Daniel Mourre – Infinie Finitude
Du 28 mars au 20 avril 2025 – Vernissage vendredi 28 mars à 18h30
Rétrospective saisissante du plasticien Daniel Mourre. Une traversée dense et radicale de l’œuvre d’un artiste qui interroge, avec une intensité rare, les limites de l’humanité et les ultimes battements de l’art contemporain.
À travers 70 œuvres déployées en 10 séries, Mourre propose un parcours sans concession au cœur de ce qu’il nomme, depuis 2022, le Finitisme — un manifeste artistique qui envisage la fin de l’art non comme transfiguration ou transformation, mais comme disparition réelle, palpable, inéluctable.
L’artiste se met en scène comme un archéologue d’un futur effondré, exhumant les traces d’un monde post-industriel vidé de son sens. Ses œuvres, souvent monumentales dans leur silence, évoquent à la fois des reliques fossilisées et des fétiches archaïques, comme si le contemporain faisait soudain irruption dans une nouvelle forme d’art premier postapocalyptique. Une bouche d’égout devient empreinte, l’absence de l’Homme se fait criant, et la matière elle-même semble parler d’un temps révolu — le nôtre.
Le Finitisme se distingue des discours philosophiques sur la « mort de l’art ». Il ne théorise pas un passage ou une mue ; il affirme une fin brutale, concrète, presque charnelle. Mourre sculpte l’absence, peint la disparition, et nous offre ce vertige : et si notre civilisation n’était que ruine annoncée ? Ses œuvres ne proposent pas une réponse, mais une vision. Elles incarnent un futur où l’héritage culturel serait lu comme une énigme, une énigme sans clef. C’est à partir d’une simple bouche d’égout que l’artiste travaille son antinomie et l’extrême de l’Homme et de l’art.
Dans ce geste radical, l’artiste convoque une multitude de techniques et de supports, toujours guidé par une tension extrême : comment donner forme à la fin ? Le regardeur, saisi par l’étrangeté familière des pièces, se retrouve confronté à sa propre finitude. Car le Finitisme n’est pas seulement une esthétique : c’est une alerte, une projection, une mémoire d’avance.
Soutenu par le critique d’art Christian Noorbergen, qui voit dans cette démarche les prémices d’un nouveau courant artistique, Daniel Mourre incarne une parole rare, lucide et prophétique. Noorbergen, qui lui a consacré un texte remarqué dans ARTENSION (n°179, mai/juin 2023), prépare d’ailleurs une monographie à paraître fin 2025/2026, approfondissant les enjeux philosophiques, plastiques et politiques de cette œuvre hors norme.
« Infinie Finitude » n’est pas une exposition de plus. C’est une mise en garde esthétique, une tentative d’archiver notre chute avec grâce. Mourre, avec la précision d’un sismographe de l’esprit, capte les vibrations d’un monde au bord du silence.
Musée Hofer-Bury, Château des évêques, Av. du Château, 34880 Lavérune Tél : 04 99 51 20 00
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