Marine Lanier – Au Cœur de la Nuit Rouge
Du 28 octobre 2023 au 28 janvier 2024 – Vernissage samedi 28 octobre 2023 à 11h
« Marine Lanier développe depuis plusieurs années une œuvre photographique au seuil du réel où la fiction, le mythe et une certaine forme de symbolisme nourrissent un imaginaire visuel à la troublante puissance d’évocation.
Nos Feux nous appartiennent (2007-2016), Le Soleil des loups (2018), Les Contrebandiers (2020) : ces « titres-images », pour citer l’auteur et photographe Eric Bouttier, donnent la mesure du caractère épique des « fables documentaires » façonnées par Marine Lanier. La nature, notre relation au vivant, au primitif, au sauvage, sans oublier son regard porté sur des existences et des communauté humaines en marge constituent le cœur de ses projets au long cours.
Elle puise ainsi dans son histoire familiale – une arrière-grand-mère aveugle avide de récits imagés et un arrière-grand-père capitaine qui n’a jamais navigué – mais également dans la littérature de voyage que celle-ci soit purement imaginaire, intérieure ou relatant des récits sensibles de découvertes de territoires naturels impressionnants, à l’instar de ceux de Jack London, de Henry David Thoreau, de Joseph Conrad, de Jules Vernes, parmi d’autres.
Détachée de tout idéal de réalisme documentaire, Marine Lanier élabore une iconographie personnelle à l’esthétique radicale. Les jeux de décadrages, les gros plans, les portraits sous filtres monochromes, les lumières irradiantes et les clairs obscurs mystérieux composent d’authentiques visions oniriques au potentiel narratif. Ces images sont aujourd’hui inséparables du travail d’écriture que l’artiste réalise en parallèle ou au départ de ses « photo-fictions » notamment pour les plus récentes, actuellement présentées au Centre d’art et de photographie de Lectoure : L’Habit de naufrage (2021) et Le Jardin d’Hannibal (2019-2022).
Pour L’Habit de naufrage, Marine Lanier aborde à travers un personnage fictif de capitaine et son journal de bord, la part de mystère et de danger inhérents à l’imaginaire du monde de la mer – profondeur des abysses, violence des éléments, destinées humaines tragiques – qu’elle immortalise dans des photographies surnaturelles prises au cours de divers arpentages des côtes bretonnes, lors d’une résidence avec L’Imagerie à Lannion.
Réalisée dans le cadre d’une commande publique nationale menée par la Bibliothèque nationale de France, Le Jardin d’Hannibal prend pour décor le jardin-laboratoire du col du Lautaret, par lequel Hannibal, le célèbre général de l’Antiquité, aurait mené sa légendaire traversée des Alpes. Pendant plusieurs mois, Marine Lanier a suivi chercheurs, étudiants et jardiniers attachés à analyser l’évolution et l’acclimatation de la biodiversité en cette période charnière de bouleversement climatique. Dans les pas de précurseurs de la photographie du vivant, Marine Lanier réalise un singulier herbier photographique de cet écosystème du futur, dont elle dessine les contours hallucinés. »
Damarice Amao, commissaire de l’exposition
Marine Lanier
Marine Lanier est une photographe née en 1981 qui vit et travaille dans la Drôme à Crest. Après des études de géographie, lettres et cinéma, elle obtient un diplôme de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles en 2007.
L’univers photographique de Marine Lanier se situe à la lisière du familier et de l’exotisme, du prosaïque et de l’étrange, du clan et de l’aventure. Des lieux intimes sont le support de fantasmes fictionnels où se rencontrent pays imaginaires, cartes et régions inconnues, climats perdus, civilisations disparues.
Sa pratique photographique questionne les notions de limite, de transgression et de métamorphose. Elle devient aussi un véhicule, un moyen d’accès à un passé lointain et souterrain, une sorte d’ouverture sur l’ancestral. Comme deux fils qui se croisent, Marine Lanier ranime des souvenirs familiaux sur le mode sensoriel à travers l’image et l’écriture.
Ses recherches se situent dans cet interstice, ce pli à la frontière du passé, du présent et de l’anticipation — les apparitions résiduelles d’époques anciennes reviennent à la surface d’un continent intérieur. La Nature se montre dans sa dimension à la fois lyrique et primitive pour questionner la puissance du sauvage qui nous entoure.
Elle affleure par ses éléments irréductibles tels l’eau, le feu, la terre, la glace, la végétation, le vent, la peau, le sang, la poussière. Le tout entre en collision avec l’autobiographie — elle fait écho alors à quelque chose de plus large, de plus grand, qui dépasse le particulier pour se tourner vers la mémoire collective, transgénérationnelle, vers nos mythologies, nos peurs primaires, les éléments d’une certaine cosmogonie cachée.
Centre d’art et de photographie, Maison de Saint-Louis, 8 Cours Gambetta 32700 Lectoure
Tél : 05 62 68 83 72. Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 13h et de 15h30 à 19h30.
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