Écoute la forêt

Cette injonction ouvre un espace de créativité et de réflexion, une excitation poétique et philosophique. C’est l’occasion d’explorer le thème en donnant une vision, réelle ou fictive, repensée, observée ou inventée, de la forêt, du bois, des arbres…

Cette série est née du désir de retranscrire les sensations éprouvées lors de cueillettes de champignons. C’est une de ces activités physiques qui, si elle est faite avec une forte motivation,  nous ramène a une certaine animalité, fait de nous un élément organique parmi d’autres de l’écosystème forestier, nous étourdit au point de « perdre pied » tout en continuant à avancer, une sorte d’ivresse des sens et d’épuisement physique, de perte de repères.

La déclivité des sols conjuguée à l’obsession de la recherche visuelle nous met dans un état second, un étourdissement, un abandon de soi.

Le jeu consiste à retrouver à l’atelier une transposition de l’essence  de cette expérience. Dans ce travail, la vision devient aléatoire au départ par la grande proximité au tableau pour l’exécution du « dessin » initial – qui se fait au scotch de masquage – trop grossier pour se rendre vraiment compte de ce qui adviendra. 

La seconde phase ou intervient l’eau de javel (qui sur le papier gris que je contrecolle sur le support donne une couleur vert clair un peu fluo et improbable) qui demande à déplacer la toile dans tous les sens pour organiser des coulures et les aplats, comme on monte et descend les talus à la recherche du champignon espéré. 

Ensuite, c’est un peu de peinture avec huile et acrylique, sur le chevalet, avec toujours le scotch qui brouille la vue.   Puis, c’est la position couchée du tableau au sol avec l’ajout de résine par endroits, étalée avec des raclettes et de projections de peintures plus ou moins aléatoires. Là, il faut patienter jusqu’au durcissement, plus ou moins selon la température ambiante. Le temps de traverser les champs pour aller d’un bois à un autre….

Enfin. Il faut enlever le scotch, l’image apparait : la surprise est alors plus ou moins bonne, mais ce n’est pas fini… Nouvelle séance au chevalet puis de nouveau au sol pour « habiter » les arbres avec une nouvelle séance de résine. Nouvelle attente et renaissance du tableau… Parfois quelques retouches et repos.

Repos et observation de la récolte… Les arbres comme abstraction verticale, et le chaos naturel entre les lignes, l’immobilité relative des troncs et l’imprécision, le flou du végétal, du minéral et parfois de la faune qui visuellement occupent les interstices.

Une belle surprise le samedi 23 mars à 16h par ÉLOÏSE  JOY