Pauline Thollet, Le ballet des grenouilles – Arnaud Chochon, Entre deux eaux
Du 13 octobre au 2 décembre 2023 – Vernissage vendredi 13 octobre à 19h
L’association Bruits d’Couloir réunit les séries d’Arnaud Chochon et Pauline Thollet.
Si les deux artistes puisent leur inspiration dans un espace commun, leur approche est radicalement différente : à l’un la rectitude des bassins « entre deux eaux », à l’autre le bouillonnement organique du « ballet des grenouilles ».
Pour autant, les travaux d’Arnaud et Pauline ne s’opposent pas ; la minéralité architecturale du premier et la physicalité des corps de la seconde se répondent et relèvent, in fine, toute les deux du même principe : la suspension du temps, entre deux eaux, entre deux respirations.
Pauline Thollet, Le ballet des grenouilles
Ce sont des chrysalides, plus tout à fait des enfants, pas encore des adultes.
Elles doivent composer avec les incertitudes de l’adolescence et la rigueur de leur sport, plus de vingt heures d’entraînement hebdomadaire,
après les cours au collège.
Elles dansent dans l’eau, précises, équilibrées et disciplinées. Tout doit être en place pour les championnats, la chorégraphie et leur apparence.
Elles visent l’or.
Leur groupe est traversé par une énergie éclatante, et beaucoup d’entre elles évoluent ensemble depuis des années.
Elles ont l’âge de la métamorphose, celui des changements et des doutes, et tout est à la fois très léger et très intense.
Les liens qui se créent entre elles sont puissants, elles sont comme des sœurs qui grandissent en marge du monde.
Pendant un an, elles me laissent m’immerger dans leur microcosme.
Arnaud Chochon, Entre deux eaux
« Il y a piscines et piscines. Piscines particulières qui furent un temps signes extérieurs de richesse mais qui aujourd’hui constituent l’aménagement du plus banal des pavillons de banlieue aux terrains garantis « piscinables »,
piscines municipales bruyantes et populeuses où les corps se mêlent dans un joyeux désordre de plongeons et de fortes odeurs de chlore. Piscines ouvertes l’été, couvertes l’hiver mais qui n’ont pour la plupart qu’une valeur d’usage.
Toutes autres et nettement plus aristocratiques sont ces piscines que nous propose le regard d’Arnaud Chochon qu’il a découvertes par un patient repérage dans divers villes de France.
D’ailleurs, dans leur majesté, leurs architectures imposantes de style néo-classique, néo-baroque, arts déco, art nouveau et même industrielles, elles ressemblent plus à des théâtres, des temples, des cathédrales, des bibliothèques
et nous renvoient plus à l’image de la culture que de la culture physique.
Le choix de les photographier vides et désertes participe de cette volonté de nous les représenter débarrassées de leur fonction ludique ou sportive, comme purifiées de toute contingence, purs objets de contemplation.
La répétition systématique du même point de vue, tandis que les lignes de fonds convergent vers un point de fuite pour la construction de perspectives parfaitement maîtrisées, la ligne d’horizon toujours à la même hauteur d’œil,
donnent une stabilité à l’ensemble de la série.
En arrêt de fonctionnement, ne résonnant plus d’aucun bruit parasite, elles se posent là, belles et monumentales, au point de les espérer abandonnées à tout jamais à leur seule présence silencieuse et photographique. »
Dominique ROUX