Jacques Rougerie – Habiter avec la mer
Du 9 mars au 12 mai 2024 – Vernissage samedi 9 mars à 11h30
En 2024, la villa Noailles traite de l’influence de la mer sur l’architecture en consacrant une exposition monographique à Jacques Rougerie, architecte français de renommée mondiale, académicien, spécialisé dans le domaine des habitats marins, sous-marins et littoraux. Il y a 3,8 milliards d’années, la vie a commencé sous l’eau. Jacques Rougerie nous invite à y retourner.
Les mers et océans recouvrent 71% de la surface du globe. Jacques Rougerie se déclare “mérien”, en opposition au terme terrien et décentre ainsi l’architecture de la gravité terrestre pour la poussée d’Archimède. Depuis le début des années 1970, cet architecte océanographe, persévérant, conçoit des habitations sous-marines mériennes en collaboration avec des océanographes, des biologistes et des ingénieurs. Les projets de Jacques Rougerie s’ancrent dans de solides prospections scientifiques : il ne s’agit pas d’utopie, mais bien d’anticipation. Ses recherches consacrées aux similitudes entre la vie et les technologies du monde de l’espace et du monde sous-marins, le conduisent à concevoir également des architectures dédiées à l’espace et à la Lune.
Il teste lui-même les prototypes d’habitats sous-marins qu’il réalise en recourant à tous les moyens possibles et innimaginables. Il vit avec la mer et sous la mer. Il participe même au record du monde dans un habitat sous-marin durant 71 jours aux USA, en 1992. La mer est son mode de vie ; il souhaite le partager. Son projet mérien s’élabore à toutes les échelles, celle du corps, du vêtement, de l’habitat et de l’urbanisme sous-marins.
Qu’elles soient sur ou sous l’eau, les architectures de Jacques Rougerie déplacent le référentiel d’une architecture vouée à l’attraction terrestre. Ainsi, structures, programmes et imaginaires deviennent inédits. Ici, l’architecture flotte et souvent s’immerge. Aller sous l’eau ne signifie pas s’éloigner du monde. Bien au contraire, c’est être dans un monde qui n’est plus taillé à l’échelle humaine. Complices de la biodiversité, la faune et la flore des mers, ces projets d’architecture bio inspirée sont éclairés par une nouvelle diplomatie du vivant.
Son projet l’Archéoscope pensé pour le Golfe de Giens à Hyères, les Aquabulles pour les îles des Embiez, la maison sous-marine Galathée pour Osaka ou encore le projet phare SeaOrbiter : Station Internationale Océanique, à l’instar de la Station ISS, sont autant de réalisations internationales aux noms énigmatiques qui sont présentées à la villa Noailles. Leurs formes, inspirées des caractéristiques du vivant, représentées à la manière de bandes-dessinées, évoquent la science-fiction dans son sens le plus direct : une fiction scientifique où les humains ont quitté la Terre pour une vie liquide ou spatiale.
En 2009, il crée la Fondation Jacques Rougerie à l’Institut de France, abritée à l’Académie des beaux-arts. À travers son Concours international d’Innovation et d’Architecture annuel dédié au devenir de l’aménagement du littoral, des habitats sous-marins et spatiaux, la Fondation soutient les projets de jeunes architectes, ingénieurs et designers. Jacques Rougerie donne des conférences dans le monde entier sur l’architecture prospective, en conjuguant Arts, Sciences, Technologies et Nature.
À travers une sélection de projets, les commissaires, retracent le parcours de Jacques Rougerie, depuis ses premières expériences, des années 1970 jusqu’au techno-enthousiasme des années 2000 et dans une continuité avec Sophie Rougerie et Emmanuel Dujardin à travers leur Agence d’Architecture Rougerie + Tangram. Ils sont notamment les architectes de la Marina Olympique à Marseille pour les JO 2024.
L’exposition présente de nombreux dessins originaux provenant des archives personnelles de Jacques Rougerie, certains présentés pour la première fois, ainsi qu’une collection de ses maquettes dont celle d’un village sous-marin empruntée aux collections du Centre Pompidou. Par ailleurs, l’habitat sous-marin Aquabulle, qui a été expérimenté à de nombreuses reprises en Méditerranée, notamment au large de Hyères, est présenté sur le parvis de la villa Noailles.
Un catalogue est spécialement édité avec des textes de Jacques Rougerie et les contributions de MBL architectes et Emmanuelle Chiappone-Piriou, architecte et historienne.
Villa Noailles, 47, montée Noailles – 83400 Hyères Tél : +33 4 98 08 01 98
- Arts Plastiques, Photographie
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