Art Points de vue septembre 2022

Carte blanche à Michel Zachariou avec les univers de Anne-Marie Guerchet Jeannin, Pierre Guerchet Jeannin, Alain Prillard et Luc Rigal.

Anne-Marie GUERCHET-JEANNIN

EXTRAITS DES CONVERSATIONS D’ATELIER

…La représentation est affranchie de l’imitation du réel, les corps s’épanouissent dans le détachement des contraintes spatio-temporelles et physiques, la couleur s’échappe du cadre du dessin, qui en retour l’effleure. Entre chute et lévitation, lutte et danse, fantôme et présence, densité et souplesse, morcellement et unité, caché et montré, le passage se fait imperceptiblement, sans violence, toujours remédiable. L’œuvre d’Anne-Marie Guerchet-Jeannin parle à chacun de nous, enfin, car ces mouvements du corps sont la métaphore de ceux de notre être…

Sur le plus ancien thème de l’histoire de l’art ANNE-MARIE GUERCHET-JEANNIN ne cesse de réinventer le corps humain: funambules, contorsionnistes ou cascadeurs d’humeur plaisante: ils évoquent davantage l’équilibre des communions intemporelles que les drames d’humanoïdes incertains. Parfois l’abstraction rôde…Et il est drôle de voir une apparence si plastiquement morcelée retrouver son intégralité.

Condamné au silence la peinture appelle l’inscription du signe humain qui l’obsède et qu’elle livre ou dissimule, provoque et déconcerte.

Merle Reynolds

Pierre GUERCHET-JEANNIN

Vers un essentiel vagabondage.

Les peintures de Pierre Guerchet-Jeannin sont composées d’espaces colorés. Si cela est bien naturel pour un peintre, pour cet artiste tout semble d’abord vouloir se résumer ainsi…

Pourtant, ces espaces peints sont rarement des aplats. Quelquefois constitués de glacis superposés ils sont souvent obtenus par le brossage sec d’une couleur posée sur une autre. Espace d’espaces accumulés la composition est organisée par équilibre, par addition, par contraste, par résonance ou opposition. Entre ces surfaces emboîtées qui paraissent se toucher, il y a pourtant un filament ténu, intermédiaire, presque invisible à l’œil mais, semble-t-il, indispensable au peintre. Cet entre immatériel mais vibrant donne à la composition un frémissement de tonalité sensible et complexe. Il peut être aussi une légère bavure d’une couleur sur l’autre et devient en ce cas, l’acteur de la vision très légèrement brouillée qui en résulte…

Alain PRILLARD

Alain Prillard a une démarche artistique singulière où il joue avec les mots au travers de la sculpture, la gravure et la peinture. Le bois, le papier et le métal sont le support de ses oeuvres.

Philosophe et poète, il a étudié la philosophie avant de suivre des études aux beaux-arts de Paris.

Alain Prillard manipule les possibilités graphiques du papier et de l’encre, par la gravure, le monotype, la photographie, le collage, etc…

Il a exposé à Paris, Berlin, Bruxelles… et en France à de nombreux endroits dans le Sud-Ouest, en particulier dans le Lot (Cahors, Cajarc, Saint-Cirq-Lapopie, Villefranche-du-Périgord…).

Philippe Guesdon

Luc RIGAL

J’ai eu envie d’une peinture plus physique et chromatique que celle que je pratiquais jusque-là. J’ai eu envie de pousser les murs et d’agrandir mes formats ; de prospecter les multiples manières que le médium fluide emprunte avec enchantement pour épouser la toile ; de mettre en jeu plus explicitement les associations de formes instantanées. Et puis j’ai voulu augmenter ma vitesse d’exécution bien au-delà des limites que j’atteignais auparavant. Je me disais que les créateurs de ma génération faisaient défection devant la technicisation du visuel et des images en préférant désormais l’ingénierie informatique et le spectacle à la sémiologie aventureuse de la peinture et du pinceau — qu’il fallait prendre résolument le contrepied de cette capitulation. Et ça a donné ça.

Michel ZACHARIOU

Modeler la terre est ce qui convient le mieux au côté obsessionnel de mon travail. Tant que la pièce n’est pas cuite, je peux en modifier chaque détail : déplacer un aplomb, ajuster une courbe, rectifier un renflement…

Je cherche à mettre de la vie dans les formes, figuratives ou non, qui me viennent dans les mains. Une quête jamais satisfaite depuis cinquante ans, depuis ma rencontre à Paris avec le grand sculpteur Étienne-Martin, dont les encouragements inespérés ont décidé de ma vie.

Pour me reposer de l’inconfort permanent de la création à ambition artistique, j’aime concevoir des « machines à mesurer le temps », qui ne demandent que de respecter les règles de la logique mécanique et de l’esthétique.