Galerie de la Cabrerisse

Gérard JAN, natif du Minervois est élevé par ses grands-parents. Il fait ses études aux Beaux-Arts de Toulouse. L’eau forte et l’aquatinte sont ses premières armes, il devient l’héritier scrupuleux d’un art de faire du XIXème siècle.

Ses paysages aux bâtisses délaissées sont habités de saules, de cyprès et de canisses.

Inspiré des clairs-obscure de PIRANESE, Gérard JAN joue dans une étrange altérité  – le silence s’installe.

Ses compositions offrent l’abandon dans une paradoxale dynamique d’éternité.

Un « Memento-Memory » de notre temps.

Grand Prix de la ville de Toulouse et de la fondation internationale Kiwanis. Le Musée Raymond LAFAGE (dessinateur et graveur du XVIIème siècle) le présente. La galerie Yves CALLET (Vevey) le soutient.  « Contemplation », sa monographie aux éditions CMY, met en lumière un grand dessinateur et coloriste qui interroge et témoigne.

La maîtrise de son œil liée à la justesse de sa main devient l’exception, quand aujourd’hui la photo peut s’enrichir de manipulations numériques.

Cette rare singularité est présentée à Paris, Biarritz, Annecy, Toulouse, Bordeaux, Vevey, New-York …

Gérard JAN s’engage dans le « Monotype » et le « Pastel sec ».

Ces deux techniques complexes, façonnent son univers singulier – arbres et maisons surmontées de nuages joufflus animés de lumière. Un réalisme surréaliste sans prétentions intellectuelles.

Clartés et pénombres jouent. L’artiste est le scénographe qui régule ses projecteurs.

Ses pigments posés en strates deviennent son archéologie, il nous offre ainsi la lecture de sa construction.

Ses monotypes – Gérard JAN se sert des encres noires et grasses utilisées pour la gravure.

Ses pinceaux déposent ou essuient pour faire apparaitre ses gris et ses blancs qui ne sont pas fait d’encre blanche. C’est dans cette alternance, « d’application et de soustraction », que son œuvre se construit. De ces obscurités naît la lumière.

Cette technique rare et confidentielle choisie, pour ses multiples possibilités, utilise la forte pression d’une presse pour transférer le travail sur un papier choisi. Les papiers Japon aux teintes variées exaltent ses compositions.  Le « non finito » cher à Michel-Ange, Rodin, s’installe  – l’essentiel est dit.

CASTIGLIONE au XVIIème siècle, invente le procédé du monotype. Les impressionnistes le popularisent au XIXème. Edgar DEGAS en est le chef de file, puis PICASSO, MATISSE, CHAGALL, Sam FRANCIS, David HOCKNEY…

Ses pastels secs – Une technique délicate et fragile quand il s’agit de peindre la lumière.

Les pigments superposés en strates instables en écrivent l’archéologie, nous offrant ainsi la lecture de sa construction et deviennent le réceptacle de ses plus beaux éclats.

Ses bâtonnets, qu’il lui arrive de fabriquer, crayonnent son fond préparé pour retenir la poudre lumineuse.

Une technique directe, sur laquelle il est difficile de revenir pour ne pas éteindre les capacités du velours lumineux.

Inventée en France à la fin du XVème siècle, technique utilisée par Léonard DE VINCI, puis par les impressionnistes.

Gérard JAN oppose – la couleur aux couleurs – le noir aux blancs – le végétal minéralisé au minéral végétalisé.

Ses cieux abyssaux sont habités de nuages volubiles – ses sols scarifiés cultivent l’absence, le silence.

Aucune intrusion, l’équilibre semble parfait. Sans musique, il nous fait danser dans ses fragmentations paysagées. Ses rideaux de murs ou d’arbres cachent la vue, mais ils ne sont pas des remparts à une tendre solitude addictive. Gérard JAN nous libère parce qu’il nous offre un horizon toujours à portée de la main.

Dominique Prévost