Exposition Stéphane Belzère, Elisa Haberer – Cologne

Stéphane Belzère, Diaquarelles Elisa Haberer, photographies
Du 16 juillet au 3 septembre 2022
Quand La nouvelle galerie m’a sollicité pour choisir un ou une artiste dont le travail viendrait dialoguer avec les diaquarelles de Stéphane Belzère, m’est revenue en tête la série de montages photographiques La Maison de Bourgogne qu’Elisa Haberer m’avait présentée quelques mois plus tôt à l’occasion d’une lecture de portfolios. Les archives photographiques familiales qui m’animent et m’occupent depuis de nombreuses années* ont été, dans un premier temps, le point de jonction entre ces deux approches : Stéphane Belzère collecte et prélève, en vue de la réalisation de ses diaquarelles, des diapositives issues d’archives privées avant qu’elle ne soient « bazardées » définitivement alors qu’Elisa Haberer, s’empare des photographies conservées dans une maison de famille en Bourgogne pour constituer une sorte d’album de famille fictionnel à partir de quatre ou cinq lieux.
Néanmoins, si l’intime, la mémoire familiale et la biographie sont au coeur de la démarche de cette dernière, ces préoccupations semblent absentes de celles de Stéphane Belzère. Ce dernier appréhende la diapositive, non pas comme le support d’une histoire intime qu’il tenterait de scruter, mais comme un objet à part entière : le cache de la diapositive avec la marque du fabricant, ses couleurs et ses polices de caractère mais aussi le format de l’image, la couleur du cache et d’éventuelles annotations du photographe participent à l’élaboration de la diaquarelle autant que l’image elle-même. L’aquarelle se substitue ici à la transparence de la diapositive qui, dans son dispositif original, est projetée sur un écran. Stéphane Belzère continue avec ses diaquarelles son exploration des transparences, que ce soit celles d’une vitre d’atelier support d’une grande série d’autoportraits, celles des bocaux qui conservent des organes ou encore celles des vitraux de la cathédrale de Rodez.
La Maison de Bourgogne d’Elisa Haberer est la deuxième partie d’une trilogie qui s’ouvre avec Les Couleurs des tumuli et se referme avec Mémoires d’une perception : de retour dans son pays d’origine (la Corée du Sud) dont il ne lui reste aucun souvenir, Elisa Haberer propose dans les Les Couleurs des tumuli une cartographie photographique mise en fiction sur 24 heures. Quant à La Maison de Bourgogne, c’est une rencontre impossible entre le passé et le présent et la fabrication d’une fiction familiale réalisée à partir d’images d’archives personnelles datant des années 50 à nos jours. Enfin, l’artiste tente de rendre visible la réminiscence du souvenir. Sous des couches de lumières et de couleurs, des paysages se présentent comme les images mentales de la perception du souvenir, réactualisées dans le temps présent.Quelques pièces de chacune de ces trois séries sont présentées dans la Nouvelle Galerie cet été au côté du grand mur de la galerie recouvert d’une sélection de diaquarelles de Stéphane Belzère.
Les archives familiales ont été à mes yeux le premier point de rencontre entre les travaux de ces deux artistes mais il m’est apparu assez vite que chacun, avec ses moyens propres, travaillait la question de l’anachronisme. Avec Stéphane Belzère, l’anachronisme se situe dans la position de l’artiste face à son objet : n’y-a-t-il pas un grand paradoxe au 21ème siècle, à l’ère du numérique, à vouloir reproduire méticuleusement et manuellement des images produites industriellement au siècle précédent avec les moyens d’une technique picturale qui renvoie elle-même, dans l’imaginaire collectif, aux pratiques de peintres amateurs ? Chez Elisa Haberer, l’anachronisme est au coeur de sa recherche photographique : elle convoque, soit des images, soit des souvenirs du passé et les télescope avec le présent dans une tentative pour combler par la fiction et l’image les lacunes d’une histoire incomplète.
Commissariat, Dominique Blanc
La nouvelle galerie, une forme modeste d’engagement dans le champ de l’art et du soutien aux artistes : à l’initiative d’un groupe d’amateurs d’art, l’association à but non lucratif, « ligne de mire », a été fondée en 2021. Sa mission est de porter une « galerie d’art », dans des locaux situés à Cologne, Gers, mis à disposition par une de ses membres.
La_nouvelle galerie, 15, place de la Halle 32430 Cologne(Gers) Plan d’accès
Tel : 06 15 11 19 09