« Nous sommes le premier lundi du mois, je vais lui rendre visite, lui qui est en quelque sorte devenu un ami. Il est cinq heures du matin quand je me réveille. J’avais préparé mon sac la veille, mais je vérifie quand même que j’ai tout mon matériel. Je bois un verre d’eau, il est 5h20, je sors de chez moi. Je prends d’abord le métro, puis un train, un deuxième, un troisième, puis un bus…

Je dois encore marcher une bonne demi-heure avant d’arriver à destination. Me voilà sur un parking, face à des marches taillées dans la montagne. Il est neuf heures, j’aperçois enfin la passerelle d’où je prends ma photographie.

J’installe mon trépied, y pose ma chambre photographique, je plonge sous le voile et commence à faire la mise au point.
 Me voici à nouveau prêt à tirer le portrait du Mont Fuji.
 Ce rituel photographique. Je l’exécute au rythme d’un vieux calendrier japonais de 24 saisons de deux semaines chacune. Une image par saison. Qu’importe le temps. Chaque jour est un bon jour (Hibi Kore Koujitsu 日 々 是 好 日) nous dit le moine zen Yunmen Wenyan.“

Ymy Nigris

Après avoir passé des années en Australie, à Berlin et à Tokyo, le travail artistique d’Ymy Nigris est à l’image de sa vie, une recherche perpétuelle d’expérimentations.

C’est en étudiant les arts japonais comme la cérémonie du thé, la calligraphie, la peinture à l’encre et aujourd’hui la laque, qu’il trouva la base de son travail d’aujourd’hui, le zen.

Ses images, loins de chercher une perfection, s’affirment dans “l’ici et le maintenant”, laissant place à l’erreur et l’accident. Dans la continuité du process art, il cherche une image imparfaite, ritualisée, performative et imprégnée par le wabi-sabi.

Son œuvre photographique se caractérise par la simplicité et la rigueur, tant sur le plan conceptuel que formel

Richard Petit | curateur