HR Giger – Surréaliste noir
Du 20 avril au 28 juillet 2024 – Vernissage vendredi 19 avril à partir de 18h30.
Dans le cadre du centième anniversaire de la naissance du mouvement surréaliste
Peu de créateurs contemporains suscitent la même fascination que celle exercée par H.R. Giger (1940-2014), figure mythique du monde cinématographique et du design. Cet artiste suisse protéiforme a mené une intense carrière depuis les années 1960 jusqu’à sa mort et il a créé une oeuvre graphique qui est l’expression d’un univers personnel, dans lequel Giger s’érige en créateur de formes impossibles et de mondes fantastiques.
Son univers se situe dans la zone obscure, dans les cavernes et dans les ténèbres, un monde où des machines inconnues et des monstres abominables sont aux aguets. Mais Giger est avant tout un artiste plastique, un dessinateur, un sculpteur, mais surtout un peintre, comme il se définissait lui-même, avec un style propre et unique, qu’il dénommait « biomécanique », synthétisant des formes d’origine naturelle (le biologique) et artificielle (le technologique) avec grande adresse.
Cette symbiose est traitée sur le plan iconographique par l’union entre l’organique et l’inorganique, entre des anatomies et organes et des objets industriels, entre la chair et le métal. Mais une chair maladive et putréfiée et un métal corrosif et sale. Il ne s’agit pas d’une union agréable, mais plutôt compliquée et parfois incommodante, qui provoque inquiétude et désarroi.
Et c’est là l’une de ses grandes contributions à l’art moderne, un concept exploré et élaboré pour créer une esthétique propre, qu’il utilise pour aborder la problématique qui entoure l’être humain contemporain et tout spécialement à l’ère technologique, où l’homme semble devenir l’esclave des machines qui envahissent son milieu.
La figure de Giger est immédiatement associée à sa création la plus célèbre, le monstre vedette du film Alien, le huitième passager (Alien, Ridley Scott, 1979). Giger est essentiellement connu comme créateur d’atmosphères claustrophobiques et dessinateur de monstres, suite au succès de ce film-culte qui a marqué significativement sa carrière. La critique spécialisée signale que son travail dans Alien a bouleversé les formes de la science-fiction.
Il a créé un nouveau concept de terreur spatiale et, par conséquent, de peur de l’inconnu, avec son image d’un être aux dimensions mythologiques, qui est devenu le monstre moderne le plus célèbre. Une icône qui équivaut dans la science-fiction à ce que représentent Dracula ou Frankenstein dans le genre de l’horreur.
Suite à l’obtention de l’Oscar en 1980 pour sa collaboration à Alien et sa diffusion mondiale, Giger n’a cessé de recevoir des commandes d’Hollywood pour la réalisation d’autres projets cinématographiques.
Sa production personnelle ne sera plus celle des années 1970, qui fut sans le moindre doute sa période de splendeur. Giger n’imagina jamais que son monstre pourrait avoir un tel succès, au point d’éclipser ses autres travaux. Il s’est vu « dévoré » par sa propre créature, qui l’a dépassé et qui est à l’origine de l’une des sagas cinématographiques les plus productives de l’histoire récente.
Carlos Arenas, commissaire de l’exposition
L’exposition célèbre conjointement le 10e anniversaire de la mort de l’artiste suisse (2014) et le centenaire du premier manifeste surréaliste (1924). Une large sélection d’oeuvres de H.R. Giger sera présentée : peintures, sculptures, sérigraphies, dessins, photographies et matériel audiovisuel. L’exposition est complétée par des oeuvres de Hans Bellmer, Salvador Dalí et Ernst Fuchs, qui explorent la relation de Giger avec le mouvement surréaliste. C’est au total près de 100 oeuvres originales qui seront exposées.
Après son passage à Perpignan, l’exposition voyagera ensuite vers le Centre d’art contemporain Les Bernardes de Gérone, à partir de septembre. La collaboration du HR Giger Museum (Gruyères) a été décisive dans ce projet
Un artiste fascinant et influent
Son oeuvre est reconnue comme l’une des plus fascinantes du XXe siècle ainsi qu’une source d’inspiration pour de nombreux artistes contemporains. H.R. Giger a aussi nourri le cinéma, la mode, la littérature, le graphisme ou la musique.
En 2024, plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis l’irruption de Giger dans le monde de l’art. La pléthore d’évènements culturels qui l’ont mis en scène dans la dernière décennie illustre son extrême pertinence avec les courants artistiques actuels.
L’art de Giger ne cesse de piquer la curiosité de la communauté artistique par son caractère visionnaire. Son impact visuel énorme entraîne d’emblée une remise en question de l’existentialisme moderne.
Ce n’est pas sans raison que les thèmes qu’il a abordés au début de sa carrière reflètent une réalité actuelle frappante : le rapport à la technologie, la destruction de l’environnement naturel, la fusion de l’homme avec la machine, la déchéance physique, les conflits militaires, la propagation des maladies, les dangers de la sexualité… pour n’en citer que quelques-uns. Les dessins et les peintures à l’aérographe de Giger explorent les fléaux et les peurs qui nous assaillent au XXIe siècle, de même, le fantastique réalisme de l’artiste illustre parfaitement les désirs et les obsessions qui nous affligent.
L’artiste que nous mettons ici à l’honneur relève d’une importance extrême vis-à-vis du contexte actuel où crises sociales, tensions politiques et défis écologiques se succèdent. Il ne fait aucun doute que son influence perdurera.
Commissariat
Carlos Arenas vit et travaille à Valence (Espagne) comme curateur indépendant, écrivain et maître de conférences. Depuis 2009, Carlos Arenas enseigne l’histoire du cinéma et l’histoire de l’art à l’Université de Valence. Il est titulaire d’un doctorat en Histoire de l’Art sur l’oeuvre de H.R. Giger et a été commissaire de plusieurs expositions autour du cinéma, du fantastique et de l’art contemporain espagnol. Ses autres écrits traitent de cinéma, de graphisme, d’animation et de design. L’exposition à Perpignan est la neuvième consacrée à H.R. Giger dont il assure le commissariat.
à cent mètres du centre du monde / Centre d’Art Contemporain 3, avenue de Grande-Bretagne 66000 Perpignan
Du mardi au vendredi de 14h à 18h – samedi de 10h à 18h. Tél : 04 68 34 14 35
- Arts Plastiques
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