Dans le cadre d’une commande pour la revue l’OEil de Palmer (Château Palmer), la photographe Marine Lécuyer a été invitée à poser son regard sur l’estuaire de la Gironde et ses îles, en relation avec un texte de l’écrivaine Chantal Detcherry. 

Habitées pendant plusieurs dizaines d’années, les îles de l’estuaire sont aujourd’hui rendues à la diversité du vivant, ainsi qu’à la puissance des éléments qui les entourent. Les photographies nées de ce projet se tournent vers la part rêvée d’un territoire sans cesse en mouvement, dans un voyage entre passé et présent, réel et imaginaire. 

« C’est une histoire d’îles, de fleuve, de terre et d’eaux mêlées. Une histoire de ciels, de vents, de vase et de contours changeants. De brèches, d’empreintes et d’effacements. Depuis le continent, rêver les îles, les observer, les absorber dans des songes emplis de présences, de couleurs et d’odeurs. 

Marcher quand le jour se lève. Au fil des marées, les pieds qui s’enfoncent dans la vase, les branches qui se déposent sur le rivage, et le courant puissant d’une eau couleur d’argile. Au milieu du fleuve, immenses comme des mondes à part, les terres habitées des eaux de l’estuaire. Hier, des femmes, des hommes et des enfants, vibrants de la sensation unique d’être une île, ensemble. Le souvenir de leurs visages fouettés par le vent dans le secret de mille vies partagées. 

Aujourd’hui, une faune ailée, galopante, fouissante, dissimulée dans l’épaisse végétation d’un archipel, ou filant dans l’ouverture d’un ciel. A la tombée du jour, le bruissement des feuilles et le murmure des pierres. Demain, la géographie mouvante d’un territoire appelé à disparaître lentement dans la mer.

C’est une histoire de souvenirs, de paysages et de lumière.
De destins liés et d’horizons partagés.
Une histoire d’estuaire. » 

Biographie | Marine Lécuyer

Née en 1986, Marine Lécuyer vit et travaille en Nouvelle Aquitaine. Autodidacte, elle développe une écriture personnelle à la croisée du réel et de l’imaginaire, principalement tournée vers l’exploration de la notion de territoire – qu’il soit géographique ou intime. Ses récits interrogent les mondes sensibles qui nous entourent, et s’articulent autour de la question de la trace, de la disparition et du souvenir, avec une attention particulière portée à nos manières d’habiter le monde, et notre relation au vivant. Des expositions individuelles et collectives lui permettent de montrer son travail dans différents festivals et lieux culturels, en France et à l’étranger.