Depuis 2020, Pauline L. Boulba et Aminata Labor mènent une enquête autour de Jill Johnston (1929-2010), critique de danse américaine qui a accompagné par ses textes et ses gestes l’émergence de la post modern dance, des happenings et des mouvements féministes et lesbiens de la scène new-yorkaise des années 1960-1970. 

Son écriture expérimentale, qui s’affranchit progressivement de toute ponctuation et de toute distinction entre récit autobiographique et critique d’art, en fait une figure inclassable et encore méconnue d’une histoire de l’art et du féminisme où se mêlent indissociablement l’art et la vie, le personnel et le politique.

Performeur·euses, chercheur·euses et auteur·ices, Pauline L. Boulba et Aminata Labor n’abordent pas Jill Johnston comme un sujet d’étude clos et extérieur, mais comme une matière vivante à partir de laquelle iels ont successivement créé un spectacle, un film, une exposition et bientôt un ouvrage qui mêle traductions de textes et dessins (à paraître en 2024 chez Brook, avec Rosanna Puyol Boralevi et Nina Kennel). 

Quand les archives manquent, quand les textes sont elliptiques, quand les histoires sont parcellaires ou les droits d’auteurs inabordables, iels rejouent les scènes de danse, continuent les dialogues ou s’ajoutent dans les photos de manif, créant de vraies fausses archives et posant la question de la place de l’admiration et de la fanfiction dans la recherche et la mémoire.

Mathilde Belouali