La galerie AL/MA présente un ensemble de 200 dessins indissociables réalisés en 2006-2007. Ce polyptique de 280 x 840 cm a été exposé en 2011 au Domaine de Kerguéhennec puis en 2012 à la Villa Tamaris (La Seyne-sur-mer). Réalisées avec une mèche lente sur papier A3, les traces de combustion laissent apparaître un dessin qui tend vers une symétrie impossible. Si chacun des gestes de Christian Jaccard est exercé avec rigueur, conceptualisé et contrôlé, il se confronte cependant aux incertitudes des traces accidentelles : l’artiste doit s’y adapter afin de les intégrer dans sa démarche ‒ le feu et sa fumée ne sont en rien des com­plices dociles.

Au début des années 70, Christian Jaccard choisit le feu et la combustion pour effectuer ses recherches sur la trace, l’empreinte, la marque, voire le hasard dans la dispersion des fumées et de leurs suies ; mais aussi, et de façon plus souterraine, sur la destruction et la régénération et les symboliques qui leur sont associées. Agent de purification autant que de destruction, de lumière que d’obscurcissement, de dévoilement que de recouvrement, le feu possède une force dynamique, dialectique rassemblant création, métamorphose et destruction.  La trace résiduelle des fumées et goudrons apparaît comme forme esthétique de la catastrophe dont la dimension picturale semble évidente. Le feu devient l’agent déterminant des vestiges de la combustion.

Que ce soit sur toile, papier, ou dans des interventions in situ (l’une d’elles est toujours visible à l’abbaye de Lagrasse, Aude), le feu reste cen­tral dans son œuvre, perçu comme l’élé­ment le plus approprié pour mener ses expériences.

Christian Jaccard, d’origine suisse, est né en 1939 à Fontenay-sous-Bois. Il vit et travaille à Paris et à Saint-Jean du Gard.

Sélection des dernières expositions :

2021 Christian Jaccard – énergies dissipées, Centre Pompidou, Paris
2019 Ombres de suie, La Patinoire royale, galerie Valérie Bach, Bruxelles
2018 MURS/MURS la peinture au-delà du tableau, Gyeonggi Museum, à Ansan (Corée)
2017 Comme un rêve blanc, musée industriel de la corderie Vallois, Rouen Métropole

À l’occasion de cette exposition, sera aussi présenté le livre d’artiste réalisé par Christian Jaccard et Serge Pey ‒ L’incendie de l’église Sao Domingos de Lisbonne, le 13 août 1959 ‒

Éditions Méridianes, 2022, avec 4 « ignitions » originales dans un coffret entoilé de Delphine Marseille.