Jacques Lacarrière, Gérard Macé – Deux écrivains photographes & Julie Picard
Du 28 mai au 29 juin 2025 – Rencontre/vernissage avec Gérard Macé
mercredi 28 mai 2025 à 18h, 3 rue Mirepoix
Julie Picard Café Côté Cour – Vernissage vendredi 30 mai 2025 à 18h00
Voici quarante et quelques années que Georges Monti conduit un des catalogues les plus indépendants de l’édition, guidé seulement, comme il le dit, par le goût des livres, l’amour de la littérature et la confiance peut-être un peu désuète dans la portée politique du langage.
À quoi il convient d’ajouter le désir d’ouvrir les yeux de ses lecteurs en les poussant harmonieusement des lettres aux images. Peut-être saura-t-il, lors de l’un des deux rendez-vous de ce printemps en compagnie de sa maison, Le Temps qu’il fait, nous dire pourquoi et comment le goût de la photographie lui est venu.
Une chose est sûre, nous sommes attachés, à Ombres blanches, à montrer le travail des artistes de cette maison, dessinateurs comme Fred Deux, écrivains (et photographes) comme JeanLoup Trassard, photographes comme Jean et Michel Dieuzaide ou comme Denis Brihat. Des artistes que nous affectionnons, autant que nous aimons partager depuis quarante ans avec Georges Monti un territoire commun à nous tous, lecteurs, libraires et éditeurs.
Une maison, un mois, deux écrivains, deux photographes.
La Grèce de Jacques Lacarrière
Jacques Lacarrière (1925-2005) a découvert la Grèce en 1947 avec le Groupe du théâtre antique de la Sorbonne, avant de séjourner plusieurs mois de 1950 en Crète et au Mont Athos et d’y retourner constamment de 1952 à 1966.
En 1957, les éditions Seghers publient son premier livre Mont Athos, Montagne sainte pour la réalisation duquel il se fait photographe.
Ses nombreux livres, dont plusieurs sont consacrés à sa terre d’élection, lui valent une véritable reconnaissance qui se transformera en succès considérable avec son essai L’Été grec (Plon, collection » Terre humaine »). Écrivain voyageur, grand marcheur, poète et traducteur, il est l’auteur, entre autres, de Promenades dans la Grèce antique (1962), Les Gnostiques (1973), Chemin faisant (1977), Le Pays sous l’écorce (1980), Marie d’Égypte (1983), Ce bel aujourd’hui (1989), Dictionnaire amoureux de la Grèce (2001)…
Il a donné, en 1995 aux éditions Le temps qu’il fait : Visages athonites (textes et photographies).
« Jamais je n’ai ressenti la photo comme une activité parallèle, secondaire ou adjacente à l’écriture, mais comme une activité entièrement autonome. Autonome et adulte. […] L’idée ne m’est donc jamais venue que la photo, par exemple, pourrait servir à illustrer mes textes personnels. Un texte abouti n’a besoin ni de commentaires ni d’illustrations. La photo, par contre, peut éventuellement appeler un texte, non pour la compléter mais pour l’accompagner… » (Jacques Lacarrière)
Gérard Macé Double vue
Auteur d’une œuvre inclassable et éclectique qui embrasse la poésie, la fiction, l’essai et la photographie, Gérard Macé (né en 1948) témoigne dans ses textes d’une vision unique, profondément animée par le vivant et mêlant invention, rêverie et souvenirs.
D’une plume onirique, il interroge les liens complexes unissant l’homme au monde vivant, générant d’infinies résonances. Grand prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
Aux éditions Gallimard (collection « Le Chemin », puis collection « Le Promeneur »), il a publié depuis 1974 des proses narratives et poétiques, comme Bois dormant, Le Dernier des Égyptiens, la série intitulée Colportage, mais aussi des poèmes et plusieurs volumes de Pensées simples.
À l’image poétique, il ajoute l’image photographique à partir de 1997, comme en témoigne La photographie sans appareil, Mirages et solitudes, Éthiopie, le livre et l’ombrelle, La couleur est un trompe-l’œil ou Chefferies bamiléké, tous parus aux éditions Le Temps qu’il fait. C’est une part de ses images photographiques que Gérard Macé va nous donner à voir.
Couleur, Noir et blanc, habiteront les murs de la galerie durant les cinq dernières semaines du printemps. Gérard Macé saura prolonger son regard de photographe par les mots de l’écrivain lors de la rencontre qui prolongera le vernissage, le mercredi 28 mai à 18 h. Une occasion de parler de ses livres, et particulièrement de Bibliothèque tournante (Le Temps qu’il fait 2024).
« J’ai appris à aimer cet art débarrassé du labeur : le premier des arts modernes, inaugurant une ère où l’œil a plus d’importance que la main. Au point que plusieurs fois, ces temps derniers, j’ai rêvé que je photographiais les images de mon rêve ; et je me souviens, au réveil, de cette étrange impression d’avoir voulu arrêter le défilé nocturne et coloré des images, en vain bien entendu.
J’ai réellement vu les images que je propose ici. Elles étaient toutes prêtes, il suffisait de les cueillir. Je veux dire par là qu’elles ne sont jamais le résultat de collages, de superpositions, encore moins d’un travail à l’ordinateur. On s’en passe d’ailleurs fort bien, car la réalité est généreuse, et se prête souvent à la transformation d’une vue en image, pourvu que l’esprit soit préparé.
Comme tout le monde j’ai vu la nature imiter l’art, au Japon ou ailleurs, et j’ai cru reconnaître des images de rêve à la surface de l’eau, qui trouble la vue en donnant le vertige.
Le réel étant inséparable de ses représentations, j’ai joué avec les changements d’échelle et la couleur, non pas parce qu’elle serait plus réaliste, mais parce que sa perception étant arbitraire, elle accentue à sa façon cette fausse ressemblance, ce décor en trompe-l’œil dans lequel nous faisons de la figuration, intelligente les jours fastes. » (Gérard Macé)
Julie Picard Dissolutions
Du 27 mai au 28 juin 2025
Café Côté Cour – Vernissage vendredi 30 mai 2025 à 18h00
Artiste active depuis le tournant du millénaire, Julie Picard vit à Québec au Canada. Son travail a été présenté dans plus de 40 expositions au Canada, en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne, en Pologne, au Liban et au Maroc. Lauréate de plusieurs prix et bourses, ses œuvres font partie de collections privées, institutionnelles et muséales. La monographie Mettre sur papier publiée en 2015 présente un corpus d’œuvres de 1998 à 2014.
En sol français, Julie Picard fut artiste invitée en résidence de 3 mois à la Cité internationale universitaire de Paris (2006), et en résidence d’un mois à La Napoule Art Foundation (2023). Elle a exposé en collectif dans La Chapelle de la Condamine, Le Vigan (2012), à la galerie-papeterie Calligrane à Paris (2024) puis au Centre d’art contemporain de Meymac (2024), un centre labellisé d’intérêt national situé dans le Limousin.
Sa démarche écoresponsable assumée s’oriente autour de la récupération de matériaux. En particulier, elle s’intéresse au papier trouvé. Son processus de récolte de la matière papier convoque des références à l’histoire de l’art telles que le glanage, l’arte povera, le ready-made et les affichistes, oscillant librement entre l’archivage et l’archéologie dans cette ère du Molysmocène dont nous sommes à la fois témoins et parties prenantes.
Par divers procédés de ponçage, de trempage et autres altérations des papiers dans l’eau, l’artiste intervient sur la textualité imprimée, la typographie et les encres colorées et propose une relecture sociale, poétiques et politiques.
Pour la Librairie Ombres blanches, sortant tout juste d’une résidence au centre culturel Bellegarde, Julie Picard réunira des œuvres antérieures et inédites sur papier dans l’exposition Dissolutions, qui questionne l’acte de laisser sa trace, procédant à l’écriture et l’effacement simultané de récits personnels et collectifs.
Librairie Ombres Blanches, Galerie & Salle de Conférences, 3 Rue Mirepoix, 31000 Toulouse
Du mardi au vendredi : 14h-19h. Samedi : 10h-13h / 14h/19h
- Photographie
- - Publié le