Poser un regard contemporain et créatif sur l’Histoire et la modernité des sociétés africaines, sur leurs relations avec le monde occidental, voici ce que propose le photographe de renommée internationale Omar Victor Diop. Dans une exposition exceptionnelle présentée cet été au Didam, cet artiste sénégalais -devenu en l’espace de dix ans seulement l’un des grands noms de la photographie africaine contemporaine présente un travail haut en couleurs autour du portrait et de l’autoportrait. Héritier des grands photographes africains Mama Casset, Seydou Keïta et Malick Sidibé, Omar Victor Diop invite, dans une création nourrie de symboles, à poser un regard nouveau sur la société africaine, sur la diversité de ses modes de vie et sur les visages créatifs du continent. Une photographie qui ouvre les yeux sur les violences du passé pour mieux engager notre monde contemporain vers l’universel et l’humain.

À travers un parcours d’une cinquantaine de photographies, l’exposition propose de découvrir quatre des séries réalisées par le photographe depuis sa toute première reconnaissance internationale en 2011 aux Rencontres de Bamako, biennale de la photographie africaine. Chacune de ces séries, « Futur du Beau », « Diaspora », « Liberty » et « Le Studio des vanités », convergent vers un même objectif : celui de retracer l’Histoire et l’évolution des sociétés africaines, sur leur propre sol et par la force de l’histoire dans le monde entier. Dans la série « Futur du Beau » (2011), Omar Victor Diop détourne et réutilise des biens et des déchets, représentations de la société de consommation et des grands problèmes environnementaux, pour habiller ses modèles. Il questionne ainsi les standards de beauté et d’élégance mais aussi l’usage que nous faisons quotidiennement de ces objets partout dans le monde dans la démesure la plus totale. Par là-même, il met un coup de projecteur sur les problèmes de protection de l’environnement, de gestion des déchets et d’impacts sur la nature qui nous entoure, problèmes particulièrement aigus sur le continent africain.

Cela fait exactement dix ans que j’ai saisi un appareil photo avec l’intention de montrer la lutte de mon peuple, ses moments de fierté, son altruisme, son incroyable diversité et sa capacité d’adaptation.

En 2014, il se met lui-même en scène dans la série « Diaspora » au travers d’autoportraits où il incarne de grands hommes africains qui ont marqué l’Histoire. Il débute avec cette série son travail sur l’histoire des Noirs en Afrique et dans le monde. Ainsi, en 2017, il évoque avec « Liberty » les moments marquants des protestations noires toutes chronologies et géographies confondues,  rendant hommage à ceux qui aspirent à la liberté et à la dignité : des portraits et autoportraits sur fond noir, qui tendent au recueillement et à la célébration, représentant de grandes personnalités africaines et des anonymes engagés pour la reconnaissance de leur histoire et de leurs luttes.

Enfin, avec la série « Le Studio des vanités » débutée en 2012, Omar Victor Diop tire le portrait d’une génération de jeunes créateurs issus de toute l’Afrique, stylistes, chefs, DJ, musiciens, mannequins, blogueurs et blogueuses… Il nous plonge ainsi dans les facettes les moins connues du patrimoine, de l’histoire et de la culture africaine tout en alimentant ainsi un dialogue interne, celui de son identité en tant qu’artiste et en tant qu’individu. L’objectif du « Studio des vanités » est d’aller au-delà de la pure représentation esthétique de la beauté de la jeunesse : ses modèles sont des personnes de talent dont la vie fourmille d’échanges créatifs. Avec eux, le photographe espère projeter une image différente du continent africain, afin d’attirer l’attention sur sa florissante production artistique et sur la diversité d’une scène culturelle aux mille visages.

Voici les nouveaux visages des cultures urbaines du continent. Ils sont noirs, arabes, blancs, qu’importe. Ils sont créatifs et ambitieux, mais surtout, ils travaillent à faire de leurs visions une réalité. Je dresse le portrait d’une génération qui œuvre à positionner l’urbain africain en tant que creuset de la création contemporaine, lieu d’échanges et de production.

Omar Victor présente son travail depuis 2012 sur la scène artistique mondiale : Fondation Louis Vuitton (Paris), Maison Européenne de la Photographie (Paris), Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (Rabat), Fondation Gulbenkian (Lisbonne), Rencontres internationales de la Photographie (Arles), Musée Astrup Fearnley (Oslo), Moody Center for the Arts (Houston), Flint Institute for the Arts (Michigan), Monash Gallery of Art (Melbourne), Guggenheim (Bilbao), Daegu Photo Biennale (Corée du Sud), Biennale de lʼArt Africain Contemporain-Dak’Art (Dakar)… Ses œuvres ont été acquises par de nombreux collectionneurs et institutions. L’une d’entre elles se trouve dans la collection du Frac-Méca Nouvelle Aquitaine.