Mabeye Deme – Golf Sud
Du 1er février au 6 avril 2024 – Vernissage jeudi 1er février à 18h
On ne sait, au premier regard, à quelle période temporelle les images de Mabeye Deme appartiennent. Sont-elles de vieilles photos usées par le temps ? Sont-elles des images contemporaines ? Pour certaines, on doute aussi du médium photographique : sont-elles des photos ou des peintures ou encore des gravures ? Ses images intriguent par leur texture.
On devine un filtre entre l’appareil et le spectacle de la rue, dont on ne sait dire s’il est temporel – l’usure du temps – ou si le filtre est un artifice matériel, mais lequel ? Le filtre, quel qu’il soit, n’empêche pas d’être en prise avec ce qui est photographié, autrement dit la rue et ses passant.e.s surgissent, elles ne sont pas dissimulées…
Le filtre ne cherche pas à cacher ou à se cacher, il instaure plutôt une pudeur qui est garante de l’intimité du rapport qui s’établit avec la rue. L’intimité est ici synonyme de tact : une manière d’entrer en relation sans s’imposer.
Sarah Mekdjian
D’origine sénégalaise, Mabeye Deme a commencé à photographier la rue dakaroise en 2014. Positionnant sa tente de deux mètres sur deux mètres au milieu des tentes de cérémonies se pliant, se dépliant et se repliant au fil des baptêmes, mariages, décès, veillés, fêtes et repas, il médiatise les scènes urbaines et les usages populaires de la rue.
Montée, remontée, démontée, la toile de la tente se déchire à force d’usure, est recousue jusqu’à épuisement et renouvellement. Les images sont elles-mêmes comme usées, abîmées par le temps. Ce sont ces accrocs que Mabeye Deme recherche et qu’il exploite pour dire l’usure du temps, les ruptures, et la distance de l’exilé avec une ville qui, familière mais distante, se dérobe toujours à son présent.
Dispositif plastique éphémère et en même temps fixe, la tente dissimule autant qu’elle rend visible. Et tandis que son tissu se découd, les relations se tissent : les personnages défilent dans le cadre établi, prennent ou non la pause, s’arrêtent pour discuter et créent le rythme du montage, depuis leur singularité.
Dans cette sorte de studio inversé itinérant et éphémère s’annihile ainsi l’antinomie de la présence et de l’absence, de l’intérieur et de l’extérieur.
Regard Sud galerie 1/3 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon Tél +33 (0)4 78 27 44 67
- Photographie
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