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Vues de l’exposition, Photographies Philippe Cadu

Le temps de Giacometti (1946-1966)

Du 22 septembre 2023 au 21 janvier 2024 – Vernissage jeudi 21 septembre à 18h 

L’exposition Le temps de Giacometti aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, en co-organisation avec la Fondation Giacometti, explore de manière inédite l’art et la vie de l’artiste Alberto Giacometti dans le contexte de l’après-guerre, jusqu’à son décès en 1966.

Le cheminement d’Alberto Giacometti (1901-1966), artiste emblématique du XXe siècle, est d’une grande singularité. Dans les années 1920, il absorbe la fin du mouvement cubiste, puis incarne le sculpteur surréaliste par excellence. En revanche, après-guerre, alors que les abstractions triomphent de part et d’autre de l’Atlantique, il affirme un choix qui lui est propre, à lui et à quelques autres : celui de la figuration. Très apprécié pour ses représentations emblématiques d’une humanité à la fois meurtrie et en mutation, en phase avec la pensée existentialiste, faisant écho dans son art aux temps récents de guerre, de massacres et d’angoisse nucléaire, il trace une voie unique.

Humaniste, solitaire dans son travail, c’est aussi un homme dans son temps, un être sociable, dont la création doit être relue dans les différents contextes qui furent les siens : celui du cercle des artistes, écrivains et philosophes qu’il fréquente, de la jeune génération qui lui rend visite, de celles et ceux qui le photographient, des galeries dans lesquelles il expose et pour lesquelles il peut imaginer lui-même des scénographies, comme à la galerie Maeght en 1951. Cette exposition entend faire ressortir tous ces aspects qui répondent aux grandes questions artistiques et philosophiques qui furent celles de son époque, du surréalisme finissant à l’engagement existentialiste.

Mêlant chefs-d’œuvre, sculptures, peintures, gravures, photographies et aussi archives, elle fera pénétrer le public dans ces années 1950 élargies, essentielles pour la compréhension des mutations artistiques et intellectuelles de l’après-guerre. Cette exposition est composée essentiellement grâce à la collection de la Fondation Giacometti, qui conserve les œuvres que l’artiste a gardées avec lui toute sa vie. Elle rassemble une centaine d’œuvres dont Le Chariot (1945), 

La Cage (1950), L’homme qui marche (1960), une Grande Femme (1960), ou encore un ensemble remarquable de peintures, afin de brosser une vaste fresque de l’artiste comme un acteur du monde de l’après-guerre, par ses créations, ses liens avec le monde intellectuel et artistique, ses expositions et ses écrits.

À la fin de l’exposition, une partie contemporaine provoque des rencontres entre Giacometti et des artistes d’aujourd’hui autour de la survivance de la figure de « l’Homme qui marche », interrogeant ses chutes et ses espoirs actuels. Avec des œuvres de : Pilar Albarracin, Claude Cattelain, Esther Ferrer, Regina José Galindo, Mona Hatoum, Rebecca Horn, Hiwa K, Kubra Khademi, Éric Pougeau, José Alejandro Restrepo.

En écho à l’exposition, la présentation de E.R.O.S. (1959). Histoire d’une exposition surréaliste à travers la collection Daniel Cordier, replonge le public dans l’histoire de la huitième Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme, présentée dans la galerie de cet amateur d’art en 1959 à laquelle participeAlberto Giacometti.

À propos de la Fondation Giacometti

La Fondation Giacometti est une fondation privée reconnue d’utilité publique créée en 2003. Elle est la légataire universelle d’Annette Giacometti, veuve de l’artiste, et possède la plus grande collection au monde d’œuvres d’Alberto Giacometti, avec près de 10 000 œuvres et objets. Basée à Paris, elle est dirigée par Catherine Grenier, conservatrice générale du patrimoine et historienne de l’art.

La Fondation Giacometti a pour buts la protection, la diffusion et le rayonnement de l’œuvre de Giacometti. Elle réalise des expositions, consent des prêts en France comme à l’étranger, et organise le comité d’authentification des œuvres de l’artiste.

L’Institut Giacometti est le lieu d’exposition actuel de la Fondation Giacometti, également consacré à la recherche en histoire de l’art et à la pédagogie.

www.fondation-giacometti.fr

 

E.R.O.S. (1959)

Histoire d’une exposition surréaliste à travers la collection Daniel Cordier

Depuis leur ouverture en 2000, les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse accueillent en dépôt permanent la collection de Daniel Cordier, donnée au Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou (Paris). Ancien secrétaire de Jean Moulin et Compagnon de la Libération, amateur d’art, 

Daniel Cordier fut également galeriste de 1956 à 1964, soit « huit ans d’agitation » – selon sa propre expression. Au cœur de cette période, il accueillit dans sa galerie, en 1959, la huitième Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme, « E.R.O.S. », célébrant l’érotisme. Aujourd’hui, les Abattoirs vous invitent à replonger dans l’histoire de cet événement.

Douze ans après « Le Surréalisme en 1947 » à la galerie Maeght, l’écrivain André Breton (1896-1966), auteur du Manifeste du surréalisme (1924), et l’artiste Marcel Duchamp (1887-1968), imaginent dans la galerie Cordier une nouvelle exposition collective du groupe, sténographiée par le graphiste et architecte Pierre Faucheux (1924-1999). Le mouvement, créé en 1924, a déjà fait l’objet de sept manifestations similaires, des expositions-événements, depuis celle de 1936 organisée aux New Burlington Galleries (Londres) et dans la lignée de celle de 1938 à la galerie des Beaux-Arts, à Paris.

Dans « E.R.O.S. », André Breton se défend de traiter l’amour charnel, pour mieux célébrer le « besoin fondamental de transgression » des surréalistes : à l’image de Cordier, eux aussi sont des agitateurs. Autour d’un ensemble d’œuvres historiques du groupe, d’autres inédites ou apparentées, « E.R.O.S. » est un labyrinthe investi par Friedrich Schröder-Sonnenstern, Robert Rauschenberg, Mimi Parent et bien d’autres compagnons de jeu. Accueilli par les effluves d’un parfum aux notes « sexuelles » et la diffusion de « soupirs amoureux », le public pénètre dans un labyrinthe tapissé de velours. Au sol, une épaisse couche de sable achève d’étouffer les bruits : dans ce qui reste l’une des premières expositions-happening, tout est fait pour désorienter le spectateur, de la « Forêt du sexe » au « Repaire », en passant par la « Crypte du fétichisme ».

Aux Abattoirs, le parcours de cette évocation de « E.R.O.S » à travers la collection de Daniel Cordier regroupe certains des artistes qui y furent présents, mais aussi des œuvres contemporaines qui réactualisent son propos. Sous l’égide d’Eros qui sert de fil rouge – ou rose – à la visite, les thématiques abordées explorent les différents ressorts de l’amour, de la sensualité, du fantasme, de la violence aussi. Une première salle met le corps à l’honneur : aux côtés des Poupées de Hans Bellmer, l’évocation du Festin de Meret Oppenheim partage l’image d’un corps particulier, celui de la femme dans les représentations surréalistes. 

Du corps, on glisse au vivant dans la seconde salle, au souffle de vie commun à l’Humain et à la Nature : l’union des deux produit des œuvres où le végétal et le charnel se confondent, à la manière de la grotte tapissée de rose créée dans la galerie Cordier. L’Objet concentre dans une troisième salle l’intérêt que lui portent les membres du groupe, que ce soit dans leurs œuvres, à l’instar d’Alberto Giacometti, inventeur de « l’objet à fonctionnement symbolique », ou dans leur intérêt pour les naturalia. Cordier est également un homme de lettres : dans une dernière salle, formes et matières se conjuguent au plaisir de la lecture. Surréalistes, poétesses, universitaires ont contribué dès l’après-guerre à écrire une histoire de la sexualité et de l’érotisme : aujourd’hui, sa relecture teinte la poétique des corps d’une coloration politique.

Cet accrochage fait écho à l’exposition « Le temps de Giacometti, 1946-1966 » présentée aux Abattoirs du 22 septembre 2023 au 21 janvier 2024 et co-organisée avec la Fondation Giacometti (Paris).

Reportage photo Philippe Cadu

les Abattoirs, 76 allées Charles-de-Fitte 31300 Toulouse . Tél : 05 34 51 10 60 (accueil musée).

Nouveaux horaires du 22 septembre 2023 au 21 janvier 2024

Ouverture du mercredi au vendredi de 12h à 18h – Nocturne tous les jeudis soir jusqu’à 20h

Ouverture les samedis et dimanches de 10h à 18h

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