Après la nuit, le jour, est une exposition où dialoguent deux univers artistiques qui se rencontrent dans l’épaisseur de la terre. Pour ce faire, France-Lan Lê Vu et Sophie Bellot mettent en échos trois principaux domaines, l’art, l’architecture et le paysage. 

Elles nourrissent leur pratique par leur regard photographique posé sur des lieux porteurs d’Histoire. Telles deux archéologues du temps présent, elles tissent un lien intrinsèque au paysage. Elles révèlent la présente vie secrète et l’histoire discrète des hommes. Dans le sens comme dans la forme, leurs travaux œuvrent pour une écologie à portée de main.

Ce qu’il reste est une série créée par France-Lan Lê Vu à travers laquelle, elle s’est confrontée au travail rude et fatigant du glanage. Une pratique qui autorise quiconque en France, depuis 1554, à ramasser à l’issue des moissons, les épis de blé oubliés. 

Le temps passe, les machines remplacent les pioches et les cabottes* en pierre sèche sont laissées à l’abandon au milieu des champs. C’est donc en reprenant le geste de glanage – fruit d’un processus artisanal et intimement lié au rythme de la terre – que France-Lan Lê Vu a produit ces images au moyen de l’anthotype. 

Elle a photographié ces abris peu à peu grignotés par leur paysage. Puis guetter la saison, ramasser des pétales de coquelicot, les faire macérer, imbiber le pinceau du jus obtenu, pour en badigeonner le papier ; attendre qu’il sèche. Recouvrir ce support d’un négatif ; exposer l’ensemble plusieurs jours au soleil, afin que l’image se révèle. 

Les images ainsi obtenues demeurent sensibles à la lumière ; elles s’estompent au fil du temps. Si le contour s’émousse, la couleur, comme la trace d’un passage, reste. Cette série s’attache à restituer cette temporalité artistique particulière, ainsi traversée.

* Ce sont de petites architectures servant d’abri aux agriculteurs en 1860

Pour le récit, Les corps habitants, Sophie Bellot s’est installée périodiquement pendant plusieurs années dans un camping à la ferme sur la presqu’île de Giens, à Hyères. Au siècle dernier, la péninsule vivait non pas du tourisme, mais principalement de l’agriculture. Au fil du temps, les deux activités se sont inversées et aujourd’hui, c’est son côté pittoresque et préservé qui attire. 

La ferme-camping a tenté de résister à la déprise agricole. Elle a alors conjugué horticulture et tourisme. La famille Fabre y cultive depuis huit générations. C’est la seule ferme aujourd’hui sur la presqu’île. Elle y a vécu au rythme des saisons, des diverses activités. Sophie Bellot a photographié de jour comme de nuit, a filmé le travail dans les serres, réalisé des cartes à différentes échelles et a enregistré des échanges avec quelques campeurs.

https://www.francelanlevu.com

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