Une exposition de Jean-Louis Bentajou, accompagnée de céramiques de Michèle Bentajou.

En parallèle, sur les cimaises de la salle de rencontres, rue Mirepoix également, Michel Dieuzaide exposera quelques-unes des photos d’ateliers d’artistes qu’il a visités dès les années 70 (Tal-Coat, Soulages, Pradal… Bentajou).

 

CE QUI FERMENTE ET LÈVE DANS UN TABLEAU reste totalement, pleinement matière. C’est pourquoi le décor trop présent de certaines expositions perturbe. Il prive la peinture de son épaisseur, de ce par quoi elle s’enracine dans des pâtes colorées, sur de la toile (et nous avec elle). 

Quel que soit l’endroit où je le rencontre, un tableau détermine le lieu. Je ne peux pas dire : « Je vais le mettre ici ou là » comme si ces endroits existaient déjà puisque c’est lui qui les fondera (tandis que le langage volète de généralité en généralité sans jamais se poser).

Dès que je dépose des couleurs sur une toile, elles dialoguent avec les couleurs alentour, quelle que soit leur matière. Le brassage est immédiat. Un tableau est avide d’un lieu, quel qu’il soit. Unique lui aussi dans ses couleurs et sa précarité de chose. Un dépôt de poussière coagulée où vient se condenser, se vérifier l’espace. Le tableau est de lui-même, enracinement (et toujours plus s’il est tableau sans image

— Une image s’accompagne toujours d’une nuée de mots qui finissent par la remplacer et s’offre à la traduction, au récit porteur de leçon).

[…]

La peinture est faite pour retrouver l’ouverture que nous avons enfouie (que nous enfouissons) sous tant de choses, de récits, de drames. Rien de semblable aux harangues des artistes vedettes qui toisent le réel où chacun de nous s’enlise. Toujours sur la scène, à jets continus d’un moi productif. Peindre, c’est tout le contraire : déblayer ce fatras pour que le visible, à nouveau, émette. J’aime ce pouvoir feutré, discret, de la peinture.

Je suis tenté de le diminuer encore jusqu’au papier, jusqu’au crayon.

Jean-Louis Bentajou

Céramiques Michèle Bentajou

La découverte de l’univers de la céramique a conduit Michèle Bentajou à l’approcher dans l’Atelier Terre Croix-Baragnon à Toulouse à la fin des années 90. Ces premières expériences dans les matières de l’art des potiers, la révélation de son extrême diversité lors de la visite des centres de céramique, enrichirent la cohabitation artistique de Michèle et de Jean-Louis Bentajou.

Michèle, disparue en novembre 2023, a laissé un atelier plein de découvertes.

 

Ateliers d’artistes. Photographies Michel Dieuzaide

Durant ses vingt années parisiennes, audelà de son travail de photographe, Michel

Dieuzaide se consacra également à la réalisation de films, sur les peintres. Tantôt pour Arte, tantôt pour la 3, ces témoignages restent encore aujourd’hui, les traces d’une époque révolue, où la télévision, n’ignorait pas totalement les créateurs de son temps.

Ainsi Olivier Debré peignant le rideau de la Comédie Française, Pierre Soulages débutant ses peintures de l’outre noir, ou Tal-Coat immergé dans ses toiles. Ce sont quelques images de ces différents tournages qui seront ici présentées.

Michel Dieuzaide

 

Jean-Louis Bentajou vit et travaille dans le Volvestre. Professeur de philosophie aujourd’hui à la retraite, il ne cesse de peindre, de travailler la couleur.

Car c’est la recherche toujours plus intense des aspects, des formes, des visages de la couleur qui meut le pinceau de cet artiste, que la librairie a exposé à de nombreuses reprises. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres de réflexion sur la peinture, dont trois ont été publiés par Ombres blanches.

Les éditions de l’Atelier contemporain, en co-édition avec la librairie, font paraître début mars un nouveau recueil d’écrits sur l’art de Jean-Louis Bentajou.