « Quand dire, c’est faire », explore la dimension performative du langage. À l’instar des énoncés performatifs qui, en étant prononcés, accomplissent l’action qu’ils décrivent, les dessins muraux de Fauret ne se contentent pas de représenter, ils agissent. Ils créent des espaces de dialogue, des situations de rencontre, des moments de partage. 

Le processus créatif de Fauret est rigoureux et ritualisé. Il s’appuie sur un protocole précis, où la musique joue un rôle essentiel. La pulsation et le rythme de la musique guident son geste, l’entraînant dans une forme de transe modérée. Le dessin se développe à partir d’un point central, s’étendant et se ramifiant à travers l’espace, tel un rhizome. La réalisation de ces œuvres est une épreuve physique et mentale, nécessitant une grande concentration et une condition optimale. 

Il y a dans son geste une part d’enfance retrouvée, une transgression ludique qui rappelle les dessins spontanés sur les murs.

Les dessins muraux de Pierre Fauret ne sont pas de simples représentations graphiques. Ils sont des actes performatifs qui transforment l’espace, créent des situations et invitent à la rencontre.

Son travail se caractérise par un bestiaire hybride, où les figures animales, réelles ou imaginaires, lui permettent de commenter la nature humaine. Il explore les thèmes de l’hybridation et de la métamorphose, mêlant recyclage, assemblage et juxtaposition. Ainsi, les dessins muraux de Pierre Fauret deviennent des actes performatifs, des invitations à la rencontre et à la réflexion, où l’art se fait langage et action.

Texte de Madeleine Filippi, Critique d’art membre de l’Aica France

Né en 1963 à Saint-Girons (09), vit et travaille à Toulouse.

Dire par la figure animale est, depuis son enfance, une évidence et une permanence. Au fil du temps, certains de ces animaux, réels ou imaginés, sont devenus des éléments de son langage mais surtout des complices qui lui permettent de commenter la nature humaine. Vétérinaire de formation, Pierre Fauret développe à partir de la fin des années 90 un monde de figures organiques et animales pour lesquelles hybridation et métamorphose sont des thèmes récurrents.

Sa pratique pluridisciplinaire, articulée autour du dessin et de la sculpture, est faite de recyclages, d’assemblages et de juxtapositions. Elle engendre un bestiaire sauvage dont les personnages et les mises en scène troublantes, à l’entre-deux du connu et de l’inconnu, nous interpellent sur notre volonté de domination du vivant.

Son travail a été présenté dans des expositions personnelles et collectives telles que Vous êtes ici chez vous, et J’ai été le roi des animaux La Ligne bleue (Dordogne, 2024 et 2021), anima[L], le Carmel

(Tarbes, 2019), CARNE (Paris, 2010), Slick (Paris, 2008), St-art (Strasbourg, 2008 & 2009), Animalités, Maison des arts Georges et Claude Pompidou (Cajarc, 2005), Leçons de Choses, Palais des Evêques, (Saint Lizier, 2001) Méditerranée, hic et nunc (Monaco, 2000). Il figure dans des collections privées et publiques : Delmenhorst Stadtmuseum (Allemagne), Fonds culturel de la ville de Tarbes, Basilique Saint-Sernin à Toulouse ou Artothèque du Lot.

Maison des Arts, 8, rue des Remparts, 11100 Bages. Tél : 04 68 42 81 76 / 07 50 56 34 33

Du mercredi au dimanche de 15h à 19h ou sur rendez-vous

Je partage !