Henri Dauman – The Manhattan Darkroom
Du 17 février au 26 mai 2024 -Vernissage samedi 16 février à 18:30
Le Musée de la Photographie Charles Nègre de Nice présente « The Manhattan Darkroom », la rétrospective du travail inédit du photographe français Henri Dauman créée en 2014 au Palais d’Iéna à Paris et au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône. Cette rétrospective niçoise marque la dernière collaboration avec le photographe, décédé le 13 septembre 2023 à New York. Près de 170 photographies emmènent le public dans un voyage à travers l’histoire récente des États-Unis.
Des premières expositions d’Andy Warhol à l’émergence du Minimal Art, nous assistons à la mise en place d’une scène artistique dynamique et conquérante. Les arts sont florissants quand l’avant-garde a pour noms Merce Cunningham, Philip Glass ou Walter Wendy Carlos. New York est le creuset de toutes les transformations. John V. Lindsay et John Fitzgerald Kennedy expérimentent de nouvelles formes de marketing politique. La communication change et Henri Dauman s’en fait l’écho.
Tout s’accélère dans les années 1960, les femmes, les afro-américains et les minorités manifestent. Dans Life, mais surtout dans le New York Times, Henri Dauman relate fidèlement et avec originalité cette mutation. « The Manhattan Darkroom » est plus qu’une simple exposition photographique, elle est un mémorial de l’Amérique moderne.
L’Amérique est une fascination, mieux même, une sidération. Les premières images attestent de l’étonnement du jeune homme devant la puissance et l’élégance architecturale de la ville. Plus tard encore avec les photographies « New York, Looking up » (1960) – qui entre dans la collection permanente du MoMA – et « Roof top living in New York » (1963), Henri Dauman ne cessera de portraiturer, fasciné, la seule ville qui compte : New York.
Dans Greenwich Village, où il s’est installé, il saisit l’esprit désinvolte et décomplexé. Dans le Bronx, c’est un tout autre monde qu’il dépeint. « The Savage Nomads Gang » (1977) expose sans détours une jeunesse en rupture, inventant ses propres codes.
La presse apprécie particulièrement ses portraits. Muni d’appareils chargés en couleur et en noir et blanc, il joue des deux supports pour évoquer avec justesse, ce qu’il pense être la nature véritable du personnage. Il se plaît à dresser des biographies et à cerner la figure de son sujet. Toujours au plus près, il espère gratifier le lecteur d’une image qui ne soit pas qu’une simple illustration.
Ses portraits féminins (Jane Fonda, Brigitte Bardot, Jean Seberg, Marylin Monroe) sont emprunts d’une tendresse toute particulière. On se sent seuls avec elles. Ce sentiment de proximité, on le retrouve parfois chez des personnages masculins pour lesquels on ne s’y attendrait guère (Jean-Luc Godard, Eugene Ionesco, Elvis Presley ou Alain Delon).
La priorité avec Henri Dauman, c’est de raconter des histoires. L’homme avoue sa dette au cinéma et à sa grammaire. Séquences, short cuts, plans rapprochés, fondus au noir, jeux de lumière, tout l’arsenal du cinéma est convoqué pour que l’image, la légende et les textes ne fasse plus qu’un.
À l’efficacité du cinéma américain répond la justesse de la mise en page du magazine. Ce style n’est pas qu’un hommage, il répond à la concurrence grandissante des médias émergents.
Ruse de l’histoire, c’est au moment où ses reportages sont les plus aboutis (funérailles de John Fitzgerald Kennedy, 1963) que l’emprise de la télévision est totale. L’âge d’or des magazines s’achève. Ce tournant, moment crucial dans l’histoire de la communication, Henri Dauman le préfigure dans son portrait prémonitoire de Marshall Mac Luhan (1974).
L’œuvre photographique d’Henri Dauman apporte un nouveau regard sur l’Amérique. A un moment clé, celui du renouvellement des générations, quand les États-Unis renouvellent leurs idées, leurs formes et leurs modèles se rejoignent, elle offre le visage contrasté du doute, de la lutte et de l’espoir. Cette vision est celle d’un homme qui, grâce à son parcours atypique et à la justesse de son regard, sera en première loge pour nous raconter cette histoire et nous livrer des images inédites.
Commissaires d’exposition originels : Audrey Hoareau et François Cheval
Délégué général d’exposition : Vincent Montana
Galerie du musée de la photographie Charles Nègre
1 Place Pierre Gautier – 06300 Nice
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