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La colombe de la paix Pablo Picasso

Violaine Laveaux – Métamorphoses, dialogue avec Paul Dardé

Du 28 avril au 27 août 2023

A l’occasion des 60 ans de la mort de Paul Dardé, le Musée de Lodève a donné carte blanche à Violaine Laveaux pour dialoguer avec l’œuvre du sculpteur.

Fascinée par la figure de la gorgone Méduse, la plasticienne a rassemblé un répertoire de formes, de plantes, d’animaux, inspirés par l’œuvre de Dardé et par la vie de Méduse. L’exposition propose ainsi une déambulation sensible et ludique entre des installations végétales et minérales (grès et porcelaine), tel un cabinet de curiosités nourri d’un imaginaire botanique et mythologique. 

« Je travaille presque en minuscule par rapport au travail majuscule de Dardé. »
Violaine Laveaux

Violaine Laveaux

Pour dialoguer avec l’oeuvre de Paul Dardé Violaine Laveaux a choisi la figure de la gorgone Méduse : celle sculptée par Paul Dardé et aujourd’hui conservée au musée d’Orsay, et celle que les botanistes appellent « Gorgonion », plante déjà évoquée par Pline et décrite comme remède aux écrouelles, aux morsures de serpents et aux ruses des démons…. Mythologie et botanique se trouvant ainsi intimement liés, la présence du végétal, du minéral et du monde animal s’est imposée à l’artiste.

En tant que plasticienne, Violaine Laveaux travaille essentiellement sous forme d’installations. Elle aime déjouer les contraintes du lieu, privilégier le regard. Sculptures végétales et minérales (grès et porcelaine), dessins, photographies de Violaine Laveaux feront écho à un choix de sculptures et de dessins de Paul Dardé.

Dessins de Paul Dardé

60 ans après sa mort, Paul Dardé laisse une oeuvre monumentale, tant par la dimension de certains de ses oeuvres et son utilisation de l’espace, que par les traits hiératiques de ses portraits.


Riche de près de 600 sculptures et 3700 dessins, la collection Paul Dardé fait du Musée de Lodève l’institution de référence pour la production de cet artiste.

En parallèle à la carte blanche donnée à Violaine Laveaux, hommage est rendu ici au génie de dessinateur et d’illustrateur de Paul Dardé.

Fortement inspiré par ses lectures de jeunesse à la bibliothèque de Lodève, Dardé trouve dans Shakespeare et notamment dans la pièce Macbeth, la charge tragique et héroïque à même d’inspirer son trait sûr et puissant. Probablement destinés à l’origine à une édition, les plus de 500 dessins aujourd’hui conservés par le musée sur ce thème – collection récemment enrichie grâce à un don très important de Michel Caubel – ont été réalisés par l’artiste autour de 1931. Ce dernier illustre scrupuleusement le texte, acte par acte, scène par scène, et en intègre des extraits dans ses oeuvres.

Réalisés à l’encre de Chine, au lavis, parfois rehaussés à la gouache, les dessins présentés ont bénéficié, entre 2014 et 2019, d’une importantecampagne de restauration.

Lady Macbeth, femme métamorphosée par sa quête du pouvoir, y occupe une place de choix. Les sorcières de Macbeth donnent également lieu à des dessins savoureux, tour à tour espiègles, grinçants ou noirs.

Violaine Laveaux vit et travaille à Carcassonne. Yann Le Chevalier l’a rencontrée dans son atelier.Extrait du catalogue de l’exposition.

L’art de Violaine Laveaux se nourrit sans cesse de plongées vers l’enfance, moment de toutes les  découvertes et de toutes les audaces. Fille de marin, elle a passé des mois et des années dans l’attente de son père dont elle imaginait les périples autour du monde.

Une figure de l’Ulysse, perpétuel absent et qui à chaque apparition rapportait des graines, des plantes, des objets d’un autre continent. Et elle, petite Pénélope, vivait dans le jardin,

sur les grèves, fabriquant avec des brindilles, des cailloux, des coquillages ou de petits squelettes d’animaux, des cosmogonies à son échelle…

Consciente de cette expérience, l’artiste aujourd’hui comprend l’enfance – et pas seulement la sienne comme le terreau fertile qui nourrit l’imagination : « C’est ce qui nous construit, explique-t-elle ; je travaille avec car c’est impossible de faire autrement ».

Ainsi, de tout temps, Violaine Laveaux crée, dessine, assemble, à tel point qu’elle sait très tôt que son chemin de vie, c’est le dessin et l’art. Étudiante aux beaux-arts, elle se passionne pour l’art antique, dessine ou modèle des visages, des parties d’anatomie, autant d’éléments qui permettent de donner corps aux histoires fantastiques des contes et légendes. Mais jamais ne la quitte non plus son attrait pour le végétal : « Je me souviens d’une promenade en forêt durant laquelle je suis tombée en arrêt devant la perfection du dessin d’une feuille de chêne ».

Il y a donc le dessin, dont Violaine Laveaux perçoit la perfection dans les entrelacs des branches qui « tracent un espace dans le vide », et le modelage avec l’argile et la porcelaine qui, à l’inverse, produit « du plein, de la forme, du volume ». Quant à la couleur,

il y a prioritairement les blancs : les blancs qui sont les espaces vides entre les traits, et les blancs qui recouvrent les modelages, teintés, irisés, rouillés, mats ou brillants, assombris parfois jusqu’au noir.

Violaine Laveaux aime faire par ellemême, se coltiner avec les questions techniques et les résoudre : autant que la conception mentale, l’intelligence des mains, ce savoir-faire inné qui se retrouve chez tous les artisans, participe de l’invention de l’oeuvre.

Cette cohérence de création se nourrit des expériences de vie de l’artiste.

Ainsi, lors d’un travail qu’elle a mené sur les constellations, sont apparues des figures animales ambivalentes, celles qui sont divinisées dans une culture et diabolisées dans une autre : le corbeau, l’ours, le loup, le lièvre. Une fois créées et matérialisées, elles entrent dans le vocabulaire de l’artiste et se retrouvent sous forme de dessins, de sculptures, isolées ou jointes à d’autres, mais intégrées dans ce monde où tout est en liaison.

La conception d’une exposition procède de la même réflexion : les oeuvres sont installées pour être reliées entre elles et former un territoire dont le sens est révélé — ou construit – par la déambulation du spectateur.

Musée de Lodève Square Georges Auric 34700 Lodève. Tél : 04 67 88 86 10

Horaires :  10h – 18h Fermé le lundi

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