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Artur Heras – Journal De la nuit et du Brouillard

Du 20 janvier au 31 mars 2024 – Vernissage vendredi 19 janvier à partir de 18h30

L’exposition De la nuit et du brouillard est le fruit de la collaboration entre Anacleto Ferrer, professeur de l’Université de Valence (Espagne) et l’artiste plasticien Artur Heras. Depuis plusieurs années ils ont ensemble été commissaires d’expositions ou créateurs de projets concernant des figures valenciennes ou internationales de l’art ou de la pensée, entre autres Joan Fuster, Alfons Roig, Andreu Alfaro, Théodore Adorno. Anacleto Ferrer a traduit des auteurs allemands et publié des ouvrages sur la représentation de l’Holocauste, Facticidad y ficción. Ensayo sobre cinco secuencias de perpetración de la Shoah (2020). Artur Heras est bien connu déjà des Perpignanais pour avoir exposé ses oeuvres plusieurs fois Acentmètresducentredumonde.

Pour lui, l’art n’est pas seulement une recherche esthétique, c’est un langage. Et il a beaucoup à dire.

A l’origine de cette exposition se trouve une série de dessins basés sur les archives policières des camps de concentration nazis entreprise par l’artiste durant les mois d’enfermement de la pandémie. Quand la mort rôde, sans doute est-il naturel de se tourner vers ses racines. Il est né en 1945. Il cherche donc, à travers les images qu’il compile et recrée, ce que fut ou comment fut le monde sur lequel il a ouvert les yeux lors de cette année apocalyptique.

En Espagne où la guerre civile n’a pris fin que récemment, c’est celui de la supercherie. L’école, l’Eglise, les médias présentent les vainqueurs comme les défenseurs de la civilisation alors qu’ils remplissent encore et encore des fosses communes clandestines de fusillés officiels ou anonymes et les camps de concentration construits sur le modèle allemand de milliers de prisonniers. Ils transforment les images de la collaboration entre le Führer et le général Franco en victoires diplomatiques alors que ce dernier a cédé son propre pays comme champ de manoeuvres pour l’aviation de ses deux amis fascistes qui s’y sont entraînés à bombarder villes et villages, expérimentant ainsi les nouvelles méthodes de la guerre moderne.

Ailleurs sur la planète, l’horreur ne cesse de se révéler et de s’étendre. Dès janvier, la libération par les troupes soviétiques des « camps de la mort » de l’est de l’Europe a dévoilé l’ignominie absolue mais jusque là occultée de ce qu’y furent l’esclavage et le génocide. Mais elle a mis en lumière aussi l’importance de la participation des réfugiés républicains espagnols en France dans les rangs de la Résistance. Puis l’horreur gagne la partie adverse et ce sont les villes inutilement rasées alors qu’elles ne sont pas des points stratégiques, des milliers de morts civiles injustifiables.

Enfin les hommes trouvent comment aller plus loin dans l’horreur et viennent Hiroshima, Nagasaki et la menace nucléaire qui plane toujours sur nos têtes. Mais alors, l’Histoire a ouvert une page nouvelle.

Il convient de souligner combien cette exposition est exceptionnelle. Bien rares sont les artistes plastiques qui ont osé s’attaquer à un tel sujet. Comment exprimer en effet l’inimaginable ? Par quels moyens, par quels procédés techniques de la représentation témoigner du respect qui confine au sacré que l’on porte aux victimes du nazisme ? Voilà pourquoi cet ensemble d’oeuvres n’est pas un documentaire de plus, l’inventaire des données, des circonstances ou des statistiques. 

Il ne s’agit pas d’apporter des connaissances ni de faire appel à la raison mais de faire naître chez le spectateur la sensation de ces moments et l’art seul peut y prétendre. Ce sont des oeuvres réalisées avec des techniques sommaires ou fondamentales dans lesquelles le dessin est l’instrument qui permet de replacer le sujet parmi l’intemporalité de la douleur et de sa représentation au moyen de l’expression artistique nue qui fut la forme primitive du témoignage humain. Témoignage enveloppé d’une poussière noire de fumée, bien éloigné sans nul doute de toute sensualité esthétique.

Certaines oeuvres sont groupées à la manière de portraits personnels, individualisés par les uniformes, différenciés par leur condition de victime ou de bourreau et donc par leur expression. D’autres retracent les espaces, l’architecture occulte de ces non-lieux. Il y a des cartes et des plans similaires à des planches de botanique, traités au moyen du graphite qui évoque la suie de la pluie de cendres. Le blanc, le noir et les multiples nuances du gris. D’autres encore montrent un souci du détail des lieux ou des objets comme la représentation minutieuse, presque vue à la loupe, des wagons à bestiaux ou de marchandises dans lesquels on transportait les prisonniers.

L’ensemble de tous ces éléments épars compose un manifeste de la douleur et du désordre que provoquent les humains. Les Désastres de la guerre du xxième siècle, en somme.

à cent mètres du centre du monde / Centre d’Art Contemporain 3, avenue de Grande-Bretagne 66000 Perpignan

Du mardi au vendredi de 14h à 18h – samedi de 10h à 18h. Tél : 04 68 34 14 35 

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