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La colombe de la paix Pablo Picasso

Bruno Bossut – Détournement pictural

Du 13 juillet au 21 septembre 2024 – Vernissage samedi 13 juillet à 12 h

Le détournement comme point de départ d’une recherche plastique

Au travers de cette monographie, il s’agit de révéler le fil rouge qui parcourt les axes de recherche de l’artiste : le détournement. 

Entre ses doigts, une peinture se contorsionne et devient sculpture, la réplique par moulage d’une assise design iconique (comme la chaise longue Eames) se pare d’une surface abstraite expressionniste, un objet usuel — un miroir — semble se ramollir, se déformer et ne plus remplir correctement sa fonction, ou encore une toile de maître est transposée en une pièce monumentale ayant gagnée une troisième dimension.

La matière picturale employée par Bruno Bossut joue un rôle déterminant dans ce détournement. C’est par elle — sa composition et son usage — que le plasticien extrait l’objet de son statut initial pour le faire muter ou l’enrichir d’une qualité supplémentaire. 

C’est ainsi qu’une table est aussi un tableau ou qu’une sculpture est dans le même temps une peinture. Il en résulte une production réjouissante en couleurs qui brise les frontières entre les domaines de la création : design, arts plastiques, artisanat et industrie. Bruno Bossut produit une œuvre enthousiasmante et fédératrice qui déplace, interroge et fait sourire.

La divulgation en avant-première de « Vincent, Willy et moi »

Cette peinture sculpturale monumentale (installée à Claouey) est le résultat d’une fusion entre la peinture d’un artiste mondialement reconnu — « Les tournesols » de Vincent Van Gogh et les jardinières, aujourd’hui iconiques, d’un designer industriel pionnier — Willy Guhl. 

Cette synthèse est orchestrée par Bruno Bossut, sculpteur et peintre. Le plasticien a donné corps au bouquet de tournesols de Van Gogh en lui ajoutant une troisième dimension et une monumentalité. C’est la forme en corolle des jardinières de Willy Guhl qui lui a inspiré le lien avec le tableau. Les versions « Oreille d’éléphant » (dans 2 tailles) et « Mouchoir » (dans une taille) lui ont servi de masters pour la réalisation des moules et ont guidé, de fait, la monumentalité de l’œuvre finale.

Passionné par la peinture de Vincent Van Gogh et notamment de son « impasto », Bruno Bossut a souhaité révéler ce travail de la matière par un jeu de changement d’échelle, vers un grossissement à l’extrême de la touche. Il montre ainsi à quel point la lumière est constitutive de la toile en se logeant dans les creux et bosses de la peinture. 

Par ailleurs, le plasticien a bien noté que le peintre avait construit son bouquet pour une lecture frontale de celui-ci, agençant les tournesols de face, de 3/4 ou de profil, mais jamais de dos. Il en résulte une composition quasiment plate renforcée par le cerne qui définit les contours du vase et l’absence d’un jeu d’ombre et de lumière sur celui-ci pour simuler le volume. Le plasticien adopte le point de vue frontal de Van Gogh en travaillant le volume selon un angle de vue idéal pour le regardeur de 90°. 

Cet angle permet à la fois de respecter la vision proposée par le peintre et de constater de l’incidence lumineuse sur la touche en relief. Dans cet esprit, le vase — bien que réalisé en volume — a ses flancs cernés de marron donnant l’illusion d’une platitude ; de même, le dos de la pièce est laissé brut afin de renforcer le sens de lecture. Pour cette raison, Bruno Bossut affirme avoir créé avant tout une peinture monumentale adoptant des atours sculpturaux pouvant s’apparenter, par certains aspects, au bas-relief.

Tout commence en 2008 par la création d’une réplique par moulage de l’iconique modèle de chaise Bofinger (1966) du designer Helmut Bätzner.

Pour la première fois, Bruno Bossut choisit de traiter la surface d’un objet non plus de façon monochrome, mais à la manière d’un peintre. Il pénètre alors avec envie l’univers pictural. Le plasticien travaille selon trois axes qui, chacun, puise dans les caractéristiques de l’autre. Il y a d’abord cette volonté de sculpter la peinture, puis de déformer des objets réels et enfin de réaliser des répliques de mobilier mythiques en faisant de véritables surfaces picturales utilitaires. 

À chaque fois, il s’agit, par l’appréhension d’un volume, de provoquer le mouvement dans l’objet et/ou du spectateur.

C’est progressivement que la peinture devient sculpture. L’artiste engage sa réflexion en peignant à l’aide d’une épaisse résine et par larges touches une toile montée sur châssis. L’œuvre est monochrome, abstraite. Ce qui importe, ce n’est pas tant ce qui est représenté que le jeu de la lumière dans les stries de la matière. (Ce n’est pas un hasard si Bruno Bossut est transporté par le travail de Van Gogh et Soulages.) La lumière révèle un volume, on sort alors d’une surface plane pour s’approcher de la troisième dimension.

Le créateur décide de faire de ses toiles des moules en silicone qu’il déforme pour produire un objet unique dans son volume, mais identique dans sa surface, et passer ainsi d’une pièce à présenter au mur à une sculpture à poser sur un socle. Pour le spectateur, cela signifie sortir d’une immobilité contemplative et entrer dans une sorte de chorégraphie révélant les contours de l’œuvre. Deux mouvements s’opèrent : le médium peinture est évacué au profit de la sculpture ; l’objet manufacturé en fibre de verre prend la place de l’objet réel (une toile montée sur châssis).

Aimant particulièrement briser les limites du réel et rendre possible ce qui normalement ne l’est pas, le […]

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