Jean Truel – Peintres des Gouffres
Du 26 octobre au 25 novembre 2023
Jean Truel est né en 1938. Vit à Béziers.
Père aquarelliste, il est très vite initié au goût de la couleur.
Spéléologue, sa première exploration est esquissée dès 1959.
Il a exploré, le ventre de la terre au quatre coins de la planète, de la France (Bramabiau , Cerbère), à l’Espagne, en passant par le Liban, le Maroc, les Etats-Unis durant plus de 70 ans ans. Il explore encore. Et ne cesse de peindre cette oeuvre si particulière.
De ses expéditions innombrables l’homme, en voyageur infatigable, le scientifique à peint ces profondeurs: « Dans mon travail, j’entre dans les formes qui s’accomplissent, en peignant je structure le chaos. »
Ces oeuvres sont poignantes de l’écorchement de la roche. le spéléologue s’est mué en peintre de la hantise des gouffres, en peintre il organise l’infinie profondeur des mystères qui hante son imaginaire .
Peintre de ces profondeurs, il en sort la substance, afin d’arracher aux ténèbres, révélées par un éclairage de fortune, un éclat de lumière. De lumière peinte. Éclair de peinture.
De ses paysages internes de la terre il extrait des fulgurances minérales : roches peintes, de couleur écorchées. La conjugaison du geste, de la couleur montre une oeuvre de transes de ces profondeurs. « La matière de la roche, l’obscurité aveugle devient peinture, le vécu pictural est constant. »
La communion avec l’élément transcende son seul monde sensible. Il parle d’accouchement, d’accouchement et d’éclats brefs. De flaques de couleurs enroulées.
Il y a la gravité des temps du big bang dans ce travail de peintre.
La gravité des silences millénaires que la terre a gardé, et gardera de sa surface à son centre, Inatteignable. Il nous parle aussi de révélations, de révélations fantastiques de clair obscurs des plans de peintures organisées autour d’un centre inamovible, l’axe du monde, qui nous relie au grandes cosmogonies archétipales.
A l’infini cosmique du macrocosme, Jean Truel répond en infini terrestre du microcosme.
Un infini minéralisé à dimensions profondément picturales.
Les traces mémorielles de sa révélation première, sera accouché au « centre de lui même »: son atelier.
Remontées des nuits éternelles, ses notes prennent ancrage dans ce silence ….. dans cette autre matrice qu’est l’atelier. Des souvenirs décisifs sortent des couleurs primaires.
Le bleu tout d’abord, un bleu cyan, reflet du ciel et de l’eau, puis le jaune, solaire, le bleu de Prusse. Le rouge entre en contrepoint structurant l’espace. Et enfin le noir qui reste pour l’artiste la seule issue picturale de cet infinie inatteignable que sont les profondeurs.
« Les couleurs volontairement crues montrent la violence de la confrontation avec la force inébranlable de la nature parfois effrayante. »
Jean Truel peint au sol. dans un espace all over, un espace où il est entouré physiquement par sa mémoire sensorielle des profondeurs.
Ses toiles sont peintes à gestes amples, larges, enroulées, enchevêtrée, une imprécation de peinture. De grandes transparences basculent dans des empattements soutenus de graviers de roches qui entrent en résonance avec une matière plus mate, plus appuyée. Sur un registre de clairs obscurs, les oeuvres naissent de l’obscurité révélant la clarté dans la profondeur de la couleur. du chaos au chaos structuré.
A l’Espace LalLy, du 26 octobre au 25 novembre, jean Truel qui vient d’offrir une toile à la ville de Sérignan, expose une vingtaine de toiles, dont des grands formats. Ces œuvres d’atelier montrent de manière significative la rectitude de la démarche de cet artiste « sauvage , hors normes,».
Pour sa dixième exposition Reynald et Gloria Lally nous proposent une autre facette de leurs choix dans le monde de l’art contemporain. c’est la seconde fois que l’espace LALLY choisit de montrer en très peu de temps un artiste Biterrois, soulignant son éclectisme et son appartenance dans le territoire.