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Célie Falières – Bleue comme toi

Du 22 février au 11 mai 2025. – Vernissage vendredi 21 février à 18h.

Le ciel embrasse tout, tout simplement. « Il n’y a ni lieu, ni vide, ni temps hors de lui », écrivait Aristote dans son petit traité monographique Du ciel. Le ciel nous a toujours vu naître, lui qui n’est jamais né, et nous verra toujours mourir, lui qui englobe tout le temps, lui qui est inengendré, incorruptible, inaltérable. » Georges Didi-Humerman, L’homme qui marchait dans la couleur, Les Éditions de Minuit, 2001, p. 65.

Pour cette exposition monographique au Centre d’art et de photographie de Lectoure, en parallèle à son exposition au sein de la Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain à Saint-Gaudens*, Célie Falières a imaginé un projet où se mêlent et s’emmêlent travail photographique inédit, installations et références au bleu de Lectoure ou bleu de Guède, le tout en complément à l’installation monumentale proposée à la Chapelle Saint-Jacques.

Il était évident pour Célie Falières de s’intéresser à ce qui fait patrimoine à Lectoure, à savoir, cette couleur bleue légèrement grisée issue du pastel ou de l’Isatis Tinctoria, fleur jaune cultivée à Lectoure, tant elle est attentive aux endroits où elle se tient. Célie Falières a pour habitude de récolter dans les environnements de ses expositions des matières végétales et animales, de l’argile, du bois, des rebus et de fabriquer des objets qui sont autant de mises en forme d’une pensée latente. Son travail puise et tord le répertoire des sciences naturelles, de l’histoire de l’art et de l’artisanat sous forme d’installations.

Il était également évident pour Célie Falières de montrer à Lectoure un travail photographique totalement inédit pour lequel l’équipe l’a accompagnée dans un editing précis visant à extraire ce qui fait sens, à la fois, dans ce projet d’exposition Bleue comme toi et dans sa démarche globale. Cet editing invite à poser un nouveau regard sur le travail de Célie Falières et d’enrichir son corpus et propos en le liant à l’histoire de la photographie, et notamment la photographie d’archives de performances.

Enfin, Bleue comme toi place encore plus l’être humain au centre des préoccupations de l’artiste en convoquant une forme de sacré tant la démarche de Célie Falières semble en symbiose avec les éléments et les êtres vivants, comme ce ciel qui « nous a toujours vu naître, lui qui n’est jamais né… » comme a pu l’écrire Georges Didi-Huberman cité plus haut.

Lydie Marchi, commissaire de l’exposition

« Mes images favorites sont celles pour lesquelles on est impatient·es de voir la pellicule développée et qui n’y figurent pas, fin de rouleau, sur ou sous-exposition. Pour mes appareils comme pour le reste de mes outils, j’aime qu’ils ne soient pas intimidants. Ils vont du Lubitel de mon père, à un OM1 en passant par les divers appareils d’occasion acquis au fil des années dans les magasins de seconde main, qui s’empilent dans mon tiroir. Mon préféré, à ce jour, est un Yashica T4, optique Zeiss acheté une livre dans le Norfolk et qui ne fonctionne plus depuis longtemps. 

J’aime les outils et j’aime leur failles. Tout comme j’aime que l’argentique souligne des limites. Les miennes tout d’abord, mon manque de rigueur et mon petit faible pour l’imprécision. Celles de la quantité ensuite, du nombre de films disponibles dans mon sac et du nombre de développements acceptables pour mon économie. 

Celles enfin de ce que l’outil est capable de capter, manié par mes soins. Ma première formation en gravure m’a appris le plaisir démocratique pour des multiples qui seraient chacun des originaux, ainsi qu’un amour de l’atelier, du laboratoire. La première fois que j’ai osé présenter des photographies dans mon travail, je les ai développées avec Florian Tiedje à Sélestat.

C’était l’hiver, j’étais fortement grippée et nous avons passé trois jours dans le noir à travailler des négatifs, poussant les sus-dites limites dans toutes les directions. C’était un rapportphysique à l’image, le point où chimie, optique, savoir-faire et artisanat se croisent. Depuis, toutes les photos que j’ai choisies de « mettre en objet », si l’on peut dire, ont transité par Florian.

Si elles m’appartiennent au moment de leur capture et de leur sélection, leur matérialité est intimement liée aux rapports entretenus avec ce photographe et ami ces dix dernières années. Pour Bleue comme toi, les images présentées sont liées à des moments précis et vifs de performances ou de voyage. 

Ces images ont des odeurs, un son, une température et une hygrométrie. Souffre, froid mordant, levure boulangère, sel, deuil ou naissance. Elles se tiennent seules mais évoquent une plasticité. En cela, je leur donne un statut similaire au reste de mes objets, elles sont les témoins d’un état de matière, de la potentialité d’une action ou d’un mouvement, furtif ou géologique. Je crois que mes photographies sont un compromis entre ce qui manque et ce qui reste. »

Sans qu’elle en revendique la maitrise technique, la photographie accompagne intuitivement et depuis toujours la pratique de Célie Falières. Elle documente notamment son travail performatif, se plait à capter l’instant de l’action ou à habiter, devant l’objectif, des archétypes et des allégories qu’elle crée ou emprunte aux mythes et au folklore. Elle photographie également des paysages. 

En mouvement, tels l’activité d’un volcan ou le déplacement d’une brume sur une colline, pris à la volée ou fixés dans des clichés « instantanés ». Souvent le geste rencontre le paysage, comme dans cette série de photographies où l’on voit ses doigts tenir des cartes postales, peintes à la main par l’artiste, devant des paysages aléatoires, dans un subtil et énigmatique jeu de mise en abîme.

Artefact visuel, la photographie est également un objet doté d’une matérialité tangible : papier, poids, bords, forme, texture, solidité et durabilité variable dans le temps. Pour cette raison, elle ne possède pas seulement des caractéristiques visuelles, mais aussi tactiles, voire olfactives. Étant à la fois une image et un objet, la photographie est médiatrice de quelque chose qui se produit ailleurs, dans une autre temporalité.

Sa nature hybride est importante, elle signifie la pluralité de la photographie et ses dimensions multiples. Une de ces dimensions est sensorielle, la photographie possédant une vie visuelle et existence visuelle autant que tactile. Une autre dimension est spatio-temporelle : la photographie bénéficie d’une première vie liée au temps et au lieu de sa réalisation, ainsi que par rapport /mais également au sujet, à la personne ou au paysage qui sont encadrés. Elle a ensuite sa vie propre et peut réapparaitre à un autre moment et dans un autre contexte.

La dimension matérielle de la photographie intéresse profondément Célie Falières. C’est la raison pour laquelle les oeuvres présentées dans cette exposition possèdent une matérialité propre : cadre-objet, projection de diapositives, tirages argentiques « épinglés » faisant échos à la photographie de performance des années 1970 ou 1980. 

Elle utilise uniquement des appareils argentiques achetés d’occasion, avec lesquels elle développe un lien affectif fort. Quand l’un ne fonctionne plus, elle attend d’en trouver un autre qui convienne à l’humeur du moment. C’est finalement cette approche d’une photographie tangible qui l’intéresse, en sus de l’image exposée. Pour Célie Falières, la photographie est définitivement un objet et non un fichier sur un disque dur.

Centre d’art et de photographie, Maison de Saint-Louis, 8 Cours Gambetta 32700 Lectoure

Tél : 05 62 68 83 72. Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 13h et de 15h30 à 19h30.

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