L imagerie

C’est à l’aube de la nuit que le travail de Magdalena Lamri prend sa source.
 

À l’heure exacte où une brèche entre les jours se crée.
 Ses dessins, réalisés au fusain, pierre noire et graphite s’y immiscent et amènent le spectateur en des lieux où l’invisible devient perceptible, où tout devient possible…

« Sous le même ciel », c’est notre histoire commune. Celle qui nous rassemble tous, êtres vivants.

Dans son travail, le réel tel que nous le connaissons subsiste malgré tout. Mais les architectures y sont figées dans le temps, dépeuplées. 

L’absence pour mieux parler de la précarité et la fragilité de notre condition humaine. Ne restent que les empreintes sensibles d’un passage, des résidus de ce qui fut, révélés par des jeux d’ombres et de lumières. 
 

Le réalisme flirte avec l’abstrait pour créer ces espaces oniriques dans lesquels les lois de la Physique sont malmenées, offrant tout autant de paradoxes poétiques. 
 En dualité avec ces vestiges, la Nature devient paysage-refuge. Le motif de la forêt est omniprésent comme la représentation d’un monde intérieur, un lieu de repli propice à la rêverie, mais aussi un monde partagé par le vivant que l’on se doit de préserver.

Le travail de Magdalena Lamri est habité par des fantômes, mais ici, il n’est pas question de fantômes au sens où nous l’entendons habituellement. 

Ils sont chacun de nous, ils sont chaque être vivant. Ils sont toute cette matière vivante qui a habité, habite ou habitera un endroit, un instant. Chaque atome qui nous compose est une infime partie de la sédimentation de notre monde. Nous sommes la géologie du monde sensible. 

Bien souvent dans sa production, ces fantômes prennent la forme d’étoiles. Ce choix n’est pas anodin et sont une référence à l’astrobiologiste Carl Sagan, qui expliquait dans sa série Cosmos que « l’azote dans notre ADN, le calcium de nos dents, le fer dans le sang, le carbone dans nos tartes aux pommes ont été faits à l’intérieur d’étoiles qui se sont effondrées. Nous somme faits de poussières d’étoiles ». `

Magdalena Lamri, diplômée de l’ENSAAMA Olivier de Serres, est née en 1985, elle vit et travaille à Montreuil (93).