Henri Darasse – Grilles et Colonnes du Crès
Du 22 novembre 2023 au 5 janvier 2024
Peignant donc exclusivement au rouleau depuis plus de trente ans, Henri Darasse nomme démarche « effectologie ». Selon la distinction du philosophe François Jullien, entre l’effet et l’effect[1], le résultat et le processus, l’effectologie consiste à mettre l’effet pictural au centre de la peinture, à rechercher l’effet nouveau et à le cultiver dans pour lui donner la plus grande efficacité esthétique. Si, comme le soulignait souvent Pierre Soulages, tout outil contient un programme, il recherche les effets spécifiques du rouleau en accomplissant ce programme, voire même en le détournant pour accéder à l’originalité féconde de l’effet produit.
Dans ses « rouleaugraphies », le motif est placé sous la toile et révélé par le rouleau. Frottant ainsi son rouleau sur les motifs rencontrés sur place, sa démarche picturale se prête à l’exploration in situ. Ainsi lorsqu’il visite l’Agora du Crès, Henri Darasse est frappé par les treize colonnes monumentales en granit du parvis de l’architecte François Fontès, aux faces lisses et striées, supports possibles de peintures au rouleau.
Le fer forgé est aussi l’un des motifs préférés d’ Henri Darasse pour ses qualités graphiques. Réminiscence des campaniles de son passé de « campanologue », quand il faisait l’inventaire des cloches pour la DRAC- LR, il évoque aussi les grilles et les portails des belles propriétés et domaines viticoles du Midi. C’est donc armé de ces deux motifs, de grilles et colonnes, qu’Henri Darasse explore le territoire cressois et alentours pour une transcription rouleaugraphique en traces et motifs picturaux.
[1]François Jullien, Traité de l’efficacité, Grasset, 1997
Né en 1960, Henri Darasse a une double formation, philosophique et artistique. Professeur agrégé de philosophie au Lycée Paul Valéry à Sète, il a publié en 2014, chez Lucie-éditions Soulages, la peinture.
Poétique de l’accident. Sous l’influence du philosophe François Jullien, sa réflexion porte sur la logique de l’effet dans l’art qu’il nomme effectologie et qui caractérise aussi sa démarche en peinture. Il publie un article sur la rencontre qu’il organise entre Pierre Soulages et François Jullien dans Art et concepts au PUF en 2020 et en novembre 2023, un article sur la « dé-coïncidence » en peinture dans Pratiques de la dé-coïncidence aux éditions l’observatoire.
Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Toulouse en 1983 (DNSEP), il participe au groupe toulousain Peinture immédiate (avec Philippe Hortala, Alain Fabre et Clément Thomas) et réside à Rome de 1985 à 1988. En 2002, à l’occasion d’une exposition à l’ARPAC à Castelnau-le-lez, il crée avec Amédée Poujol, le groupe Décor-Actif qui confirme son passage à une abstraction décorative au rouleau, dans la lignée de Matisse, Hantaï et Viallat. En 2018, il participe aux expositions du groupe çapeint (Alain Fabreal, Alain Garrigues) dans les Musées du Tarn.