Musée Photographie Charles Nègre

L’océan, berceau de notre vie, se transforme doucement en tombeau de l’humanité. Victime de l’illusoire recyclabilité de la matière plastique, nous en déversons huit millions de tonnes dans l’océan chaque année. 99% de ces plastiques ne sont jamais retrouvés car se sont délités en grande partie, formant des particules inférieures à cinq millimètres et qui constituent l’essentiel de la pollution plastique de l’océan.

En raison de leurs très petites tailles, ces particules passent entre les mailles du filet et ne peuvent malheureusement pas être récupérées. Nous faisons face à un théâtre d’activité de la vie sous-marine étouffée par le plastique, nouvelle « végétation » de cauchemars.

Les Particules se proposent de rentrer dans la couche immobile des eaux, de lever le linceul sur les peuples invisibles, et de plonger le spectateur dans un abîme de réflexion.

Avec l’image créatrice, Manon Lanjouère offre une nouvelle forme au monde détruit de demain en réinventant sa structure : les matériaux plastiques récupérés sur les plages, dans nos poubelles, ou modélisés en 3D, deviennent la nouvelle forme représentative des microbiomes et planctons. Ce plancton si vulnérable et dont nous sommes pourtant si dépendants est le premier fournisseur d’oxygène de la Terre et l’un des puits de carbone les plus importants.

Cette espèce de prophétie apocalyptique montre un paysage sous marin sublimé, volontairement trop doux, trop artificiel, « nulle part la fraîche nature n’y respire » (G.Bachelard). Comme l’eau que l’on se projette au visage, Les Particules souhaite réveiller cette énergie de voir, transformant le regard en une action claire et facile conduisant à une réelle prise de conscience. Manon Lanjouère confie ainsi à l’imagination et la création artistique, l’ambition d’exciter le désir de transformation de la société.

Le projet a été réalisé à la suite d’une résidence à bord de la goélette scientifique Tara en 2021. Il a été rendu possible grâce au soutien de la fondation Tara Océan, La Fab, ainsi qu’au prix Photographie et Sciences 2022 de la résidence 1+2.

Manon Lanjouère

Artiste visuelle née en 1993, Manon Lanjouère vit et travaille à Saint-Malo. Formée en Histoire de l’Art à la Sorbonne puis à l’école des Gobelins en photographie, elle grandit et évolue au sein d’un théâtre parisien : point de départ de sa pratique pluridisciplinaire.

Mélangeant photo, sculpture et installation, ses récits imaginaires, et leurs dimensions merveilleuses se mêlent aux images des progrès du présent pour faire naître une réalité encore non vue, proposant un voyage entre passé et anticipation. Derrière chaque histoire, la tentative de comprendre l’interaction entre le Vivant et l’humain reste centrale.

Le travail de Manon Lanjouère a été présenté en France et à l’étranger, dans le cadre de festivals ou d’expositions collectives et personnelles.

Il fait partie de collections privées ainsi que de collections d’institutions et musées tels que la Maison Européenne de la Photographie, le musée Nicéphore Niepce, le musée de l’Élysée, le Centre National des Arts Plastiques, la Bibliothèque Nationale de France, la Fondation François Schneider, la New-York Public Library et du Worcester Art Museum.

Commissaire : Manon Lanjouère