Alain Willaume – Frôlements de l’ombre
Du 4 novembre 2023 au 17 février 2024 – Vernissage vendredi 3 novembre à 18h30
« Je suis plutôt un voyageur qui, parfois, fait des images… un guetteur qui s’assigne certains territoires et les arpente pour alarmer ses semblables ou leur proposer quelques songes ou questionnements fertiles. » Alain Willaume
Alain Willaume puise dans l’ensemble de son oeuvre énigmatique pour créer une déambulation crépusculaire inspirée par l’atmosphère de la Villa Pérochon. Il propose et tisse dans la pénombre et grâce aux espaces labyrinthiques de la Villa une nouvelle lecture de son oeuvre polymorphe.
Au premier niveau, de vastes territoires gris hantés par l’inquiétude d’un monde où quelques humains demeurent encore, oscillant entre menace et recueillement. L’étage supérieur, lui, se vit comme un refuge feutré peuplé d’ombres mélancoliques, de craquements et de rêves insomniaques. Farouche expérimentateur de formes, il développe, à l’écart des courants, une oeuvre faite d’images énigmatiques qui, toutes, racontent la tension et la vulnérabilité du monde et des humains.
« Photographe pour qui la fiction n’est pas l’envers de la réalité mais une de ses modalités, Alain Willaume n’oppose pas engagement et mystère, mais les unit au contraire dans une forme n’ayant nul besoin d’être tonitruante pour être efficace. Ses images taciturnes ouvrent la pensée et la parole /…. /
Auteur d’une oeuvre radicale, inquiète, mais ouverte sur la possibilité de l’éveil, de la fraîcheur des épiphanies, Alain Willaume utilise le médium photographique comme les sourciers leur bâton ou leur pendule, afin de déceler sous la conformité des apparences des lignes de failles, des gouffres vertigineux happant soudain les visages comme le sens de toute chose. »
FABIEN RIBERY
Depuis de nombreuses années, les relations complexes et conflictuelles que l’homme entretient avec son environnement sous-tendent le travail d’Alain Willaume. En écho à la confusion devenue universelle, poussières, doutes ou « écrans de fumée » font souvent office de métaphores visuelles dans l’oeuvre du photographe. Ses images semblent surgir des brouillages du temps et de l’espace et témoignent de son attirance pour cette zone grise propice au questionnement qui n’entrave pas la connaissance mais au contraire l’élargit. Paradoxal, inclassable, multiple, son travail donne une forme à la tension et à l’instabilité environnantes et alerte sur la condition des paysages, à la fois puissants et en sursis, ainsi que sur le comportement de l’homme, aussi menaçant que vulnérable.
S’adossant dubitativement au réel et loin de toute notion documentaire, l’oeuvre d’Alain Willaume, farouche, semée d’accidents, de doute et de nécessité progresse par énigmes. Ses images intranquilles dessinent une cartographie personnelle et contemporaine de l’état du monde.
Willaume chemine à la jonction de la révélation et du néant, du visible et du trou noir. Son imaginaire étend le territoire de ce que signifie le « documentaire » : une leçon d’honnêteté qui nous invite à la vigilance et nous raconte, dans un dépouillement inquiet tendant à l’essentiel, le harassement et la fragilité des humains et de la planète Terre.
BIOGRAPHIE
Alain Willaume est membre du collectif Tendance Floue depuis 2010. Sa dernière monographie, Coordonnées 72/18 a été publiée aux Éditions Xavier Barral (Paris) en janvier 2019 (nominé pour le Prix Nadar la même année). Un réalisme hanté, un livre d’entretiens avec Fabien Ribéry, est publié en 2022 chez Arnaud Bizalion éditeur.
Rien ici qui demeure sa dernière exposition/installation multimédia a été présentée en 2021 à Lux-scène nationale à Valence avec la participation du critique et historien Michel Poivert. Il a collaboré en 2019 avec Wajdi Mouawad, auteur-metteur en scène et directeur de La Colline, théâtre national (Paris) pour une installation photographique dans les espaces du théâtre. Il a remporté le Prix Kodak de la critique photographique, ainsi que le premier prix du Sony World Photography Award 2011, catégorie Portraits.
Soutenu par la Villa Pérochon, il est lauréat 2024 de la Villa Kujoyama à Kyoto.
Villa Pérochon – Centre d’art contemporain photographique, 64 rue Paul-François Proust, 79000 Niort
Tél. : 05 49 24 58 18 Du mardi au samedi, de 13h30 à 18h30
- Photographie
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