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Hera Büyüktaşcıyan – Terres Résonnantes

Du 26 novembre 2023 au 10 mars 2024 – Vernissage samedi 25 novembre, 17h-19h

Terres résonnantes est une exposition conçue en quatre chapitres. Dans « Défendre les eaux ancestrales », l’artiste évoque les effets transformateurs de l’eau lorsqu’elle se déplace dans un paysage. Un tissu s’écoule en cascade dans la Nef du centre d’art, comme s’il se déversait dans l’espace au travers de ses fenêtres en demi-lunes. Des fragments de bois et d’écorce, collectés par l’artiste lors de ses pérégrinations quotidiennes sur les berges de l’île de Vassivière, ornent cette matière avec des compositions géométriques. S’apparentant à des vestiges archéologiques ou à une partition musicale, ces fragments suggèrent les fondations de hameaux engloutis par la construction de barrages hydroélectriques qui, dans le cas de Vassivière, se trouvent encore sous la surface du lac. L’installation évoque un aqueduc ou un barrage qui déborde, charriant des débris comme autant de particules de temps accumulées et faisant resurgir ce qui se trouve dans ses profondeurs.

« Répétition pour changer de peau » explore la relation spirituelle et ancestrale de la région avec l’eau. Hera Büyüktaşcıyan crée un ensemble sculptural inspiré des bonnes fontaines, des sources anciennes auxquelles on prête des vertus miraculeuses ou curatives. Du feutre et des géotextiles sont suspendus à une structure linéaire en bois. Ces oeuvres stratifiées, dans des dégradés de tons de terre, évoquent des surfaces topographiques ou des couches géologiques, ainsi que la peau ou la carapace d’un organisme. L’utilisation du feutre est significative pour l’artiste, du fait de l’omniprésence autrefois des moutons et des traditions pastorales dans la région, dont la place a considérablement diminué au fil des ans suite à la plantation de sapins dans les landes.

Une série de dessins réalisés par frottage au graphite, intitulée Wolves and Sheep [Loups et brebis] (2023), accompagne l’installation. Oscillant entre images organiques et construites, les dessins rappellent la texture de la peau, de la toison ou de l’écorce, ou encore la transparence ombrée d’une radiographie. Hera Büyüktaşcıyan retrace ainsi l’empreinte du temps sur des corps et des territoires fragiles et périssables, où l’invisible se fraie un chemin à travers le visible.

Dans « Dendrologie », des sections d’écorce prélevées sur des arbres déracinés ou malades de l’île sont suspendus en arc de cercle. Ressemblant à des masques, et avec leurs surfaces sillonnées et altérées, ils évoquent étrangement des êtres humains et non humains. Certains portent des traces de peinture appliquées par des travailleurs forestiers pour indiquer leur état de santé. L’artiste s’est sentie apparentée à ces arbres marqués, dont la peau a été jetée, et qui étaient autrefois les témoins silencieux du paysage environnant et des nombreuses forces de vie qui s’y trouvaient. Une polyphonie de voix résonne dans l’espace, comme si la forêt elle-même devenait vocale.

Enfin, « La peau fragile du monde » est une vidéo réalisée en stop-motion et présentée en parallèle de l’exposition. Des tessons de poterie et de verre usé par le temps se déplacent sur une surface dans un flux de motifs géométriques. Ces fragments ont été remis à l’artiste par un membre de l’équipe du CIAPV, qui les a prélevés dans les fondations des hameaux restées dans le limon du lac de Vassivière. Ici, le mouvement et les configurations éphémères des tessons rappellent les rythmes quotidiens de la vie des villages qui ont existé, remettant en mouvement ce qui a été sédimenté et perdu sous l’eau.

Terres résonnantes aligne les histoires visibles et invisibles, les environnements construits et les intentions humaines. L’exposition rassemble des fragments, composant de nouvelles constellations de voix qui s’étaient tues et peuvent chanter à nouveau.

Commissaire de l’exposition: Alexandra McIntosh

Née à Istanbul, Hera Büyüktaşcıyan travaille de manière in situ en prenant le temps de découvrir un territoire à travers ses histoires locales et pratiquant la marche comme méthode d’observation et de dessin dans l’espace. Dans l’architecture du CIAPV, l’artiste explore les dynamiques de disparition et de régénération liées aux paysages forestiers et à la construction des barrages hydroélectriques dans la région. La puissance génératrice de l’eau contenue dans ces infrastructures est aussi exploitée tout comme les sources cachées et curatives du plateau de Millevaches. 

Composées de sculptures, d’installations, de dessins et de films, les œuvres exposées déconstruisent ces environnements altérés, examinant les surfaces et les matières en donnant une voix à l’absence et à ce qui est dorénavant présent. Hera Büyüktaşcıyan sonde ainsi notre territoire révélant des sédiments d’histoires au-delà de nos perceptions. 

Centre international d’art du paysage Île de Vassivière, 87120 Beaumont-du-Lac Tél : 5 55 69 27 27

mardi-dimanche : 14h-18h et sur rendez-vous.

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