Choisis par un jury, les lauréats bénéficient d’un espace d’exposition, d’un budget de production et d’honoraires. Aujourd’hui ce prix ne cesse de gagner en reconnaissance régionale et nationale, et sert de tremplin pour la plupart des artistes lauréats (acquisitions en collections publiques, nouveaux projets d’expositions, etc.).

Les lauréats 2023 sont :

– Margaux Fontaine
– Matthieu Haberard
– Rayan Yasmineh

Présentation de l’édition

Chaque nouvelle édition du prix Mezzanine Sud met en avant la diversité des langages artistiques et les énergies multiples de la jeune génération d’artistes. 

Cette année encore les trois lauréats déploient des univers singuliers teintés d’influences diverses et insolites. Féminisme, écologie, artisanat, Moyen Âge, syncrétisme entre l’Orient et l’Occident inspirent leurs créations en s’appuyant sur des médiums tels que le dessin,  l’assemblage, l’artisanat ou encore la peinture à l’huile. Les artistes s’approprient les cultures et les représentations pour porter un regard nouveau sur le monde qui les entoure. À travers l’art de l’assemblage, mêlant différentes époques, références et matières, chacun déploie une structure narrative dans laquelle s’incarne des identités plurielles.

Margaux Fontaine

Margaux Fontaine est une artiste pluridisciplinaire dont la pratique se situe du côté de l’image. Ses recherches témoignent de sa vision du monde d’un point de vue féministe et prônent la toute-puissance de la nature sur les sociétés contemporaines. Empruntant aux symboles de diverses cultures, elle associe les images au travers d’ une œuvre « créole » dans un collage d’idées à priori non associables pour recréer un monde idéalisé, non-genré, hors du temps. La figure de la sorcière est centrale dans ce travail comme symbole d’émancipation.

Matthieu Haberard

Nourri par l’univers de la marchandise et en particulier du jouet d’enfant, Matthieu Haberard cultive au fil de sa pratique sculpturale l’art du contrepied. À rebours de tout recours à des outils technologiques avancés, il célèbre le fait main et tel un artisan amateur, confectionne des objets composites, low-tech et souvent ridicules. Il adopte un certain retrait, ludique et critique, à l’égard de son époque, en puisant ses sources thématiques dans le Moyen Âge mystique et fantasmé mais également dans une théorisation de la Fantasy.

Rayan Yasmineh

Rayan Yasmineh s’approprie librement les codes de l’histoire de l’art, oscillant consciemment entre perpétuation des traditions et rupture des conventions. Dans ses portraits, il associe la culture du Moyen-Orient, les mythes et l’iconographie mésopotamienne aux identités occidentales contemporaines en introduisant des références anachroniques. Il explique : « L’expression de cette double iconographie dans mon travail est la manifestation d’une identité plurielle, arabe et européenne, qui rompt avec l’adversité supposée des concepts d’Orient et d’Occident ». Ses peintures à l’huile réunissent une profusion de détails ornementaux et de couleurs chatoyantes avec une construction magistrale de lignes et de plans. 

L’Odyssée

Une étape d’Horizons d’eaux Du 8 décembre 2023 au 25 août 2024

L’exposition L’Odyssée, une étape d’Horizons d’eaux propose à travers des œuvres contemporaines, provenant de la collection des Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, ou d’artistes ayant travaillé avec l’institution, d’explorer nos liens avec l’eau. Elle s’inscrit dans la continuité du programme Horizons d’eaux organisé le long du Canal du Midi en région Occitanie depuis 2017 et prolonge les réflexions menées sur cet élément précieux. 

L’eau couvre près de 70% de notre planète et constitue environ 60% de notre corps. De la goutte à l’océan, elle est à la fois cette matière intime et immense, familière et mystérieuse, immersive et pourtant de plus en plus rare. Les mers et les océans sont ce qui nous relie et nous éloigne, un espace que des siècles de navigation ont permis de connaître sans jamais le dompter et qui a fait naître de nombreux mythes et récits. 

Malgré les aménagements techniques, même si l’existence humaine lui est étroitement liée, même si les humains l’habitent, l’explorent et l’exploitent, l’eau a sa vie propre, avec ses rythmes, ses saisons, ses mouvements, ses habitants, ses histoires. Elle forme un réseau de mémoires et d’informations, de pensées et de différentes formes de corporéités que les artistes utilisent comme une interface de notre rapport au monde. 

À travers les œuvres d’une dizaine d’artistes, l’exposition navigue entre les imaginaires liés à l’eau et les problématiques actuelles causées par le changement climatique, nous invitant à explorer notre relation individuelle et collective à cet élément. Les artistes y soulignent la quête du voyage, sa part de rêve, ses inconnues et parfois les naufrages, et au cours duquel l’eau est aussi bien une crainte, qu’un refuge et un espoir. 

L’eau est notre horizon, proche et lointain : la joie comme la mélancolie traversent ces œuvres, qui questionnent notre rapport au vivant, nos savoirs, nos migrations. Il existe également sous l’horizon un monde sous-marin, plein de vie, dont les mythologies ont inspiré l’imaginaire des artistes cherchant à comprendre et à renouer avec les récits de cet univers caché. Plonger sous la surface, dans les profondeurs, c’est explorer un paysage aquatique mystérieux, en transformation, et suivre le flux des eaux où s’égarent les pensées et les rêves. Laissons les artistes nous guider à travers l’imagination de la matière liquide.   

Artistes : Dove Allouche, Hicham Berrada, Julie Chaffort, Olivier Debré, Jochen Lempert, Marie Losier, N55, Maya Rochat

Vue de l’exposition Photographie Philippe Cadu