La première partie de l’exposition présentera le projet KASHI, réalisé à Varanasi entre 2014 et 2019. Là-bas, dans cette cité multimillénaire du nord de l’Inde, brûle un feu sacré qui depuis plus de trois mille ans, emporte dans ses fumées le corps des défunts.

Dans ce labyrinthe inextricable de temples et de palais en ruines, les frontières du réel semblent se dissoudre et par une faille s’engouffre un monde mystique, un quotidien tissé de sortilèges. Loin d’être une description fidèle de la réalité, ces images témoignent de la mythologie intérieure de T. Vattard.

La seconde partie de l’exposition proposera un regard transversal sur d’autres projets en cours, avec des photographies plus récentes réalisées au Maroc et en Andalousie.

« Kashi » exerce une forme d’envoutement. La photographie y est de l’ordre de la méditation et appelle à la contemplation, sereine ou fiévreuse. Les images, denses, tant dans la profondeur des tonalités que dans l’épaisseur presque palpable de l’air ou des émotions qu’elles suscitent, semblent faire ressurgir des mythes originels.

Peu importe que les photographies de Tilby Vattard soient fidèles à une réalité, d’ailleurs. Le photographe, qui a consacré plusieurs années à développer ce projet, semble s’être imprégné de la dimension spirituelle des lieux.

C’est à sa perception, à son souffle profond qui habite les images, à ce qu’il saisit d’immémorial, qu’elles ressemblent. On s’y perd comme dans un rêve, peuplé de silhouettes furtives, de vapeurs inquiétantes, d’enfants victimes de quelque sortilège, de gestes suspendus, d’animaux qui se muent en créatures mythologiques. Il en va ici des mythes et des légendes, des sacrifices, du parcours initiatique et de la communion.

Caroline Bénichou

Le vernissage sera suivi d’un temps de signature du livre « Kashi »