Ces toiles poursuivent son projet de décrire les différents états de la matière picturale très objectivement représentés tel un constat précis et distancié. 

La couleur seule, tel un objet hors échelle, se répand et semble se détacher et se libérer de son support pour obtenir une spatialisation troublante et inédite. Le dispositif d’élaboration des oeuvres fait de la peinture l’unique sujet du tableau. 

Il questionne l’identité de ce que nous voyons et percevons. C’est une constante essentielle de son travail depuis ses débuts.

À ce titre, ces travaux sont d’intérêt général.

Démarche de l’artiste

L’œuvre de Kacem Noua est intrinsèquement liée à sa pratique artistique, laquelle s’articule autour de la matière, du geste, et de la touche et des formes. Selon un processus méticuleux, l’artiste dépose une trace de peinture sur une plaque de verre, puis en photographie sous plusieurs angles, effectuant alors un choix parmi une dizaine de clichés, avant de retranscrire l’image ainsi obtenue sur la toile. Par son agrandissement et son report sur un autre support, la trace de peinture, reproduite de manière extrêmement détaillée, quasi photographique, se détache de tout contexte spatio-temporel pour devenir l’œuvre elle-même.

De la touche, l’œuvre prend alors forme, elle devient forme, se déterminant comme sujet et objet à la fois, tandis que les formes, représentées dans leurs volumes, échappent à toute logique dimensionnelle et géométrique.

Se jouant des paradoxes volumiques, brouillant les pistes entre abstraction et figuration, ouvrant les cloisons médiumniques en installant le doute quant à l’identité de ce que nous regardons, Kacem Noua nous invite, à travers ses œuvres, à « des exercices de musculation oculaire ».

Assimilées à l’art processuel, ces dernières mettent ainsi en exergue l’expérience de la création. Loin de toute prétention narrative ou transcription émotionnelle, Kacem Noua puise dans l’illusionnisme de la représentation pour interroger l’acte même de peindre et la place du sujet dans l’œuvre.

Ainsi, il explore la matière picturale, questionnant par là-même le rapport de l’artiste à la peinture et au processus de réalisation tout en nous poussant davantage à la réflexion qu’à la contemplation.