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La colombe de la paix Pablo Picasso

Nathalie Deshairs & Etienne Gros – En corps et encore

Du 30 juin au 17 septembre 2023 – Vernissage vendredi 30 juin à partir de 19h

Nathalie Deshairs – Etienne Gros

En matière de corps, l’histoire s’est embaumée d’une infinité de représentations. Le corps a même été asséché. Le voile qui l’entoure a souvent été celui de la fable et de l’interdit.

Devenant support, idole, icône et objet de l’œuvre même, c’est avec une certaine nostalgie que l’on peut se souvenir du sens des premières anthropométries d’Yves Klein réalisées dès la fin des années cinquante où des modèles féminins entièrement nues déposaient leurs empreintes d’IKB sur la surface vierge de la toile. Il ne s’agissait pas de « montrer le corps » mais par quel lieu la vie advient. Cette résonance a-t-elle aujourd’hui la même connotation sacrée ? Rien de moins certain devant le déferlement des suspicions qui lui sont faites.

Mais, osons rêver encore à des « anthropométries » colorées telles que nous les révèlent par un autre procédé, Etienne Gros suggérant du pinceau ou de la pointe du chalumeau toute l’acuité de la chaire et du muscle qui, loin de nous vendre une nudité falote, souligne l’essence même des choses : La présence latente du corps. Ce qui demeure sur la surface de la toile souligne l’épanchement qui l’accompagne : son ossature et son énergie vitale, sa réalité et son rayonnement.

Suggérer La naissance, la respiration, la procréation, apparaitre nue, ou telle une fleur, dans toute la pureté originelle, à l’aube des choses est une croyance aujourd’hui déguisée.

Cette part d’introspection picturale est rejouée d’une manière plus discrète, par Nathalie Deshairs dans la genèse du souffle et du mouvement, nous rappelant encore au fondement d’une démarche éprouvée, celle de la danse, du corps se mouvant dans l’espace. Un mouvement soyeux, enrobé, évanescent où la chaire épouse le textile délicat esquissant une multitude de ramifications aux allures végétales.

Autour du corps pictural, se répand une vie, se dessine des expériences, voire des expérimentations qu’ Etienne Gros entretient par des procédés déconcertants et puissants en dessinant des silhouettes de fumées, en façonnant des corps de mousse et en sculptant dans des couleurs caravagesques des tronçons de membres soulignés par de grandes échelles. Chez Nathalie Deshairs, le frottement, l’effacement renvoie à une autre apparition ou à une autre disparition.

Etienne Gros et Nathalie Deshairs s’accordent finalement bien, faisant du corps des croissances échappant aux stéréotypes. Non, le corps peut tout aussi bien être autre chose, une enveloppe, un « décor » pour la part d’ « autour » et donc de vie qu’il suggère. 

Tout nous renvoie aux mille postures revisitées, de celles des maniéristes italiens qui abusaient des formes, l’amenant jusqu’à l’outrance, à celle du vieillissement mesuré d’Opalka ou de Penone ne faisant qu’un avec l’arbre qu’il creuse jusqu’à retrouver l’empreinte de son doigt en son cœur.
Alain-Jacques Lévrier-Mussat, historien de l’art, commissaire de l’exposition

Nayart – la Minoterie 22 Chemin de la Minoterie · 64800 NAY · Tél. : 05 59 13 91 42

Ouvert du jeudi au dimanche de 15h à 19h. 

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