Jean Lurçat (1892-1966) s’est illustré en tant que peintre cartonnier de tapisseries mais sa créativité s’est aussi exprimée à travers la peinture, le dessin, la gravure, les décors de théâtre, l’écriture et l’illustration. 

L’artiste a également contribué au renouveau de la céramique dans les années 1950. Il compte ainsi parmi les peintres qui ont hissé au rang d’art un domaine longtemps associé à une production utilitaire, artisanale ou industrielle.

L’exposition, dont l’oeuvre céramique sera le fil d’Ariane, permet de présenter l’art de Jean Lurçat dans toute la dimension de sa diversité, selon quatre axes thématiques : la Terre, l’Eau, le Feu, l’Air

Dans le mouvement général de renaissance des arts appliqués de la fin du 19e siècle, la céramique connaît un profond renouveau grâce à une génération d’artistes qui renoue avec l’artisanat traditionnel. L’objet, comme support artistique, éveille l’intérêt de Paul Gauguin (1848-1903) qui, parmi les premiers, s’intéresse à la céramique. Séduit par la terre qui offre une matière sculpturale également propice au décor, le médium lui permet d’explorer le rapport du support à la surface. Gauguin ouvre ainsi la voie à une démocratisation des arts.

Cette tendance marque directement le cercle des artistes roussillonnais par l’intermédiaire de George Daniel de Monfreid (1856-1929) puis de Gustave Fayet (1865-1925), deux émules de Gauguin qui s’essaient à la céramique. En Roussillon, la pratique millénaire de la terre cuite, puis de la faïence, sera renouvelée par le sculpteur Gustave Violet (1873-1952). Ce dernier ouvre, en 1905 à Prades, l’atelier de céramique Sant Martí qui encourage Firmin Bauby (1899-1981) à fonder, à Perpignan en 1943, un lieu dédié à la céramique d’art, baptisé « Atelier Sant Vicens ». À partir de 1951 et jusqu’à sa mort, Jean Lurçat

y développe son propre répertoire de terres cuites décorées, tandis que Firmin Bauby y reçoit Pablo Picasso (1881-1973) en 1955, qui envisage probablement d’y produire des carreaux de faïence pour le Temple de la Paix, lequel verra finalement le jour à Vallauris.

Par l’exploration de fonds d’archives inédits, l’exposition « Jean Lurçat.

La Terre, le Feu, l’Eau, l’Air » propose de faire le point sur la production céramique de l’artiste, exclusivement réalisée à Perpignan, dans l’atelier Sant Vicens. Elle présente, avec la céramique comme fil d’Ariane, l’art de Lurçat dans toute sa richesse et plus particulièrement sous l’angle de l’homme à l’échelle des « quatre éléments ». Dans un esprit fidèle à l’univers symboliste de l’artiste, l’exposition montre comment l’artiste a abordé la céramique, espace de liberté qu’il sut enrichir par ses autres pratiques et réalisations, elles-mêmes nourries de ses rencontres avec les milieux du spectacle et de l’avant-garde artistique.

COMMISSARIAT

Pascale Picard,

Directrice et conservatrice en chef du musée d’art Hyacinthe Rigaud.

Salima Hellal,

Conservatrice en chef en charge