Johanna Bouvarel – Persona
Du 5 août au 2 septembre 2023 – Vernissage samedi 5 août à partir de 18h00
Le titre Persona, commun à ces deux séries : Prélude et Jean, Elie et Gustave, résulte de la mise en œuvre du doublon Jeu/Je.
Le terme de Persona venant du latin per-sonare : parler à travers, désignait le masque de l’acteur. Il signifie également le personnage ou le rôle.
Un développement de cette définition a été développé par Yung.
Ce qui est important dans ces travaux est bien le rapport à l’acteur et aux personnages.
Au travers de la série Prélude se jouent diverses saynètes, hommage au cinéma muet dans leurs propositions et inspirées aussi de certaines scènes théâtrales, mais comportant également et surtout, une large part d’improvisation.
Lors de la construction de ces images, le développement d’un projet sur la fratrie a émergé. En effet, le fait de me démultiplier m’a conduite sur le sentier des liens familiaux, notamment fraternels.
Cette série, tout comme Jean, Elie et Gustave, a été réalisée en photographie argentique. L’utilisation de la pellicule est non seulement un clin d’œil au processus créatif du film mais aussi à celui de la photographie (la pellicule ayant été inventée en 1888 par Georges Eastman).
L’avantage que m’a procuré cette technique est d’avoir pu exploiter le temps de pose long, ce qui m’a permis de pouvoir interpréter plusieurs personnages au sein de la même image.
De la multiplicité de ces personnages et de leur gémellité évidente s’est invité cet inévitable chemin vers une exploration de la famille.
C’est comme cela qu’est née l’idée de créer un album de famille fictif. Ou pas…
Partir à la recherche d’aïeux inconnus mais cependant présents, flouter la frontière entre ces personnes est une quête sur moi-même avec notamment le travestissement, les personnages et le mélange des genres.
Qui est qui?
C’est ici que se pose la définition de la Persona de Yung:
Dans sa psychologie analytique, Carl Gustav Jung a repris ce mot pour désigner la part de la personnalité qui organise le rapport de l’individu à la société, la façon dont chacun doit plus ou moins se couler dans un personnage socialement prédéfini afin de tenir son rôle social. Le moi peut facilement s’identifier à la persona, conduisant l’individu à se prendre pour celui qu’il est aux yeux des autres et à ne plus savoir qui il est réellement. Dans ce cas, la persona de Jung est proche du concept de faux self de Donald W. Winnicott. Il faut donc comprendre la persona comme un « masque social », une image, créée par le moi, qui peut finir par usurper l’identité réelle de l’individu. Alfred de Musset a quelque peu exploré ceci dans Lorenzaccio.
Mes images, de par la mise en scène, le jeu de personnages, le travestissement et le côté rétro noir et blanc, acquièrent une dimension proche du Cabaret.
En effet, dans la série Prélude, chaque image racontant sa propre histoire crée, mise bout à bout, une succession de tableaux offrant diverses saynètes présentant leur narration, tels différents numéros se succédant sur une scène de spectacle.
Par contre, au sein de Jean, Elie et Gustave, se joue davantage la notion de pose, ce qui, et de ce fait, renvoie à une certaine image de soi (trait de personnalité, statut social…), que le personnage souhaite imposer au spectateur.
Autre point prédominant dans ces travaux : celui de l’autoportrait.
Au début de ma recherche, il n’était pas censé devenir central.
Puis, il s’est imposé pour des raisons logistiques au départ, et finalement, comme étant incontournable dans le cadre de ce développement créatif, avec ce fameux album de famille en work in progress.
Johanna BOUVAREL (mars 2023)
Galerie REMP-ARTS, 14 rue des remparts, 11360 – Durban-Corbières.
Ouverte du jeudi au dimanche de 17h à 20h ou sur rendez-vous. Tél : 06 87 03 66 55
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