Soyez bien informé !

Abonnez-vous à La Lettre du mois & L’Hebdo du dimanche

Les Incontournables

Contemporanéités de l'art soutient la jeune photographie

Lieux d’exposition

Le + Récents

Le Retour - Anthea Hamilton, "Peacock", mousse, impression numérique sur coton, jean, anneau en acier, 150 x 270 x 4 cm. "Slanted Tartan 2", acier brossé, boulons, 200 x 426,4 x 0,3 cm. "Prude Wallpaper", papier peint, dimensions variables. 2018. Centre national des arts plastiques © Anthea Hamilton / Courtesy de l'artiste et Thomas Dane Gallery / Cnap. Photo : Andy Keate

Le Retour – Pierre Tilman « Les Îles flottantes »

Du 28 janvier 2023 au 7 janvier 2024 – Vernissage samedi 28 janvier – 18h30

Le Retour

OEuvres du Centre national des arts plastiques en dialogue avec la collection du Mrac Occitanie.

Abdelkader BENCHAMMA, Andrea BÜTTNER, Nina CHILDRESS, Robert CRUMB, DADO, Lubaina HIMID, Judith HOPF, Laëtitia BADAUT HAUSSMANN, Pierre JOSEPH, Nathalie DU PASQUIER, Anne-Lise COSTE, Élisabeth BALLET, Bernard BAZILE, Linus BILL & Adrien HORNI, Jean-François BOCLÉ, Bruno BOTELLA, Nicolas DESHAYES, Studio GGSV, Anthea HAMILTON, David HORVITZ, Özgür KAR, Cécile NOGUÈS, Jim SHAW, Achraf TOULOUB, Nora TURATO, Caroline TSCHUMI, Yuyan WANG

Sous le lit. Au placard. Dans le miroir. Ils reviennent.

À rebours des expositions thématiques ou de l’apparente neutralité des accrochages de collections muséales, « Le Retour » s’organise comme un délire paranoïaque, un cauchemar ou un trip : à partir d’une lacune centrale. On ne saura pas pour qui, pour quoi, ronflent les tambours hollywoodiens du titre. Cette histoire n’a cependant « rien de personnel ». Pour paraphraser Jim Shaw, un des artistes de l’exposition, nous espérons que ce que nous faisons à partir de nos rêves ne dépend pas de nous.

Les œuvres rassemblées sont, par certains aspects, familières. Beaucoup tirent leur matière du quotidien, de l’univers domestique et commercial. Elles se nourrissent de la surproduction contemporaine de clichés et de choses. Plusieurs s’ingénient à détourner, voire à saboter la façon dont les images circulent dans les tuyaux numériques. L’exposition s’ouvre ainsi sur un film de Yuyan Wang, One thousand and one attempts to be an ocean (2020) monté à partir de centaines de séquences vidéo Youtube oddly satisfying / étrangement satisfaisantes – des scies qui se révèlent, à la longue, moins inoffensives qu’il n’y parait. Ce qui persiste, c’est leur étrangeté, inquiétante évidemment. On assiste, hypnotisé·e·s, à « l’évolution du surréalisme en tant que force révolutionnaire œuvrant à l’intérieur d’un truc publicitaire » – pour dévoyer à nouveau les propos de Jim Shaw.

À travers le ressac des images et la glu des objets, « Le Retour » laisse sourdre souvenirs, peurs et désirs, à peine sont-ils refoulés que les revoilà. Au rayon symptômes et transferts, on trouve toute la panoplie clinique : fétiche, doppelgänger, fixette libidinale, terreur de l’autre et surtout, beaucoup de mélancolie. Aucune des œuvres rassemblées ne témoigne pourtant de complaisance pour le tourment intérieur du sujet. L’ironie est un garde-fou. Sous des titres trop explicites pour être honnêtes, les œuvres Mood Disorder, de David Horvitz, ou Death, d’Ozgür Kar, se révèlent narquoises à souhait. Ainsi nous interpelle le squelette soliloquant mis en boite par le second : « Hey ! Hey, toi là ! Es-tu naïf ? N’est-ce pas une question effrayante ? ».

Sous les surfaces séduisantes – LED et glaçures – tout est en réalité corrompu, tendancieux, joyeusement dysfonctionnel : peinture et pixels se contaminent, le papier peint pare le white cube, les sculptures sont molles, voire flaccides. Les œuvres réunies pour « Le Retour » n’en finissent pas de taquiner les grands préceptes modernistes, la pureté du médium et tout le tralala. Au-delà d’art, c’est d’élan vital dont il s’agit. Les stratégies d’hybridation, le désir de transmutation semblent courir d’une pièce à l’autre : artiste-oiseau, homme-femme-ordinateur, bidet-fesse. Échapper à la forme figée, à la catégorie, apparait comme une stratégie de résistance face à une réalité aliénante. Ni régression, ni retraite : « Le Retour » tente un pas de côté.

Cette exposition de collections est le nouvel épisode d’une série en cours : la longue complicité qui lie le Cnap et le Mrac. Une nouvelle sélection d’œuvres issues du fonds national d’art contemporain, pour la plupart acquises tout récemment, viennent prendre leur quartier dans les salles du musée, en dialogue avec la collection régionale, pour une
année. Les vingt-neuf artistes ainsi réunis, de toutes générations, travaillent en Europe –pour la moitié en France – et aux États-Unis. Beaucoup d’oeuvres sont présentées pour la première fois en France et/ou dans un contexte muséal.

Les citations de Jim Shaw sont tirées de « une conversation entre Jim Shaw et Mike Kelley », in Noëllie Roussel et al, Jim Shaw, Everything must go, Luxembourg : Casino, Genève : Mamco, Santa Monica : Smart Art Press, 1999, p. 43 et p. 49.

Pierre Tilman « Les Îles flottantes »

Du 28 janvier au 21 mai 2023

« Les Îles flottantes, pourquoi ce titre ?

L’artiste est l’île. Il se maintient, entouré de tous les côtés d’immensité. Il fait ce qu’il veut, ce qu’il peut, ce qu’il doit pour rassembler ses forces et tenir son identité. Son problème est de ne pas se refermer sur son auto particularisme. Il lui faut donc pouvoir dériver, faire la planche, se déplacer, flotter. Mon prénom est Pierre, la pétrification me guette. Isola isolée. Terrain sec, cerné d’humidité.

Mes Îles flottantes se doivent d’être recherche, confiance et, je l’espère, beau et chouette dessert, bon à manger.

Quand on travaille avec l’écriture et les images, on en revient sans cesse aux mêmes deux directions qui se croisent : le poids des mots, le choc des images. Mais comme la poésie a la tête dans les nuages, il s’agit ici du poids léger des mots et du choc léger des images. Mais, comme la poésie a les pieds sur la terre, et même dans la boue, il s’agit ici de force de matière, de couleurs. Tout se joue en permanence entre les mots du langage et les formes de la peinture et du dessin, entre ce qui se perçoit mentalement et ce qui se touche matériellement.

Les Îles flottantes sont à lire et à regarder du même oeil, ce qui veut dire qu’elles vivent au même moment dans le temps de la lecture qui va de gauche à droite et dans l’espace plastique qui s’appréhende globalement.

Ce qui compte, c’est l’évidence de la poésie, sa présence évidente. Tout ce que je viens de dire précédemment ne serait que du baratin si les Îles flottantes ne portaient pas en elles leur réalité poétique. Il faut que tout ça ait l’air d’être improvisé. Il faut que tout ça reste aussi swinguant que la voix du chanteur de blues qui porte en elle toute la douleur du monde et qui vous donne envie de sourire en rythme et de continuer à vivre. Le mec était là, avec sa guitare, sur le trottoir, au coin de la rue, et il est parti, on ne sait pas pour où, on ne connaît pas grand-chose de lui, on ignore même son nom. Ce qui compte est que ce type-là, ou cette femme-là, vous donnent envie de chanter et que l’air et les paroles vous prennent par la nuque et vous accompagnent un bout du chemin de votre vie. J’espère que mes Îles flottantes sont faites du même bois, de la même peau, de la même émotion, de la même famille fraternelle. Elles se meuvent dans l’histoire des émotions du vécu, des pensées en actes, des mots qui font des choses, bref de la poésie.»

Pierre Tilman

MRAC, 146, avenue de la plage – 34 410 Sérignan. Tél : 04 67 32 33 05

Je partage !

Pour suivre l’actualité du sud de la France tout simplement !

Abonnez-vous à La Lettre du mois & L’Hebdo du dimanche

error: Le contenu de ce site est protégé !
×