Marion Ellena – Tu te souviens de la couleur de ma chambre ?
Du 12 octobre au 9 décembre 2023 – Vernissage jeudi 12 octobre à 18h30
Exposition dans le cadre de Résidences 1+2 2023
Marion Ellena (1992-) est une photographe née au Venezuela d’une mère péruvienne et d’un père français. Elle travaille actuellement à Marseille sur le thème de la mémoire. Sa démarche artistique s’inscrit dans un oscillement constant entre passé et présent où les photographies, témoins de souvenirs passés intimes, sont inlassablement modifiées, altérées pour en extraire leur quintessence.
Marion Ellena est l’une des lauréates de la Résidence 1+2 #2023. Son projet intitulé « Tu te souviens de la couleur de ma chambre ? », développé avec le Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA/CBI – CNRS/Université Toulouse III Paul Sabatier) à Toulouse, interroge les mécanismes de l’oubli et de la formation des souvenirs, à la lumière des recherches concernant la neurogenèse et la neuroplasticité du cerveau.
Dans un premier temps, Marion explore la plasticité des souvenirs à travers la matérialité de la photographie à partir de visuels réalisés au smartphone. Ceux-ci sont ensuite soumis à des processus d’altération à même de fixer ses souvenirs tout en révélant leur fragilité. Dans un second temps, l’artiste collecte des photographies « orphelines » trouvées dans des recycleries et des brocantes, les transformant et les réinterprétant afin de définir les contours d’une intimité collective.
L’océanique de la mémoire
Toute l’œuvre de Marion Ellena interroge l’énigme de la mémoire, et la façon dont se constituent nos souvenirs, en recomposant les éléments d’une réalité par essence fuyante. En travaillant de façon expérimentale sur la matière même de l’image, captée, trouvée, altérée, l’artiste d’origine vénézuélienne métaphorise la neuroplasticité fascinante du cerveau. En collaboration avec le Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA/CBI – CNRS/Université Toulouse III Paul Sabatier) de Toulouse, Marion Ellena s’est ainsi interrogée sur la capacité de la mémoire à se régénérer selon les environnements dans lesquels le sujet se trouve.
Mais, comment aborder le présent si notre passé est une arche flottant dans l’insaisissable ?
Où est-on vraiment si ce que nous prenons pour notre biographie visuelle est une construction éphémère de nature souvent trompeuse ?
À partir de photographies orphelines récupérées dans l’espace public ou prises avec son Smartphone, puis transférées sur papiers, avant que d’être soumises à des bains de dégradation chimique, l’artiste questionne la spectralité des images, leur précarité constitutive, comme leur capacité de rémanence, de résonnance, d’aventure. L’entreprise est à la fois métaphysique – souci de l’identité, des frontières du moi -, et profondément onirique. Par la force composite de ses images, et l’énergétique des couleurs qui les structurent, Marion Ellena vainc la possible mélancolie concernant la disparition du passé en faisant entrer le spectateur dans le monde du sublime et de la rêverie (…)
L’esthétique de l’artiste procède de la superposition et des effets de transparence, des êtres fantomatiques comme des pans de paysages en dormance.
Le photographié est dupliqué, repris, photographié de nouveau, l’acte poétique opéré ici relevant à la fois de la réappropriation et du désir de dérive.
La mémoire est une résille, une déchirure, un crâne troué.
L’exil n’est pas à déplorer, comme on aurait pu le croire lorsqu’on a perdu sa terre natale, c’est simplement un fait ontologique, la condition même de l’humain arraché dès sa naissance à l’océanique maternel.
On cherche la chaleur amniotique du passé, et l’on découvre avec Marion Ellena un avenir totalement inédit, neuf, enchanteur.
Fabien Ribery
Marion Ellena était en résidence au Centre culturel Bellegarde du 01 mars au 30 avril 2023.
Centre culturel Bellegarde 17, rue Bellegarde, 31000 Toulouse Tél : 05.62.27.44.88
Du lundi au vendredi : de 9h à 12h30 et de 13h30 à 18h. Samedi : de 10h à 13h
- Photographie
- | Publié le