Romana Schmalisch et Robert Schlicht – La chorégraphie des marchandises
Du 7 octobre au 5 novembre 2023 – Vernissage vendredi 6 octobre de 18h30 à 22h00
Aujourd’hui, 80 % des marchandises internationales sont transportées dans des conteneurs. Des iPhones de Chine, des baskets de Tunisie, des t-shirts du Bangladesh, des canards en plastique de Malaisie… vont et viennent entre les continents, certains à de multiples reprises, d’autres seulement en pièces détachées. Mais bien qu’il soit le fondement de la société mondialisée le conteneur lui-même reste pratiquement invisible. Or, l’image du conteneur est devenue emblématique de la globalisation.
L’exposition « La Chorégraphie des marchandises » examine la tension entre la visibilité et l’invisibilité non seulement du conteneur, mais aussi, par extension, de la société. En effet, que révèle l’image d’un bureau, d’une usine, d’un entrepôt ou d’un conteneur sur les relations sociales en jeu ?
Dans le cas du conteneur, il ne s’agit pas que de ses tôles d’acier, qui cachent les marchandises qu’il contient, mais plus encore des relations socioéconomiques dans lesquelles il est impliqué, voire qu’il permet de nouer. En effet, la mondialisation ne serait pas envisageable sans le conteneur, qui a révolutionné les processus de travail dans les ports et les flux du commerce international certes, mais au-delà, il a transformé l’économie capitaliste toute entière. Les terminaux à conteneurs semblent aujourd’hui contrôlés par une « main invisible », conçue par une intelligence artificielle, qui guide les navires et planifie le chargement et le déchargement des conteneurs, semblant résoudre tous les problèmes par elle-même et positionnant les humains comme des simples spectateurs face au flux de marchandises toujours optimisé.
« La Chorégraphie des marchandises » présente une installation vidéo multicanal qui met en relation les opérations sur les porte-conteneurs, dans les ports et les centres de distribution, le pilotage des navires, l’organisation et la modélisation des flux de navires et de conteneurs, l’histoire du commerce, la réification des relations sociales, la simulation des opérations, la fétichisation des objets et la mystification de la société. Les séquences juxtaposées révèlent une image du conteneur devenu le pivot de l’économie mondiale.
L’exposition « La Chorégraphie des marchandises » s’inscrit dans le projet cinématographique et de recherche scientifique À la pêche à l’épave issu de la résidence des artistes Robert Schlicht et Romana Schmalisch au Frac Sud, en coopération avec le Goethe-Institut Marseille, en 2021.
Romana Schmalisch et Robert Schlicht sont chercheurs, artistes et cinéastes. Romana Schmalisch a étudié les beaux-arts à l’université des Arts de Berlin. Elle a été artiste en résidence dans de nombreuses institutions, dont l’académie Jan Van Eyck à Maastricht, le Studio Voltaire à Londres et les Laboratoires d’Aubervilliers. Robert Schlicht a étudié la philosophie à la Humboldt Universität à Berlin. Le travail commun de Schmalisch et Schlicht se situe entre le cinéma et la théorie, et se concentre sur la représentativité des processus historiques et des structures sociales. Des expositions, des performances et des films se penchent sur le thème du travail dans les sociétés capitalistes. En 2019, leur premier long métrage, Labour Power Plant, a été présenté à la Berlinale. Les deux artistes et cinéastes ont été en résidence à Marseille à l’Iméra en 2022 et 2023 et à Montévidéo en 2023 et 2024.
Le Grand Entrepôt
Le projet de recherche Le Grand Entrepôt mené au sein du Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail (CNRS, AMU) porte sur l’émergence de « zones franches » et de « zones grises » industrialo-commerciales. Celles-ci qui jouent désormais un rôle crucial dans l’organisation de la fonction de stockage, que certains économistes nomment « économie d’entrepôt ». Delphine Mercier et Michel Peraldi coordonnent le programme intitulé Le Grand Entrepôt (2022–2026). L’installation vidéo multicanal dans l’exposition « La Chorégraphie des marchandises » au Frac Sud a bénéficié du soutien du Lest et du projet ANR.