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Jérôme Allavena – Bronco+

Du 26 avril au 30 juin 2024

Cette exposition pensée pour la Chapelle des Dames Blanches s’inscrit dans la suite directe de l’exposition personnelle de l’artiste intitulée BRONCO qui s’est tenue dans la Galerie Houg en2022 à Paris.BRONCO+ présente ainsi en plus des peintures une série d’oeuvres produites pour l’occasion. Une vidéo (dont le son a été produit par son frère Grégory), Deux sculptures et une série de dessins (gravure laser sur bois peint) viennent maintenant augmenter ce projet explorant dans le dessin les potentialités du trait, du tracé, de ligne. 

Par une méthode de déconstruction – reconstruction, Jérôme Allavena interroge le statut, les dimensions et la temporalité d’une image et déclenchent des expériences de nouveaux points de vue qu’un premier coup d’oeil rapide ne peut décoder. “Il en va chez Jérôme Allavena d’une logique de la désobéissance. Dans cette pratique du dessin, on se méfie autant du hiératisme que de l’objet fini. Est préféré un principe de latence qui induit que les choses s’appréhendent dans la durée et l’hybridation, selon une double condition qui place le processus du côté de la modélisation. 

Là où les yeux n’ont pas de prise immédiate ne se livre pas à n’importe quelle condition. Ici le territoire du dessin est redéfini par l’intermodalité : il tutoie l’animation, la peinture, l’illustration et les nouvelles technologies pour se placer ailleurs que dans l’immédiateté du geste et intégrer des aspects qui ne lui étaient pas propres (la durée, le relief). De même que le bronco – art du rodéo ou, paranalogie, l’animal fougueux – tend à se libérer de sa gangue mortifère, la ligne est émancipée de son support. 

Et si le dessin devait être dompté comme un cheval sauvage ? Visuellement, le rendu est simultanément sobre et chaotique. D’un côté, l’oeuvre se distingue par ses qualités graphiques et ses valeurs de noir et blanc. De l’autre, les lignes s’embrouillent, en faisant apparemment fi de toute logique. Le sujet du rodéo est larvé dans des traits disparates qui se dédouanent des motifs de fleurs à fleur de toile. 

Ces fines membranes vinyliques blanches sont à peine distinctes du fond mat du support, auquel elles apportent un léger relief, détonnant avec les traits noirs issus d’un processus de morphing. Dans la technique du morphing, une image en deux dimensions se transforme en une autre image en suivant plusieurs transitions intermédiaires. 

Partant des ruades de chevaux sur le point d’éjecter leur cavalier, cette animation visuelle est mise en suspens : chez l’un comme chez l’autre, le moment est celui d’un point de bascule vers une chose autre, laquelle est potentiellement soldée par l’échec Une tectonique de l’image est à l’oeuvre puisque chaque trait initial est conservé, bien que déplacé, comme le code d’un matériel génétique ou l’os d’un squelette à reconstituer. 

Rien ne se perd, tout se transforme, dit l’adage. Toujours est-il que nous sommes tentés de prendre l’oeuvre à rebours, de retrouver l’objet connu dans ce qui se dérobe au regard ou, au contraire, de découvrir petit à petit ce qui va finalement se construire, comme un dessin de points à relier. 

Entre les possibles de l’image A et de l’image B, le choix n’est pas tranché : le processus de transformation est simplement mis sur pause. Ce faisant, une image tierce apparait, dont l’oeil n’est pas familier. Lorsque Edward Muybridge développe la technique de la chronophotographie pour décomposer le mouvement animal, en particulier celui du galop des chevaux, ce qui était jusqu’alors invisible à l’oeil humain est montré de manière linéaire sur une même plaque. 

Le principe utilisé par Jérôme Allavena serait comparable, à ceci près que la persistance rétinienne est ici nécessaire pour accéder à un état qui n’existe pas dans la nature.

Affranchis de toute synapse, les segments établissent désormais leur zone de contact dans le cerveau de l’observateur. Et cette opération n’est rendue possible que par l’espace elliptique aux deux blancs, faussement vide. Dans sa facture classique, la peinture se termine par les tons clairs, qui font avancer la forme vers le spectateur. 

C’est l’inverse qui se joue dans le dessin, qui commence par le blanc du support, pour finir par le trait. Le blanc, généralement, est appelé « réserve », c’est-à-dire qu’il « préserve » quelque chose, comme un contenant mettant de côté ce que l’on viendra chercher plus tard. La réserve de Jérôme Allavena place donc le dessin du côté du futur : il s’agit d’une épargne qui va développer son économie de manière autonome. Et l’artiste se retire car la réserve travaille seule.” 

Elora Weill-Engerer, Critique indépendante // Membre de l’AÏCA France

Chapelle des Dames Blanches, 23 quai Maubec, 17000 La Rochelle. Tél : 05 46 51 53 78

Du mardi au dimanche de 14h à 18h
et les mercredis et samedis matin de 10h30 à 12h30

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