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Lucio Fontana – Il y a bien eu un futur. Un futuro c’é stato

Du 22 juin au 3 novembre 2024

Un historien d’art italien affirmait qu’il y avait trois artistes incontournables au vingtième siècle dans son pays, des pères fondateurs en quelque sorte : Amedeo Modigliani, Giorgio de Chirico et Lucio Fontana.

L’exposition Lucio Fontana. Il y a bien eu un futur
– Un Futuro c’è stato est née d’une conversation en 2020 avec Pierre Soulages : nous avions comparé les œuvres de ces artistes bien différents et pour autant liés par un rapport poignant, étroit, entre le temps et l’espace. Pierre Soulages a rencontré Lucio Fontana dont il admirait la singularité. Aux côtés de Joan Miró, Fernand Léger, Yves Klein, Lucio Fontana est un artiste, plus sculpteur que peintre sans doute, que Soulages voyait bien un jour exposé dans son musée. Un idéaliste.

Il n’y a pas eu d’exposition importante sur Fontana en France depuis les rétrospectives du Musée national d’art moderne Centre Pompidou en 1987 et du Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 2014. 

Celle de Rodez est conforme à notre mission de présentation de grands noms de l’art moderne : elle proposera un voyage dans l’ensemble de l’œuvre de Fontana, avant et après la Guerre, en Argentine et en Italie, une évocation de sa variété créatrice : peintures, papiers, sculptures, céramiques et installations lumineuses et spatiales. Le public découvrira au-delà des Concetti Spaziali (les concepts spatiaux), avec les Attese (les fentes) et les Buchi (les trous), un artiste figuratif et informel, un homme classique et futuriste…

L’exposition sera l’occasion de présenter dans la salle d’exposition temporaire deux Ambienti spaziali : celle aux néons aux lignes incurvées, les arabesques de la IX° Triennale de Milan de 1951 – reconstituée spécialement pour l’exposition – et celle de la Galleria del Deposito de Genève, 1967 (musée d’art contemporain de Lyon). En 1951, à Milan, Fontana travaillait en collaboration avec son ami l’architecte Luciano Baldessari et son collaborateur Marcello Grisotti : le néon voyait le jour, un médium issu de l’industrie, une source de lumière agissant émotionnellement
sur le spectateur dans un espace autre.

À la fin de sa longue expérience créative, interrogé par la célèbre critique d’art Carla Lonzi, Fontana affirme non sans satisfaction : « Il y a trente ans, on pouvait parler de futur, comme alors aujourd’hui non plus nous ne pouvons pas dire ce que sera le futur (…), cependant durant mes quarante ans d’activité, je vois qu’il y a bien eu un futur. »

Par cette expression apparemment aussi ambiguë que contradictoire, l’artiste faisait allusion à l’idée d’un renouvellement conceptuel de l’art qu’avec son œuvre, y ayant cru fortement, il avait anticipé, et qui s’était effectivement révélée au cours de ces années-là dans l’art des protagonistes des dernières générations (de Piero Manzoni à l’Arte Povera et à l’art conceptuel). L’idée d’un futur, que Fontana hérite du Futurisme, est celle d’un art finalement affranchi des catégories traditionnelles de la peinture et de la sculpture, toujours plus immatériel en tant qu’acte.

La société imaginée par l’artiste au cours des années quarante et cinquante comme le modèle d’un monde futur dominé par les conquêtes de l’espace, semble, elle aussi, avoir atteint, du moins pour partie, son but avec l’arrivée des premiers astronautes dans le cosmos au cours des années soixante.

Au moyen de son art, l’artiste s’estimait alors satisfait d’avoir eu l’intuition des éternelles contradictions entre le matériel et l’immatériel, d’avoir travaillé sur l’idée d’infini, prévoyant qu’un jour l’être humain y rencontrerait son destin.

L’exposition, dont le commissariat scientifique est assuré par Paolo Campiglio et Benoît Decron, se fonde sur le concept d’intuition du futur dans l’œuvre de Lucio Fontana, du renouvellement du statut de l’art, pour présenter un parcours singulier centré sur l’idée des oppositions dialectiques entre le matériel et l’immatériel, sur le concept d’utopie supposant un rapport contradictoire, d’attraction et de répulsion, vis-à-vis de la réalité concrète. Sculptures, œuvres sur toile et sur papier, environnements, plus de quatre-vingt œuvres seront réunies.

L’exposition prend en compte le thème du futur selon trois axes principaux du parcours de Fontana, étroitement liés : Matière-Lumière-Couleur (nature et figure, anti nature et anti figure), espace actif (Environnements et Teatrini) et Utopie (Concetti Spaziali et Fine di Dio).

La Fondazione Lucio Fontana, Milan, nous a assuré de son partenariat par des prêts importants et rares et a accompagné le suivi scientifique de l’exposition. Les partenaires principaux de l’exposition sont le Centre Pompidou – Musée national d’art moderne (27 œuvres accordées en prêt) et Tornabuoni Arte possédant une solide connaissance de l’œuvre de Lucio Fontana (galeries à Milan, Paris…). 

Nous avons par ailleurs obtenu des prêts du musée des Abattoirs de Toulouse, du musée de Grenoble, et du musée d’art contemporain de Lyon. D’autres prêts proviennent d’institutions et de fondations en France, en Italie, en Suisse : museo del Novecento, Milan, Biella, museo del Novecento, Florence, Galerie d’art moderne et contemporain, Turin…

Des collectionneurs privés nous ont confié leurs œuvres, notamment des céramiques réalisées à Albisola

Lucio Fontana – Il y a bien eu un futur.

Commissariat :

Paolo CAMPIGLIO, historien de l’art – Université de Pavie, Italie

Benoît DECRON, conservateur /directeur du musée Soulages, Rodez

Amandine MEUNIER, Responsable des collections et de la régie des expositions musée Soulages, Rodez

Lucio Fontana (1899-1968), artiste argentino-italien, débute sa carrière artistique par la céramique, puis en 1949, découvre la peinture sur toile. Alors, s’ouvre à lui une ère nouvelle, le spatialisme, dont les premières théories naissent dès 1946.

Les premières définitions du mouvement spatialiste naissent donc en 1946, à Buenos Aires, avec l’écriture du Manifeste Blanc par des étudiants des Beaux-arts. S’ensuit la publication de plusieurs textes sous forme de tracts jusqu’en 1952. 

Ce courant repose sur l’expérimentation. Tourné vers le futur, il se veut révolutionnaire. Pour cela, l’artiste spatialiste doit aller au-delà de la mimesis, c’est-à-dire de la simple représentation du réel via la figuration. Il est question de créer un art propre, éloigné de la représentation. 

Fontana est particulièrement sensible aux grands progrès qui s’opèrent dans la seconde moitié du XXe siècle et notamment la course à l’espace, la compréhension de l’univers. Selon lui, l’art est en corrélation avec le monde qui nous entoure et doit ainsi être évolutif et novateur : « On demande un changement dans l’essence et dans la forme. On demande un dépassement de la peinture, de la sculpture, de la poésie, de la musique. 

On a besoin d’un art supérieur compatible avec les exigences de l’esprit nouveau »1. Ainsi, l’art spatialiste repose sur deux principes : le temps et l’espace. Cela se traduit par un dynamisme, mouvement au sein des œuvres, créé à travers des jeux de matières, de couleurs ou de lumière. Le mouvement, par définition, est une donnée non figée et évolutive, dans le temps et l’espace.

Concetto Spaziale, La Fine Di Dio fait partie d’une série de 38 toiles, réalisées en 1963 et 1964. Ces œuvres monochromes, parfois pailletées, se caractérisent par leur forme ovale (évoquant un œuf) de même taille, et par la présence d’entailles, graffitis ou perforations. 

Les Fins de Dieu renvoient à une pensée particulière de Lucio Fontana sur la question du lien entre les sciences et la religion : « Et Dieu, c’est le néant… […] je ne crois pas aux dieux sur terre, c’est impensable. I

l peut y avoir des prophètes, mais pas des dieux. Dieu est invisible. Dieu est inconcevable. Alors, aujourd’hui, un artiste ne peut représenter Dieu avec une barbe, assis dans un fauteuil et tenant le monde entre ses mains… Voilà, même les religions doivent se tenir au courant des découvertes scientifiques… »2.

Par le terme néant, il faut entendre une absence matérielle de l’être, et donc ici de Dieu. Fontana fait directement référence à l’espace, au cosmos et son infinité, pour lui « L’infini, c’est le néant et l’éternité sur terre n’existe pas »3.

Alors, ces toiles en forme d’œuf, image de la naissance et du commencement, perforées, sont ouvertes sur le vide, l’infini néant : une façon de montrer la fin de la représentation de Dieu comme être existant sur terre. L’artiste ne nie pas le divin, mais le refuse matérialisé sur terre, car l’idée d’un dieu immortel est inconcevable scientifiquement.

Au-delà de son discours, Fontana laisse une place importante à l’expérience de chacun face à ses toiles, pour cela nous vous invitons à venir voir l’exposition rétrospective de l’artiste au musée Soulages !

1 Manifeste blanc, 1946, dans l’ouvrage Ecrits de Lucio Fontana (Manifestes, textes, entretiens), Traduction, présentation, et essai introductif par Valérie Da Costa, les presses du réel, 2013
2 « Entretien avec Carla Lonzi, 1967 » dans l’ouvrage Ecrits de Lucio Fontana (Manifestes, textes, entretiens), Traduction, présentation, et essai introductif par Valérie Da Costa, les presses du réel, 2013
3 Ibidem.

Musée Soulages, Jardin du Foirail – Avenue Victor Hugo 12000 Rodez

Septembre à juin: du Mardi au vendredi : 10h-13h et 14h-18h. samedi et dimanche: 10h-18h

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