L’art est un formidable terrain de jeu dont les règles sont fixées par celui qui regarde. Le but de l’interprétation est de se frayer un chemin dans un paysage de signes afin de sortir du carcan de la représentation et provoquer en nous une émotion pure. Entre rêveries graphiques et cartographies temporelles, le travail pluridisciplinaire d’Alexandre Gilibert nous offre un territoire foisonnant à explorer et à interpréter.

La source de ses recherches artistiques est le lien au territoire et notre manière d’y vivre et de le transformer. Ses réalisations, nourries par l’histoire de l’art, prennent forme au cours de ses observations lors de nombreuses déambulations dans ces environnements périurbains, souvent en friches, entourés d’une nature colonisée. De cette rencontre sensible avec ces lieux, l’artiste en retire une documentation qui devient sa base de travail. Un processus préalable important lui permettant de s’immerger dans la totalité du paysage et ainsi de rencontrer tous les éléments qui le bordent.

Son regard se porte sur des espaces fragiles, souvent urbanisés. Ses œuvres donnent une valeur à des détails paraissant secondaires et insignifiants au premier abord et offrent à découvrir une archéologie sensible du quotidien. Seul le paysage compte, aucune présence humaine et pourtant il émane de chacune de ces œuvres l’intensité de l’impact de l’homme sur nos environnements et le passage du temps.

Chaque réalisation est le fruit d’un important travail d’observation, d’étude, de préparation et de composition. Avec une démarche singulière, des recherches rigoureuses, une approche esthétique d’une incroyable maturité, l’artiste nous conte de multiples narrations intemporelles, transfigure le banal, suspend le temps et fait résonner nos propres souvenirs et l’importante implication de nos actes sur notre environnement.

Ne serait-il pas question ici d’une interrogation sur notre volonté d’un retour à l’essentiel ?