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Jean Messagier – Le prochain été

Du 2 juin au 3 novembre 2024 – Vernissage samedi 1ᵉʳ juin 2024

Après André Marfaing et Roger-Edgar Gillet, nous accueillons cette année les oeuvres de Jean MESSAGIER (1920-1999) lui aussi contemporain et ami de Rebeyrolle.

Messagier ce peintre presque abstrait, presque américain, et qui pourtant n’en a jamais fini avec la figure ou la figuration, se permet, dès les années 70, de convoquer des images issues de la culture populaire et de bousculer ses maîtres en citant Delacroix, Matisse, Picasso… avec une totale irrévérence.

Soucieux d’être contemporain de son époque, Messagier le sera toujours et son oeuvre, dans sa globalité, porte à la fois sa signature et l’esprit de son temps.

Ainsi, comme le souligne Gaston Diehl, critique d’art, l’artiste aboutit à cette forme si dynamique de vision instantanée suggérant une impression de nature vivante qui nous entoure, nous submerge, en nous restituant l’ambiance même ressentie, tour à tour de fraîcheur d’herbe, de chaleur ou de détente, toujours empreint de poésie et d’humour.

Parce qu’il sait admirablement varier à l’infini l’emploi des volutes colorées : ocres orangés, tourbillons de verts et de bleus, émouvante symphonie de violets… ses splendides déploiements des gammes dans des formats souvent monumentaux, ses vastes toiles aux tumultueuses torsions, en feront un chef de file du paysagisme abstrait et surtout un maître du chromatisme.

« Ce n’est pas le tableau qui compte…
c’est la peinture. »

Avec une quarantaine de peintures, sculptures et oeuvres sur papier, l’exposition n’est pas à proprement parler une rétrospective, mais tente de montrer le travail de l’artiste dans sa diversité entre 1945 et 1990.

« J’ai toujours l’envie folle de remplir les espaces d’enroulements vertigineux, éternels, répétés, démultipliés pour construire un palais dans le palais de la journée, de la nuit ou du jour, pour dédoubler la réalité, lui donner plus de force, jusqu’à l’épuisement, aller jusqu’au bout du spectacle, continuer une colline inachevée, les berges d’un fleuve, tous les sommets qui montent au ciel ou qui descendent dans les profondeurs, arroser tout cela de rosée, de parfum et de sang. »

Jean Messagier

extrait de Biographie mélangée à la bibliophilie et à bien d’autres choses

Éditions Marval, 1992

Extrait du catalogue

Joies, liberté, fêtes, sensualité, volupté… voici quelques mots parmi d’autres qui peuvent nous venir en grappes à la vue des oeuvres de Jean Messagier réunies pour cette exposition. On les trouve d’ailleurs souvent cités dans les catalogues de l’artiste ou dans ses propres écrits. 

On est aussi immédiatement interpellé par une autre caractéristique de ces oeuvres : celle d’excéder les limites dans lesquelles on pourrait chercher à la circonscrire, d’échapper aux catégories – qu’il s’agisse d’abstraction ou de figuration, de bon goût ou de mauvais goût – pour évoluer en liberté.

L’énergie qui souffle dans ces peintures associées par Messagier au printemps, fait songer au « vent du dégel » qui ouvre chez Nietzsche à l’expérience d’un « Gai savoir », à « un art espiègle, léger, fugace, divinement serein, divinement artificiel ».

Messagier est un peintre que l’on peut probablement mieux voir aujourd’hui, justement parce qu’on le regarde en dehors des catégories passées. L’artiste fut associé à l’École de Paris, cette étiquette, devenue encombrante lorsque le triomphe de la peinture américaine délégitima la scène française au début des années soixante, apparaît rétrospectivement comme bien trop étriquée pour appréhender le rapport à l’espace pictural qui se déploie chez l’artiste au cours des années cinquante. 

Peintre de la seconde moitié du XXe siècle, sa peinture dialogue avec celle de ses contemporains et l’histoire de l’art peut s’appliquer à renouer les fils de ces relations, de l’abstraction américaine et française d’après-guerre jusqu’à la figuration libre des années quatre-vingt, en passant par la remise en cause du tableau par Supports / Surfaces au début des années soixante-dix. Mais elle s’inscrit aussi dans un horizon temporel plus large qui intègre le XVIIIe siècle, comme l’avait justement remarqué Marcel Duchamp, et se projette jusque dans notre XXIe siècle comme l’artiste aimait le proclamer.

Sa peinture se révèle en effet très contemporaine. Il n’est donc pas étonnant qu’elle soit regardée aussi par des jeunes artistes qui se situent par-delà abstraction et figuration et travaillent, dans une liberté de gestes et d’associations, à une dé-définition de l’abstraction que ne renierait pas Messagier. Mais l’actualité de cette oeuvre, c’est aussi un rapport à la nature, une relation au monde, qui nous apparaît aujourd’hui avec une forme d’évidence.

Romain MATHIEU

Extrait du catalogue de l’exposition Jean Messagier, Le prochain été

Éditions Espace Paul Rebeyrolle, 2024

Espace Paul Rebeyrolle, route de Nedde, 87120 Eymoutiers Téléphone +33 (0)5 55 69 58 88

Ouvert tous les jours : 10 h à 19 h jusqu’au 31 août |10 h à 18 h à partir du 1er septembre

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