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Jean Cazelles – Nuits Argentiques & Transistors

Du 10 février au 13 mars 2024 – Vernissage samedi 10 février de 10h à 12h

Ces photographies que le philosophe et docteur en esthétique des arts Marc Tamisier qualifie de « sur-réelles », s’inscrivent dans la suite d’une démarche créatrice au très long cours ; une aventure qu’il a su booster par des mots bienvenus, à l’heure du doute, de la fatigue et du découragement.

Il mérite toute ma gratitude.

Comme l’ensemble de mes œuvres souvent exposées et éditées sous le titre « Méprises & Faux-semblants », cette digression photographique est le fruit de surprenants télescopages et paradoxes. Moins fortuits certes, mais dessins d’un cheminement conçu et prémédité, les entremêlements ici organisés successivement autour de quatre cartes électroniques distinctes, permettent aux nouvelles images de franchir un pas de plus, aux antipodes de la spontanéité et de l’instant décisif cher à Cartier-Bresson !

Sans gommer le réel énonciatif ni vraiment le mettre en défaut, l’intercesseur photographe d’hier, devenu arpenteur de l’invisible, se plait à bousculer ici d’autres certitudes d’où l’ambivalence et la polysémie de ces images que l’on croit connaître, ou reconnaître, emporté dans l’imaginaire photographique du microcosme au macrocosme.

Après plus de cinquante-cinq ans d’une pratique toujours un peu rebelle, ma relation au médium photographique est devenue si fusionnelle, que l’adversité constructive qui pimente l’acte créatif finit par compter tout autant que l’exaltation que donne naturellement son aboutissement.

Je parle bien sûr de mon approche singulière d’une photographie « définitivement » argentique ! Ce procédé spécifique qui a toujours généré chez le nostalgique du geste pictural que je suis, le besoin récurrent de courtiser le support, me permet aujourd’hui d’aspirer à de riches ailleurs insoupçonnés en prenant à revers l’objectivité originelle et supposée de la photographie.

Ainsi affranchi de toute fidélité, je porte volontiers la densité plastique à son paroxysme, quitte à rendre mes photographies très obscures au risque de noircir le tableau ; mais chacun sait que la matière noire originelle n’est pas de même nature que l’obscurité physique, simple absence de lumière. C’est elle au contraire qui abrite l’information lumineuse qu’il reste à extraire finement pour échafauder la magique illusion ; la très éphémère illusion !

Peu enclin à conceptualiser, avec « Nuits argentiques et transistors », je ne fais que redistribuer les rôles (in)habités d’une inépuisable parade photogénique et dire la vulnérabilité du regard, ici dupée par le trompe l’œil et la subtilité à la fois insidieuse et merveilleuse de La Lumière.

Jean Cazelles

 

À PROPOS DES PHOTOGRAPHIES DE JEAN CAZELLES ET D’UNE CARTE A PUCE…

Les réseaux sociaux, comme Facebook ou Instagram, permettent de voir des photographies que l’on n’aurait jamais rencontrées. Encore faut-il en prendre le temps. Encore faut-il ralentir le « scrolling » de l’index sur la surface du « smartphone ». Pour beaucoup d’images, la rapidité du défilement n’est pas gênante : on reconnaît de quoi il s’agit, on apprécie le degré de maîtrise des codes de la belle photographie, cela va très vite, et on like… ou pas. Pour d’autres, en revanche, un arrêt est vraiment nécessaire. Elles demandent du temps et, lorsqu’on le leur accorde, elles s’en emparent. On ne les voit plus, on se met à les regarder.

Peut-être qu’un peu d’écriture permet de produire cet arrêt, il semble en effet que, par habitude, on « scrolle » moins facilement un texte. Alors, voilà, ces quelques lignes parlent des photographies de Jean Cazelles.

Pour bon nombre, elles se tiennent au croisement de l’irréel et de la réalité. La poésie des ombres, des gris plus ou moins charbonneux, des lumières qui tranchent ou qui s’estompent mollement, des lignes de contraste, des recoins masqués et des dévoilements, d’un côté ; de l’autre cette toute petite part de « chose réelle » : une bâche de plastique, un fil de fer, un gravât et puis la glèbe du Rouergue, les ruines de la mine… Celui qui regarde se tient là, au carrefour et son regard est pris, saisi, emporté dans l’imaginaire photographique, un peu comme Robert Johnson au carrefour du blues.

Dans d’autres photographies, comme celles qu’il vient de créer à partir d’une carte à puce, Jean Cazelles franchit un pas de plus : il convoque le surréalisme, cet art dont André Breton s’était fait le héraut et qui dit que ce que l’on tient pour réel ne l’est pas, qu’il est superficiel et qu’il faut aller chercher la sur-réalité, la réalité véritable. Car que voyons-nous ? Une carte à puce ? Réellement ?

Non, nous voyons un monde que l’électronique ordonne, dont elle impose les horizons, la géométrie, les lieux visibles et ceux qui doivent rester dans l’ombre, le haut le bas et la glèbe du silicium. Et telle est bien la sur-réalité, la réalité véridique. La photographie de Jean Cazelles, comme l’art d’André Breton, affirme ici sa dimension politique, car la poésie réelle est nécessairement politique.

Voilà, alors, à l’heure où le physicien demande une révolution poétique, ce petit texte voulait juste dire qu’il est réellement nécessaire d’arrêter le « scrolling » et de regarder les photographies de Jean Cazelles.

Marc Tamisier – juillet 2022

La Fontaine Obscure Espace photographique – 24 Av Henri Poncet – 13090 Aix-en-Provence

Du mardi au vendredi de 15h à 19h et le samedi de 10h à 12h

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