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Boré Ivanoff – Bulgarie-Paris-Monségur

Du 25 juin au 25 aout 2023

L’exposition « Bulgarie-Paris-Monségur » met en vedette un peintre d’origine bulgare, Boré Ivanoff. Cet artiste a contacté Les Milles Tiroirs cet hiver pour nous proposer ses oeuvres. L’ensemble des membres de ’association Les Mille Tiroirs a vite été convaincu par son dossier de présentation et a accepté.

Venu en France par amour de notre pays, et pour se rapprocher des sources du catharisme, notamment à Montségur, cet artiste partage son temps entre l’Ariège et Paris, ce qui lui permet de varier ses inspirations.

Nous avons retenu pour cette exposition des toiles qui posent un regard aigu sur la modernité de nos architectures, tout particulièrement à Paris.

Interroger la représentation des symboles de la modernité pourrait être la ligne choisie parmi la production large et variée de ce peintre représenté par plusieurs galeries et qui a été exposé dans plusieurs pays d’Europe.

Cette exposition, sera inaugurée en présence de l’artiste, à l’Office de Tourisme des Portes d’Ariège Pyrénées, le vendredi 30 juin, dans l’Office du tourisme de Pamiers, que nous remercions pour son accueil.

Elle occupe trois lieux. Ainsi pour la seconde fois, l’Office de Tourisme des Portes d’Ariège Pyrénées, accueille un de nos événements. Des tableaux seront également présents pour la première fois dans les vitrines de l’Évêché-Maison des OEuvres et, c’est aujourd’hui presque une tradition, dans celle de la librairie Aux temps modernes, toute proche.

Boré Ivanoff, un peintre passionnément réaliste.

S’il fallait en quelques mots exprimer la singularité de l’oeuvre de Boré Ivanoff on pourrait dire de lui qu’il est un de ces peintres amoureux transis de la réalité, brûlant du désir de tout en dire, obsédé d’en recueillir le moindre détail, avec la plus grande précision. Il vit, il peint, il exprime l’effroi de la disparition du monde que ses yeux caressent dans les miroirs d’acier, de verre, d’écran, de papier …

L’excès de sa passion s’exprime dans sa folle ambition : cumuler dans sa peinture la maîtrise de la troisième dimension, grâce à la vertu de l’oeil et de la main, sans renoncer à l’information photographique. Celle-ci, en réduisant le monde visible à deux dimensions, en l’immobilisant, lui permet de capter la forme de la moindre feuille d’arbre dont il veut témoigner au pinceau. Boré Ivanoff n’est pas le seul artiste à avoir voulu assimiler pour son art ce que la photo a pu apporter de nouveau à la vision du monde. Il appartient paradoxalement à un long courant de peintres qui ont usé de cette invention pour pousser plus loin encore leurs limites dans la poursuite du réel.

Quand en 1839 Daguerre présente son invention à l’Institut, il émerveille les académiciens des Sciences et affole ceux des Beaux-Arts. Peu après, le peintre Paul Delaroche déclare lors d’une communication sous la Coupole : « Messieurs, à partir d’aujourd’hui la peinture est morte ! ». On le crut un instant… mais vite on s’aperçut que l’invention n’extermina pas la peinture mais la diversifia infiniment. L’académisme qui avait apporté des méthodes fort efficaces pour rendre compte de la réalité ne fut plus désormais l’unique méthode pour y parvenir. La photo immobilisait, le réel qui ne se voyait jusque-là qu’en mouvement. Il permettait de voir le détail en le mettant à égalité avec l’ensemble ! Grave danger, utopie visuelle ! Le monde ainsi reproduit sur toiles et papiers devint extraplat. Ainsi l’espace, la profondeur, dont les peintres avaient le secret, disparut aux yeux du commun des mortels.

Entre photos et peinture ce fut désormais une concurrence impitoyable. Les peintres durent surenchérir, faire plaisir à l’oeil qui n’aime pas la platitude et monotonie. Ils accentuèrent les effets, expressions, contrastes, chocs « rétiniens ». Ils insistèrent sur la « picturalité ». Boré Ivanoff est un des aventuriers d’aujourd’hui de ce courant détailliste. Du réel il veut tout et ne lâche rien.

C’est un peintre venu du Sud, de Bulgarie, d’un pays où la lumière illumine tout de façon égale. Elle précise les contours, dessine des arrêtes entre ombre et lumière. Boré Ivanoff fut par ailleurs initié à la « ligne claire », à l’enseignement rigoureux dispensé à l’Académie de Sofia au service de l’art réaliste socialiste. Mais le goût de la liberté le mena à Paris, c’est là qu’il voulut peindre. Il dut s’affronter à une autre lumière, celle du Nord, plus encore à celle de l’Ile de France. Son intensité change en permanence, en l’espace d’un instant tous les tons de l’ombre et la clarté se succèdent en un même lieu. Elle scintille ! Boré Ivanoff aima autant Paris que la peinture. Sa lumière versatile le dérouta. Que faire devant sa beauté insaisissable ? Les effets capricieux de la lumière échappaient à sa main précise, son oeil se noyait dans ses innombrables reflets : les vitrines, les pavés, la Seine, tout ce qui démultiplie la lumière. Farceuses, les images bougent, viennent se blottir les unes contre les autres dans une affolante confusion. Il fallut à Boré Ivanoff beaucoup de ruse pour saisir ses contours de sa ville d’adoption. La chasse des images lui inspira toutes sortes de stratégies de capture, dont la photo, pour rendre sage tout ce qui bouge et en saisir arrêtes et les linéaments. Il composa avec l’inconstance lumineuse de Paris. Pour la rendre, reconnaissable, il introduisit avec minutie le monde des reflets dans ses tableaux. Chaque tableau est une bataille où il ne gagne qu’en faisant la part du feu !

Les peintures de Boré Ivanoff ont le don d’entraîner l’observateur attentif dans un labyrinthe visuel. Elles captent l’oeil de l’amateur, qui étonné de l’effet se demande : Comment c’est fait ? Que vois-je ? Qu’est-ce qui me surprend ? Il s’approche sans cligner des yeux, comme Boré Ivanoff lui-même quand il peint. Le détail l’intrigue… il comprend vite qu’il est captif du tableau, qu’il erre dans le dédale des diverses mémoires que réveille cette peinture. Il est perdu ! Il chemine le long de sentiers obscurs qui s’entrecroisent : ici la vision splendide du monde, là la feuille immobile dans le vent de la plate photo, plus loin le fondu enchaîné du cinéma… tout cela baigné de lumière solaire, ou électrique, ou encore bleutée des écrans. Où sont les limes qui séparent le monde tangible, son rendu à la main et le monde virtuel numérisé sur les claviers ? Toutes les mémoires se font concurrence sur ce tableau et se battent pour enfin produire une oeuvre singulière… et chacun y reconnaît les bribes de sa propre expérience. Le temps d’errance et de captivité passé à regarder le tableau feront néanmoins du contemplateur un initié. Il regardera autrement Paris et son décor aussi majestueux que quotidien.

Boré Ivanoff est un peintre emblématique de ce temps et cependant solitaire. Ce « réaliste » amoureux du monde est heureux de créer à la main, à l’âge de la reproduction mécanique et industrielle des images. En un temps où le premier contact avec la réalité se fait souvent par la médiatisation des écrans pour disparaître aussitôt… chacun se trouve emprisonné dans une « réalité » fictive, de l’instant, sans histoire ». Boré Ivanoff conjure le mal en laissant la trace d’une oeuvre.

Aude de Kerro

Médiathèque de Pamiers, Place Eugène Soula, 09100 Pamiers

Contact Xavier Malbreil 06 40 42 19 67

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